liant

Constituant non volatil, filmogène, des vernis, peintures et préparations assimilées. [Synonyme : médium.]

Jusqu'aux découvertes du xxe s., comme les couleurs acryliques, la couche colorée d'une œuvre picturale est constituée de pigments qui, après avoir été broyés, sont mélangés à des liants. Ceux-ci sont de quatre sortes : la cire, le liant aqueux, l'œuf et l'huile.

La cire

Elle connaît, aussi bien pour la peinture sur bois que pour celle sur toile, un regain de faveur au xviiie s., en Angleterre. Mélangée à de la résine et à de l'huile, elle autorise les superpositions de couches de peinture au pinceau ou à la spatule. Sa matière mince et transparente permet à George Stubbs ou à sir Joshua Reynolds d'en tirer des effets élaborés.

Le liant aqueux

Le liant aqueux, à base de colle, de caséine ou de gomme arabique, sert principalement dans la peinture à la détrempe. Vuillard et Redon en apprécieront l'aspect mat et épais.

Le liant à l'œuf

Le blanc d'œuf, le jaune ou l'œuf entier sont les liants par excellence de la peinture a tempera. Mais ils sèchent vite et ne permettent donc aucun repentir du peintre.

Dès le xive s., l'huile est utilisée en Italie pour les glacis verts et rouges. On considère que c'est Van Eyck qui, au xve s., à titre expérimental, employa le premier l'huile comme liant.

L'utilisation des liants

Après un emploi mixte où l'huile et l'œuf mélangés donnent un liant épais, fluide et nappant permettant un beau fondu des touches, des expériences multiples sont menées pour maîtriser le délicat mélange de l'huile et du pigment. Jusqu'au xvie s., les matières obtenues sont grumeleuses, et l'on hésite entre les liants à l'œuf et les liants à l'huile, qui posent des problèmes de séchage. À partir du xviie s., on utilise couramment l'huile de lin, légèrement jaune et très siccative, l'huile de noix, plus claire et moins siccative, et enfin l'huile d'illette (un pavot), encore plus claire et moins siccative que les deux précédentes.

Dans un même tableau, les couleurs sombres peuvent être liées au lin, et les claires à la noix. Quant à l'illette, qui sèche lentement, elle donne une texture crémeuse et des empâtements fluides.

Pour améliorer la siccativité d'une huile, des procédés divers ont été élaborés, avec pour chacun des inconvénients. Le chauffage de l'huile peut avoir pour conséquence, lorsque la chaleur est excessive, des plissements de la couche colorée qui se transforment avec le temps en « craquements en peau de lait ». L'ajout de plomb, dont le xixe s. abuse, peut provoquer, là encore, des craquelures, le pigment et le liant ne séchant pas au même rythme, entraînant des glissements de la matière picturale et la formation d'amas.

Des difficultés de séchage entre deux couches de peinture posées « gras sur gras » causent de la même façon des glissements, puis des craquelures.