Parmi les romans de l'année, l'un des thèmes les plus fréquents a été la maladie et la mort, abordées de façons très diverses par René de Ceccatty (l'Accompagnement, Gallimard), Élisabeth Gille (le Crabe sur la banquette arrière, Mercure), Christophe Bourdin (le Fil, La Différence), Jean-Louis Magnon (le Jardin des Hespérides, Albin Michel) et Monique Lange (les Cahiers déchirés, Nil).

À la rentrée de septembre c'est à un vétéran, Jacques Laurent, qu'on a dû le roman le plus inventif et le plus divertissant : l'Inconnu du temps qui passe (Grasset). Philippe Labro, qui fut longtemps donné pour favori du Goncourt, a brossé un bon portrait de la presse parisienne dans les années cinquante avec Un début à Paris (Gallimard). Paule Constant, dans la Fille du Gobernator, a invité ses lecteurs à une descente dans les enfers du bagne de Cayenne, tandis que Georges-Olivier Chateaureynaud conviait à un pèlerinage aux sources de notre littérature dans le Château de verre (Julliard). Avec la Secte des Égoïstes (Albin Michel), Éric-Emmanuel Schmitt, brillant auteur de théâtre, a fait montre d'une virtuosité éblouissante dans un florilège de tous les genres littéraires. Et Christophe Bataille a confirmé ses dons dans son second roman, Absinthe (Arléa). Parmi les premiers romans on a remarqué : la Promesse (Lattès) de Florence Mauro, la Folie du moment (Calmann-Lévy) de Jean-François Kervéan, les Étangs (Julliard) de Bertrand Renard, Haldred (L'Arsenal) de Pierre Ménard et la Mélancolie du géographe (Grasset) de Brigitte Paulino-Neto.

Au rayon des classiques et des documents littéraires, l'année aura vu pléthore de commémorations, d'anniversaires, de rééditions et de découvertes. Commencée avec Roger Martin du Gard, dont Gallimard a publié le Journal II. 1919-1936 et III. 1937-1949, riche en révélations sur le milieu littéraire de l'entre-deux-guerres et sur l'Occupation, elle s'est poursuivie avec Céline qui, s'il n'a pas été inscrit dans les commémorations officielles, a été très présent dans les librairies : parution du quatrième volume des Romans dans La Pléiade, biographie décapante de Philippe Aimeras : Céline, entre haines et passions (Laffont), évocation de ses amours américaines par Alphonse Juilland : Élisabeth et Louis (Gallimard), recension des articles publiés sur le Voyage par André Derval : 70 Critiques de Voyage au bout de la nuit (Imec), et pour finir une brillante évocation du destin de l'écrivain maudit désormais récupéré : Céline écrivain arrivé (éditions Jean Guénot), par Jean Guénot.

Au printemps, ce fut le tour de Jean Prévost, l'écrivain résistant tombé dans le Vercors auquel Jérôme Garcin a consacré un essai chaleureux : Pour Jean Prévost (Gallimard), et dont on a réédité trois romans, Dix-Huitième Année (Gallimard), le Sel sur la plaie et la Chasse du matin (Zulma). Saint-Exupéry a suscité ensuite une abondante littérature : une nouvelle édition des Œuvres complètes dans La Pléiade fut suivie par plusieurs biographies et essais : Saint-Exupéry (Plon) d'Emmanuel Chadeau, Saint-Exupéry, vie et mort du Petit Prince de Paul Webster (Félin), Saint-Exupéry tel que je l'ai connu (V. Hamy) de Léon Werth, Antoine de Saint-Exupéry (Julliard) d'Alain Vircondelet. Dans le même temps, le cinquième centenaire de la naissance de Rabelais a été célébré par Michel Ragon avec le Roman de Rabelais (Albin Michel), par Madeleine Lazard avec Rabelais (Fayard) et par Anatole France, dont on a réédité un essai biographique méconnu, Rabelais ou l'esprit français (L'Arsenal). Le cent cinquantième anniversaire de la naissance d'Anatole France a été marqué par la parution du tome IV de ses Œuvres dans La Pléiade et par un essai de Marie-Claire Bancquart, Anatole France (Julliard). Enfin, Voltaire a occupé le devant de la scène dans le dernier tiers de l'année, avec plusieurs biographies : Pierre Lepape, Voltaire le conquérant ; René Pomeau, Voltaire en son temps, et des anthologies : P. Denbailly, J.-J. Robrieux et J. van den Heuwel, le Rire de Voltaire ; André Versaille, Dictionnaire de la pensée de Voltaire. Parmi les biographies littéraires, il faut encore signaler : le Piéton de Quimper, Max Jacob (Fallois) de Pierre Jakez-Helias, Alphonse Allais (Belfond) de François Caradec, Alex Dumas le Grand (Julliard) de Daniel Zimmermann, et Dieu et la NRF (Gallimard) de José Cabanis.