Brésil : activités économiques

Brésil
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  • GÉNÉRALITÉS
  • PNB (2021) : 1 566 milliards de dollars
  • PNB/hab. (2021) : 7 740 dollars
  • PNB/hab. PPA (2021) : 15 600 dollars internationaux
  • IDH (2021) : 0,754
  • Taux de croissance annuelle du PIB (2021) : 4,6 %
  • Taux annuel d'inflation (2021) : 8,3 %
  • Structure de la population active (2020) :
    ● agriculture : 9,1 %
    ● mines et industries : 19,6 %
    ● services : 71,3 %
  • Structure du PIB (2021) :
    ● agriculture : 6,9 %
    ● mines et industries : 18,9 %
    ● services : 74,2 %
  • Taux de chômage (2021) : 14,4 %
  • Tourisme
  • Recettes touristiques (2020) : 3 099 millions de dollars
  • Commerce extérieur
  • Exportations de biens (2021) : 284 012 millions de dollars
  • Importations de biens (2021) : 247 648 millions de dollars
  • Défense
  • Forces armées (2019) : 762 000 individus
  • Dépenses militaires (2021) : 1,2 % du PIB
  • Niveau de vie
  • Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2021) : 48
  • Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 79,8 %
  • Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 4,3 %
  • Dépenses publiques d'éducation : n.d.

Puissance économique émergente majeure, le Brésil, après vingt ans de croissance ininterrompue, traverse une grave crise. La contestation sociale et politique a ainsi pris, à partir de 2013 – 2014, une ampleur inédite depuis 2003 (arrivée au pouvoir de la gauche). L'économie, qui avait atteint un taux de croissance de 7,6 % en 2010, est en ralentissement depuis: avec la chute de l'investissement, le pays est entré en récession en 2015–2016, avant une faible reprise. . ,Tandis que l'agriculture est dominée par les grandes cultures exportatrices — soja, maïs (OGM notamment), café (1er producteur mondial), canne à sucre (1er producteur mondial), oranges (jus) — ainsi que par la production de biocarburants, l'industrie (textile, aéronautique, pharmacie, automobile, sidérurgie, chimie) est aussi en expansion (émergence de multinationales). Les produits miniers (minerai de fer, nickel, bauxite, tantale, cuivre, aluminium, manganèse) et les combustibles (pétrole et gaz avec l'entreprise Petrobras) représentent environ 25 % des exportations, reparties à la hausse depuis 2016. Si une classe moyenne s'est fortement développée ces dernières années et si la pauvreté a diminué (programme « Bolsa Familia »), le pays reste cependant caractérisé par de fortes inégalités de revenus. Il est marqué par d'autres handicaps structurels, parmi lesquels la faiblesse de ses infrastructures, un système fiscal très contraignant, une administration sclérosée, avec des dépenses publiques élevées mais peu efficientes, et une corruption chronique qui est en partie à l'origine de l'élection à la présidence du candidat d'extrême droite, Jair Bolsonaro, en octobre 2018. Une politique axée sur la déréglementation (au profit de l'industrie agroalimentaire, à l'origine d'une augmentation de la déforestation en Amazonie) et les restrictions budgétaires (réforme des retraites) est alors lancée. Après la récession de 2020 due au Covid-19, la reprise est estimée à 2,8 % en 2022 tandis que "Lula" est élu de justesse (pour la troisième fois) à la tête de l'État.

1. Une grande puissance économique

L'économie brésilienne est en pleine mutation. Le contrôle de l'inflation s'est accompagné d'une redéfinition du rôle de l'État qui, après une longue tradition dirigiste, n'intervient plus que dans la gestion des facteurs macro-économiques. Cette évolution, marquée à partir de 1995 par l'abolition des grands monopoles d'État (pétrole, gaz, télécommunications) et par de multiples privatisations, rompt avec la politique de ces dernières décennies, qui avait permis le décollage économique du pays entre 1960 et 1980.

Grande puissance agricole et industrielle, le Brésil demeure le « pays des paradoxes ». Si la maîtrise de l'hyperinflation, qui a longtemps rongé le pays, a entraîné une augmentation du pouvoir d'achat des couches sociales les plus défavorisées, le pays reste confronté à de graves problèmes tels qu'une croissance modeste, un chômage élevé, de profondes inégalités sociales, de fortes disparités régionales ou encore le risque d'effondrement de certains secteurs industriels. Pourtant, le Brésil constitue à la fois la plus grande puissance et le plus important marché de l'Amérique latine, et son potentiel de développement reste considérable. Un changement politique important est intervenu en 2003 avec l'accession à la tête de l'État du président Luiz Inácio Lula da Silva, leader historique de la gauche brésilienne, qui a tenté de concilier une orientation sociale plus marquée et la conservation des engagements internationaux du Brésil.

Les structures foncières (avec le maintien de grandes propriétés sous-exploitées et une masse de paysans sans terre), les inégalités régionales (contraste entre les régions « développées » du Sudeste autour de São Paulo et le Nordeste, souvent misérable) sont cause de tensions sociales. Des incertitudes demeurent, enfin, quant aux retombées positives des voies transamazoniennes.

2. Mines et industrie

Le secteur industriel brésilien est de loin le plus important d'Amérique latine. Il se concentre principalement dans l'État de São Paulo. Certaines industries lourdes ont été implantées dans d'autres États : ainsi, la pétrochimie dans le Bahia et le Rio Grande do Sul, l'exploitation minière dans le Pará ou encore la sidérurgie au Minas Gerais. L'ouverture économique, consécutive à la libéralisation des échanges, a un double impact sur l'industrie brésilienne. La baisse exceptionnelle du coût des importations, associée à l'augmentation du pouvoir d'achat et au retour des crédits internationaux, favorise, depuis quelques années, l'essor des industries de biens de consommation durables (automobile, électronique, électroménager…). Toutefois, elle expose les industries traditionnelles, longtemps protégées par les gouvernements successifs, à la concurrence internationale, asiatique notamment. Les industries de biens de consommation non durables (textile, confection, chaussures…) semblent ainsi s'enliser dans la récession.

La production de biens intermédiaires (sidérurgie, pétrochimie…) constitue toujours le secteur industriel le plus important. Le Brésil dispose, en effet, d'importantes ressources minérales. Outre le minerai de fer (environ un tiers des réserves mondiales), il possède le plus grand gisement de bauxite d'Amérique latine, d'origine surtout amazonienne (Carajás, Trombetas). Il extrait principalement du fer (1er rang mondial), du Minas Gerais, mais aussi, de plus en plus, de la région amazonienne de la serra dos Carajás, de l'étain (5e rang mondial), du manganèse (3e rang), de la bauxite (2e rang) et de l'or (13e rang). Le Brésil est aussi le sixième producteur mondial d'aluminium et le dixième producteur mondial d'acier. La sidérurgie brésilienne, très compétitive au niveau international, est bien répartie géographiquement selon les gisements miniers et les besoins du marché intérieur. Disposant d'importantes réserves et d'une technologie très moderne, elle fournit 3,5 % de la production mondiale.

Au niveau énergétique, le potentiel hydroélectrique est partiellement aménagé (la construction du barrage de Belo Monte, en Amazonie, est en cours), l'exploitation pétrolière croît (gisements offshore notamment), et le Brésil développe la production de biocarburants.

3. Agriculture et élevage

L'industrialisation du Brésil s'est accompagnée d'un déclin de l'agriculture. La baisse des coûts d'équipement consécutive à la libéralisation de l'économie a favorisé l'essor de la mécanisation et une utilisation accrue des engrais chimiques et des semences sélectionnées. Ce secteur bénéficie, par ailleurs, d'une forte expansion des industries agroalimentaires, liée au développement du marché interne et du marché mondial.

Le Brésil est une grande puissance agricole, grâce à l'importance de l'agriculture d'exportation. Le café demeure la principale production commerciale (près du quart de la production mondiale). Il occupe le second rang en valeur des exportations, mais ne consiste plus exclusivement en arabica, depuis que les États amazoniens cultivent une nouvelle variété hybride de la rubiacée, dite « arabusta ». Les planteurs de cacao ont cherché à s'adapter aux données de la filière internationale en s'équipant d'usines de traitement et de coopératives. La plantation de canne à sucre a connu un regain d'intérêt depuis que le plan Proálcool a largement financé cette culture et les distilleries d'éthanol – un alcool substitué à l'essence comme carburant dont le Brésil est le deuxième producteur mondial. Le soja est développé pour le marché mondial. Le maïs, le coton, le manioc, le riz (premier producteur non asiatique), et les agrumes sont d'autres cultures notables.

Toutefois, l'essentiel de la surface agricole utilisée au Brésil est encore très largement consacré au bétail : 1,8 million de km2 lui sont réservés, de manière assez extensive, soit plus de trois fois la surface vouée aux cultures. Des progrès décisifs ont été réalisés depuis l'adoption de fourrages et de prairies artificielles, qui permettent le développement de l'élevage bovin sur les terres peu fertiles de l'Amazonie. Le Brésil possède le deuxième cheptel bovin du monde et le troisième cheptel porcin. La balance agricole est fortement excédentaire, le Brésil étant l'un des principaux pays exportateurs de denrées alimentaires (tourteaux et huile de soja, viande bovine, volailles [premier exportateur mondial], café, jus d'orange, sucre). Le Brésil manque cependant de blé, dont il est le premier importateur mondial.

4. Le secteur tertiaire

Les services connaissent, depuis quelques années, une rapide expansion dans le cadre de la nouvelle économie libérale, du fait de la pénétration, par de grandes chaînes internationales, des secteurs de l'hôtellerie, de la restauration rapide, de la grande distribution ou des parcs de loisirs. La croissance du secteur tertiaire compense en partie les pertes d'emplois dans l'industrie. De nombreux services publics ont été privatisés, notamment le secteur des transports et des télécommunications, que le manque chronique d'investissements, surtout en matière d'infrastructures, avait contraints à des coûts élevés et à un état de détérioration avancé.

Le système bancaire a traversé, dernièrement, une période de crise, et de nombreuses banques, qui tiraient l'essentiel de leur profit de l'économie inflationniste, ont connu une situation de banqueroute : plusieurs d'entre elles, dont les deux plus importantes du pays, la banque de l'État de São Paulo (Banespa) et celle de l'État de Rio de Janeiro (Banerje), ont dû être placées sous la tutelle de la Banque centrale.

Le poids du secteur touristique dans l'économie reste mineur, en dépit des nombreux atouts du pays (le nombre de visiteurs atteignait 5 millions en 2011).

5. Commerce extérieur

Pays longtemps endetté, le Brésil est devenu excédentaire en 2008. Ses exportations ont triplé en valeur depuis l'arrivée au pouvoir du président Lula, en 2003, notamment grâce à la forte demande en soja, en viande bœuf et en minerai de fer. Le Brésil est également compétitif pour de nombreux autres produits, tels que la cellulose, le jus d'orange ou les produits métallurgiques. L'Union européenne est le principal partenaire économique du Brésil ; elle participe pour environ un quart des exportations et des importations brésiliennes. Les États-Unis occupent la deuxième place, suivis de l'Argentine avec laquelle les échanges s'intensifient dans le cadre du marché commun du Sud (le Mercosur). La part de la Chine dans les exportations est en forte croissance et atteint 20 % du total.

6. Un espace déséquilibré

6.1. Le Nordeste

Le Nordeste, qui couvre plus de 1,5 million de km2 (18 % du territoire national), fut jadis la première région économique du Brésil. Cet ancien centre de l'économie coloniale, considéré comme la « région à problèmes » du Brésil, ne s'est jamais remis du déclin de la production sucrière. C'est un espace où perdurent la grande propriété foncière et les plus fortes inégalités sociales. Vers l'intérieur des terres, le Sertão subit les effets pervers des sécheresses périodiques. Le Nordeste fut, dans les années 1960, le premier à bénéficier d'une politique volontariste de l'État, à travers la création d'une agence de développement régional, la SUDENE (Surintendance pour le développement du Nordeste). Mais le changement politique intervenu au Brésil peu de temps après a infléchi l'action des pouvoirs publics dans la région ; l'arrivée au pouvoir des militaires en 1964 a empêché la mise en place d'une véritable réforme agraire. Les avantages fiscaux destinés à l'industrialisation ont toutefois été maintenus et ont favorisé l'apparition d'enclaves industrielles, notamment dans les États de Bahia et de Pernambouc, qui dépendent, structurellement, des industries du Sudeste. Sur le plan agricole, la politique d'extension de la production de canne à sucre, prônée par le régime autoritaire en vue de la fabrication de l'alcool-carburant, a renforcé la concentration foncière. D'autres cultures (raisin, melon, tomate) ont progressé dans les périmètres irrigués développés à l'intérieur des terres. Si le visage de la région a changé, les tensions sociales subsistent, voire s'aggravent. L'ancien centre économique s'est modernisé, sans pour autant connaître un réel développement.

6.2. Le Sudeste

Les États du Sudeste (São Paulo, Rio de Janeiro et le sud du Minas Gerais) constituent aujourd'hui le nouveau centre économique du pays. Ils fournissent environ 60 % du produit intérieur brut et concentrent plus de la moitié des établissements industriels ainsi que les deux tiers des emplois. Le décollage économique de cette région est lié à l'essor, à la fin du xixe s., de la culture du café dans l'État de São Paulo, où vont se trouver réunies, après la crise de 1929, les conditions nécessaires à un démarrage industriel (accumulation de capital, réservoir de main-d'œuvre, marché interne embryonnaire). L'État de São Paulo (35,6 % du produit intérieur brut), première région industrielle et tertiaire, demeure encore le cœur agricole du pays. L'agriculture, moderne et active, y est organisée en grandes coopératives régionales. Toutefois, le Sudeste brésilien est hétérogène. Autour de ce centre économique se trouvent des espaces moins développés : l'État d'Espírito Santo, le nord de l'État de Rio de Janeiro et l'est du Minas Gerais. Éloignées des foyers dynamiques et dépourvues de ressources exploitables, ces régions sont restées en marge du décollage économique.

6.3. Le Sud

Deuxième région économique du pays, le Sud est peuplé essentiellement de descendants d'immigrants européens (Allemands, Italiens, Polonais). Jouissant d'un climat subtropical, il apparaît comme « le Brésil le moins brésilien ». À la différence d'autres régions, il est resté à l'écart des différents cycles économiques fondés sur les grandes plantations et une main-d'œuvre servile. Les grandes étendues de savanes permettent un élevage extensif et une agriculture diversifiée (céréales, vignobles, soja…). Son important secteur industriel, son niveau de vie élevé, son agriculture mécanisée et organisée en complexes agro-industriels le rattachent aujourd'hui nettement au Sudeste. Son dynamisme économique se répercute aussi dans la conquête de l'Amazonie et de l'Ouest, où s'installent nombre de pionniers originaires du Sud.

6.4. Le Centre-Ouest

Malgré la construction de Brasília, décidée dans le cadre d'une « marche vers l'Ouest » durant les années 1950, la région du Centre-Ouest reste mal consolidée et sous le contrôle direct du Sudeste, dans la mesure où les deux grandes mégapoles, Rio de Janeiro et São Paulo, partagent avec Brasília le pouvoir commercial, financier, politique et administratif. Ainsi, plus que la capitale elle-même, c'est le réseau routier reliant Brasília aux grandes villes du Sudeste et à l'Amazonie qui, indirectement, a favorisé le désenclavement et l'unification du pays.

6.5. L'Amazonie

L'Amazonie est, pour sa part, partiellement conquise. La première vague d'occupation date du début du xxe s. C'est à ce moment que se développe l'exploitation du caoutchouc le long du réseau hydrographique, unique moyen d'accès et principal axe de peuplement. Il faudra néanmoins attendre l'arrivée du régime militaire pour que s'affirme la volonté d'intégration de l'Amazonie au pays. En 1970, le gouvernement lance le P.I.N. (Plan d'intégration nationale) dont le fleuron est la construction de la route transamazonienne. Un programme de colonisation publique, géré par l'I.N.C.R.A. (Institut national de colonisation et de réforme agraire), supervise ce projet. Des lots d'environ 100 ha sont distribués aux paysans sans terres, la plupart originaires du Nordeste. Pourtant, faute d'une infrastructure assurant la commercialisation des récoltes, la colonisation publique tourne à l'échec. Quant à la colonisation privée, davantage encadrée et bénéficiant d'incitations fiscales, elle connaît un sort différent. De grands domaines d'élevage extensif se développent dans le sud de la région amazonienne, hors de la forêt dense. La découverte d'immenses gisements de fer, de manganèse, de nickel et d'or entraîne un troisième front pionnier dans la partie orientale. Lancé en 1980 sous l'autorité du gouvernement fédéral, le Projet Grand Carajas regroupe des firmes nationales et internationales d'exploitation industrielle des minerais. Enfin, à l'ouest s'étend une troisième Amazonie, celle des grands espaces vides.

L'intégration de l'Amazonie a cependant un coût, écologique d'abord (déforestation, destruction d'espèces animales et végétales…) mais surtout humain. Outre la grave question indienne, l'iniquité du système social qui s'y met en place est plus pesante encore : la grande propriété y prédomine, les travailleurs agricoles subissent des conditions proches de l'esclavage et les ressources minières sont accaparées par les grandes sociétés.

7. Les sites du Brésil classés à l'Unesco

19 sites du Brésil sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :

Brasília;
– Diamantina (centre historique) ;
– Goiás (centre historique) ;

Olinda (centre historique) ;
Ouro Preto (ville historique) ;

Rio de Janeiro, paysages cariocas entre la montagne et la mer ;
Salvador de Bahia (centre historique) ;
São Luís (centre historique) ;
– São Cristóvão : place São Francisco ;
– Sao Miguel das Missoes (mission jésuite des Guaranis) ;
Congonhas : sanctuaire du Bon Jésus ;
– Amazonie centrale (complexe de conservation) ;
– Iguaçu (parc national) ;
Pantanal (aire de conservation) ;
– Serra da Capivara (parc national) ;
– Côte de la découverte – réserves de la forêt atlantique ;
– Forêt atlantique – réserves du sud-est ;
– Cerrado (aires protégées) : parcs nationaux Chapada dos Veadeiros et Emas ;
– îles atlantiques brésiliennes : réserves de Fernando de Noronha et de l'atoll das Rocas.

Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique du Brésil et population du Brésil.