représentant en mission

Sous la Révolution française, député envoyé dans les départements ou aux armées pour faire respecter les ordres du pouvoir central.

La création des représentants en mission s'inscrit dans un ensemble de mesures visant à structurer la France de 1793. Alors que la situation sur les frontières du Nord était devenue critique – ce qu'allaient bientôt confirmer la défaite de Neerwinden et la trahison de Dumouriez –, la Convention décrète une levée de trois cent mille hommes, le 24 février 1793. Puis, le 8 mars, sur proposition de Danton, les députés décrètent l'envoi immédiat d'un représentant en mission dans les sections de Paris et dans les départements afin de hâter la levée, mais aussi de surveiller les opérations militaires et de contrôler les généraux ; ces représentants en mission seront choisis au sein de la Convention. Quelques jours plus tard, le Tribunal révolutionnaire est institué (10 mars), les Comités de surveillance révolutionnaires sont légalisés (21 mars), et, couronnement de l'édifice, le Comité de salut public est créé le 6 avril.

La Convention crée de nombreux représentants en mission, tels Lazare Carnot, nommé le 12 mars représentant sur le front du Nord, ou, le 17 octobre, Saint-Just et Le Bas, envoyés auprès de l'armée du Rhin « investis des pouvoirs illimités dont les autres représentants du peuple sont investis ». Et en effet, les pouvoirs de ces envoyés de la Convention sont illimités : ils peuvent donner des ordres aux généraux, y compris de faire mouvement ou d'attaquer l'ennemi ; faire traduire devant la Convention ou le Comité de sûreté générale les officiers dont le comportement leur semble ne pas correspondre aux intérêts de la Nation ; requérir les fournitures nécessaires dans les magasins militaires et, plus largement, dans les départements dans lesquels ils opèrent. Ce sont encore eux qui organisent la justice militaire, prennent des décisions en faveur des citoyens et soldats qui ont bien mérité de la patrie, comme de faire labourer leurs terres durant leur service sous les drapeaux ; plus largement, les représentants en mission ont pour tâche d'exciter l'ardeur révolutionnaire. Les missions sont parfois dangereuses : ainsi, Camus, Quinette, Lamarque et Bancal, les quatre représentants envoyés auprès de Dumouriez le 29 mars, sont arrêtés par le général en même temps que le ministre de la Guerre, Beurnonville, et livrés à l'ennemi le 1er avril ; ils resteront deux ans en captivité. D'autres conventionnels auront un comportement tyrannique, tel Carrier à Nantes, nommé représentant en mission le 20 octobre 1793, ou Collot d'Herbois et Fouché, chargés d'appliquer le décret du 12 octobre 1793 prévoyant la destruction de Lyon.

La particularité de cette forme de représentation de la Nation fut d'être l'instrument qui soumettait étroitement l'armée comme les départements de province au pouvoir exécutif centralisé à Paris : le véritable commandement militaire des armées en 1793-1794, de même que la direction politique des départements, résidait en effet dans la « volonté générale et la loi », exprimées par les représentants en mission désignés par la Convention.