Journal de l'année Édition 2001 2001Éd. 2001

Cette loi du silence n'a pas empêché le cabinet d'études californien Computer Economics de clamer à l'envi que la propagation du virus ILOVEYOU avait coûté la bagatelle de 6 milliards de dollars. Un chiffre alarmiste qui ne doit rien au hasard : Computer Economics est « proche » des éditeurs de logiciels antivirus Symantec et Network Associates, dont les cours ne cessent de flamber en Bourse. Ces deux sociétés américaines contrôlent 70 % du marché de la sécurité informatique, qui pèse 9 milliards de dollars et pourrait tripler en valeur d'ici 2003. Elles ont donc tout intérêt à entretenir la psychose...

En matière de lutte contre les virus informatiques, le recours à ces sociétés spécialisées qui n'offrent aucune protection « plus efficace qu'une vaccination contre la grippe de l'année précédente », comme le remarquait le quotidien le Monde, constitue pourtant la seule parade. À moins que, dans l'attente d'une hypothétique régulation d'Internet et de réponses judiciaires adaptées à la délinquance informatique qui y sévit, les entreprises ne daignent accroître leurs efforts de prévention. Comme en France, où elles peuvent diagnostiquer la vulnérabilité de leur système informatique dans un laboratoire de sécurité créé par le cabinet Ernst & Young, avec la bénédiction de la Direction centrale de la sécurité des systèmes d'information (DCSSI, dépendant de la Défense nationale).

En tout cas le temps presse, car il se créé quatre ou cinq virus chaque jour. Et les successeurs d'ILOVEYOU pourraient s'avérer bien plus destructeurs.

Emmanuel Chicon

Jonathan James, 19 ans, « cyberindic » du FBI

Mettre au point un virus informatique ne serait qu'un péché de jeunesse propre à la gent masculine, puisque les carders, comme on nomme ces apprentis sorciers, sont en majorité de jeunes hommes âgés de 14 à 24 ans. À tel point que le très sérieux FBI, dans sa traque contre les pirates informatiques, s'en remet de plus en plus aux talents de Jonathan James, un lycéen suédois de 19 ans, tombeur en 1999 du créateur du virus Melissa. Le jeune prodige s'est à nouveau illustré dans l'affaire ILOVEYOU. En faisant jouer ses « contacts personnels » dans le monde virtuel et son imagination, il a vite remonté la piste philippine. Uniquement soucieux de voir « les criminels informatiques derrière les barreaux, Jonathan n'a pas encore monnayé sa réputation, devenue mondiale. Un idéalisme affiché qui ne l'a pas empêché de créer sa propre start-up spécialisée dans la sécurité informatique...