Athéna

Naissance d'Athéna de la tête de Zeus.
Naissance d'Athéna de la tête de Zeus.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

L'une des douze grandes divinités de l'Olympe grec.

Non seulement je chante, posé sur la cime des arbres, aux doux rayons du soleil qui m'échauffent, et me nourrissant des gouttes de la rosée féconde, musicien improvisé, et sans frais réjouissant le voyageur qui passe ; mais tu peux me voir aussi sur la lance d'Athéna armée, car la cigale n'est pas moins chère à Athéna qu'aux Muses, car c'est de nous qu'elle s'est inspirée en inventant la flûte.

Fille de Zeus et de Métis (la plus sage des déesses), elle naît dans des circonstances assez particulières. Parce que Gaia et Ouranos ont prédit à Zeus que le fils qui lui naîtra de Métis surpassera son père en ruse et en puissance et qu'il pourra bien le détrôner, le dieu des dieux avale sa première femme alors enceinte. Mais un jour, comme il se trouve près du fleuve Triton, en Béotie, Zeus ressent des douleurs dans la tête, si aiguës qu'il fait appel à Héphaïstos et lui ordonne de lui fendre le crâne d'un coup de hache. Dès que c'est fait, Athéna jaillit de la blessure, armée, casquée, en poussant un formidable cri de guerre qui retentit dans tout l'Olympe ; les dieux en sont saisis de crainte ; la mer se gonfle de vagues mugissantes et le Soleil arrête ses chevaux de feux, à la plus grande joie de Zeus.

Le dieu-fleuve Triton éduque ensemble Athéna et sa propre fille Pallas. Les deux jeunes filles deviennent bientôt des amies inséparables. Un jour qu'elles s'entraînent en combat singulier, et alors que Pallas s'apprête à frapper Athéna, Zeus interpose sa terrible égide en peau de chèvre entre les deux adversaires. Terrorisée, Pallas ne peut en détourner son regard et, dans le même temps, reçoit le coup involontairement mortel d'Athéna. Désespérée, Athéna fait ériger une statue à l'effigie de son amie : le Palladion.

Voir aussi : Pallas (Variante 1), Palladion

Guerrière mais travailleuse

Athéna est une déesse guerrière. Qui l'invoque protège sa cité, et le couple Athéna-Arès détruit l'ennemi. Pendant la guerre que mène son père contre les Géants, Athéna tue le Géant Pallas et ensevelit Encelade sous la Sicile. Elle participe à la guerre de Troie aux côtés des Grecs et de nombreux héros (Ulysse, Achille, Jason, Diomède) bénéficient de sa protection. L'égide en main, elle anime les Achéens qui veulent cesser le combat et revenir chez eux, et la bataille apparaît aussitôt à tous très douce.

La tradition veut qu'Athéna ait protégé tout spécialement l'Attique et Athènes en particulier, ville à laquelle la déesse a donné son nom. Sous le règne de Cécrops, Athéna et Poséidon se disputent la souveraineté de l'Attique. Afin de mettre un terme une bonne fois pour toutes à leurs querelles, les dieux arrêtent qu'Athènes reviendra à la divinité qui saura offrir ce qu'il y a de meilleur pour la cité, et que le jugement incombe au peuple. Poséidon frappe le sol de son trident et fait jaillir un cheval, peut-être un lac salé, peut-être les deux ; Athéna fait surgir sur l'Acropole un olivier, sous le regard admirant des immortels. Et qui tente d'arracher cet olivier encourt la mort.

Les femmes votent pour Athéna, les hommes pour Poséidon. Nommé arbitre, Cécrops (mais peut-être l'ensemble des grands dieux, ou Érysichthon,) déclare Athéna vainqueur ; la déesse « aux yeux pers » devient donc la protectrice de la ville. Le Parthénon est érigé en son honneur sur l'acropole d'Athènes ; c'est au Parthénon qu'est transféré, en 454 av. J.-C., le trésor de la Ligue des fédérés de Délos après la victoire sur les Perses ; et le triomphe d'Athéna est ainsi définitivement consacré.

Elle hérite de sa mère une grande sagesse et, à ce titre, devient une conseillère très écoutée des dieux ; n'a-t-elle pas le privilège, entre toutes les déesses, de s'asseoir à côté de Zeus ? Cette sagesse se marie harmonieusement avec sa puissance et son courage ; c'est pourquoi Athéna protège l'État, veille à la juste application des lois, assurant en outre la prospérité du pays. Elle montre aux hommes comment atteler les bœufs à la charrue, leur enseigne l'art de la navigation et celui de la poterie. Les femmes lui doivent le tissage et la broderie. Protectrice des artisans, elle est Ergané, l'« Industrieuse ». Elle apporte santé à chacun et tranquillité dans chaque foyer. Si Athéna aime la guerre, elle ne néglige pas pour autant les nobles travaux : ainsi enseigne-t-elle aux hommes à fabriquer de beaux chars, aux femmes de beaux ouvrages domestiques.

Athéna demeure vierge et reste insensible aux passions amoureuses. Elle n'hésite d'ailleurs pas à priver de la vue l'adolescent Tirésias qui l'a surprise en train de se baigner et ce, malgré la grande amitié qui la lie à Chariclô, la mère du jeune infortuné ; on raconte également qu'elle a épousé Héphaïstos, mais qu'au moment suprême elle disparaît. La semence d'Héphaïstos tombe sur la Terre et Gaia donne naissance à Érichthonios – enfant sur lequel Athéna veille par la suite. Notons encore que parmi les divinités, elle est la seule à savoir où se trouve la foudre de Zeus.

Voir aussi : Pallas (Variante 2), Tirésias, Érichthonios

Culte et attributs

Le culte d'Athéna connaît une très large diffusion, notamment parce qu'elle est la protectrice de l'Attique et qu'elle a donné son nom à Athènes. Régulièrement, les Athéniens célèbrent de grandes fêtes en son honneur. Hors de Grèce, son culte se répand en Asie Mineure et dans toute l'Italie, Sicile comprise. Par sa subtile intelligence, par sa sagesse, par sa force et sa volonté, par sa beauté, Athéna est le symbole divin de la civilisation hellénique. Chez les Libyens, Athéna est fille de Poséidon et de la nymphe Tritonis, d'où, dit-on, les yeux bleu clair de la déesse.

Voir aussi : Tritogénie

Athéna est le plus souvent représentée casquée, armée d'une lance d'or et d'un bouclier (égide) au centre duquel figure la tète de Méduse, offerte par Persée. Ses principaux attributs sont l'olivier, la chouette, le bouclier ou égide, la lance.

Les Romains la vénèrent sous le nom de Minerve.

Voir aussi : Minerve, Égide

Variantes : La naissance d'Athéna

I. Prométhée (et non Héphaïstos) est l'accoucheur de Zeus.

II. La déesse naît sur les bords de la rivière Triton, dans le territoire d'Alalcoménai, d'où son épiclèse d'Alalcomène, en tant que protectrice de la Béotie. D'où la légende qu'Alalcomène est le premier à naître, près du lac Copaïs. Il est à la fois le conseiller de Zeus, notamment pour conquérir Héra, et le compagnon de la jeune Athéna. Mais on dit aussi qu'elle est sortie de la tête de son père sur les bords du lac Triton, en Libye, où trois nymphes locales la recueillent.

III. Née de Poséidon et d'une nymphe du lac Tritonis, Athéna, ayant eu quelques démêlés avec son père, demande à Zeus de devenir sa fille.

Voir aussi : Asclépios

À Athéna

Je chante en premier lieu Pallas Athéna, la glorieuse déesse aux yeux pers, à la grande intelligence, au cœur indomptable, vierge pure, vaillante souveraine de l'acropole, Tritogénie ; le prudent Zeus l'engendra seul, de sa tête vénérable, déjà revêtue des armes de la guerre, étincelantes d'or. À sa vue, tous les Immortels furent saisis d'étonnement : elle jaillit fougueusement de la tête immortelle, en brandissant un javelot aigu devant Zeus qui porte l'égide. Le vaste Olympe vibra sourdement sous le poids de la déesse aux yeux pers, la terre gémit d'un cri terrible, la mer fut bouleversée et enfla ses flots écumeux. Puis, soudain, les ondes s'immobilisèrent ; le fils radieux d'Hypérion arrêta longtemps ses rapides coursiers, jusqu'à ce que la vierge Pallas Athéna eut ôté de ses épaules immortelles les armes divines : alors le prudent Zeus se réjouit

Ainsi, je te salue, fille de Zeus qui portes l'égide : et moi je te chanterai aussi dans un autre chant.

Hymnes homériques

Naissance d'Athéna de la tête de Zeus.
Naissance d'Athéna de la tête de Zeus.