Absyrtos

(Variantes : Apsyrtos)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fils d'Astérodéia, ou d'Eurylyté ou de Néaira, nymphe du Caucase, et d'Éétès, roi de Colchide, et donc frère de Médée.

Celle-ci l'emmène dans sa fuite hors de la Colchide en compagnie de Jason et des Argonautes qui viennent d'y voler la Toison d'or. Comme son père s'est mis à leur poursuite, elle décapite Absyrtos et le découpe en menus morceaux qu'elle éparpille ensuite le long du chemin. Éétès s'arrête pour recueillir les membres de son enfant. Ainsi, Jason et Médée peuvent poursuivre leur route sans être inquiétés. Absyrtos est également appelé Phaéton et Égialé.

Variantes

I. Dans le chant IV des Argonautiques d'Apollonios de Rhodes, Jason et Médée complotent contre Absyrtos qui s'oppose à leur fuite. Jason frappe sa victime près du temple d'Artémis, tandis que, honteuse, Médée détourne son regard d'un tel spectacle. Après avoir cherché à se purifier du meurtre par les rites appropriés, Jason enterre le cadavre du jeune homme.

II. Dès qu'Éétès apprend que Jason s'est enfui en emmenant Médée, il fait apprêter un navire et commande à son fils Absyrtos de les prendre en chasse avec des hommes en armes. La course-poursuite les mène chez Alcinoos, qui s'interpose afin d'éviter le combat. Alcinoos, roi des Phéaciens, est pris alors pour arbitre entre Argos et la Colchide, mais le jugement remis à quelques jours. (On trouve également le jugement d'Alcinoos chez Apollonios de Rhodes, après que Médée a supplié la reine Arété de lui venir en aide.) Arété interroge son époux : pourquoi paraît-il si soucieux ? Quand Alcinoos lui a expliqué l'affaire, la reine veut savoir quel verdict il rendra : si Médée est vierge, dit-il, elle sera renvoyée à son père ; dans le cas contraire, elle restera avec Jason. Arété, qui éprouve de la sympathie pour les fuyards, fait prévenir Jason : Médée est déflorée sur-le-champ. Tous deux repartent donc sans être inquiétés. Mais Absyrtos, redoutant la colère du roi, s'obstine à les poursuivre. Jason ne peut faire autrement que de le tuer. Médée donne une sépulture à son frère. Quant aux compagnons d'Absyrtos, craignant eux aussi de souveraines représailles, ils renoncent à retourner dans leur patrie : ils s'établissent sur une île nom loin d'Istrie et appellent leur colonie Absoron, en souvenir de leur chef.

Exilée pour la seconde fois, d'Athènes, Médée se rend sur les lieux où son frère est enterré. Elle aide les Absoritains à se débarrasser des serpents qui infestent la région. Les reptiles sont placés dans le tombeau d'Absyrtos d'où ils ne peuvent sortir sous peine de périr.

III. Dans l'œuvre inachevée de Valerius Flaccus, Absyrtos « n'a pas le temps » de mourir. On se heurte ici à un dilemme, d'une part parce que le devin Mopsos a clairement prévenu Jason que, pour un meurtre commis de façon délibérée, aucune expiation n'est possible ; d'autre part, parce que la mort d'Absyrtos est malgré tout une mort annoncée. Faut-il penser alors que seule Médée ait passé à l'acte ? Cette éventualité paraît également improbable dans l'œuvre de Flaccus : « sa » Médée, outre ses pouvoirs de magicienne, n'a ni la cruauté ni le cynisme de la Médée d'Apollonios ou de Sénèque, pour ne citer qu'eux, même si elle est qualifiée (peut-être par anticipation) de « terrible femme », horrenda sub virgine.

Voir aussi : Argonautes, Jason, Médée, Éétès