Ancile

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Bouclier sacré.

La huitième année du règne de Numa, une peste, après avoir ravagé l'Italie, s'abat sur Rome. Les habitants sombrent dans la consternation, quand tout à coup tombe du ciel, entre les mains de Numa, un bouclier d'airain. Le roi s'empresse alors de débiter sur un tel prodige des choses merveilleuses, qu'il affirme avoir apprises de la nymphe Égérie et des Muses : elles lui ont révélé que ce bouclier est envoyé du ciel pour le salut et la grandeur de la ville ; il faut le garder avec soin, et en faire onze autres parfaitement semblables par la forme et la dimension, afin que les éventuels voleurs ne puissent reconnaître le véritable. Il ajoute que le lieu où il est tombé, avec les prairies qui l'environnent, doit être dédié aux Muses, et que la source qui arrose cette campagne sera consacrée aux vestales chargées d'y puiser quotidiennement de l'eau pour arroser et purifier leur temple. La cessation subite de la maladie fait ajouter foi à ses discours. Numa convoque sur-le-champ les plus habiles artisans et leur propose de fabriquer des boucliers entièrement semblables à celui qu'il leur montre. Ils désespèrent tous d'y réussir, excepté Mamurius Veturius, un des ouvriers les plus habiles, qui imite si bien la forme et le contour du bouclier sur onze de ses copies que Numa lui-même ne peut les distinguer de l'original. Numa établit ensuite, pour les garder et pour en avoir soin, les prêtres saliens, dont le nom vient des sauts qu'ils exécutent en dansant, lorsque, au mois de mars, ils portent en procession ces boucliers sacrés dans les rues de Rome et que, vêtus d'une tunique de pourpre, la tête couverte d'un casque d'airain, ceints de larges baudriers du même métal, ils frappent sur leurs boucliers avec de courtes épées. Leur danse (tripudium) consiste surtout dans les mouvements et les pas qu'ils exécutent avec beaucoup de grâce, dans les tours et les retours rapides et cadencés qu'ils accomplissent avec autant de force que d'agilité.

Ces boucliers sont appelés ancilia, à cause de leur forme. Ce n'est ni un rond parfait, ni un demi-rond, comme les boucliers ordinaires ; ils forment un contour tortueux, dont les extrémités recourbées, se rejoignant par le haut dans leur épaisseur, forment une de ces figures chantournées que les Grecs appellent ancylon. Mamurius, en récompense de son habileté, est nommé dans le cantique (carmen) que les saliens chantent pendant leur danse armée. (Selon d'autres, Mamurius Veturius n'est pas le nom d'un ouvrier, mais ces deux mots signifient « Ancienne Mémoire ».)

Voir aussi : Numa Pompilius, Égérie, Saliens, Mamurius Veturius