L'Alsace a ouvert un bureau au Japon chargé de convaincre des investisseurs tentés par une implantation en France. Ces investisseurs seront satisfaits d'apprendre que l'Alsace est au premier rang des Régions françaises pour la part des salariés de l'industrie occupée dans des établissements dont le capital social est détenu à plus de 20 p. 100 par des entreprises étrangères.

Aquitaine

Le port de Bordeaux joue le rôle de poumon économique de l'Aquitaine. Le trafic de 1985, avec 10,7 millions de tonnes, s'est accru de 6 p. 100 par rapport à l'année précédente. Mais, si les volumes d'hydrocarbures ont progressé, le trafic générateur de valeur ajoutée, c'est-à-dire les conteneurs, a chuté de 6 p. 100.

Bordeaux « sort » de Bordeaux et glisse vers l'aval. L'avenir porte deux noms : le Verdon et Bassens. Face à Roy an, le Verdon a du mal à honorer les espoirs qu'on avait mis en ce site il y a dix ans. Deux armements étrangers ont décidé de supprimer leurs escales au Verdon. En revanche, c'est à un changement complet de décor que l'on assiste à Bassens, sur la rive droite, aux portes mêmes de Bordeaux, où règne une activité fébrile. Hangars et terre-pleins regorgent de marchandises de tous genres. L'optimisme trouve là ses racines. Les nuages ? Shell a décidé de fermer sa raffinerie de Pauillac.

Auvergne

En étant élu en mars 1986 président du conseil régional, M. Giscard d'Estaing a rompu une longue domination socialiste, assurée depuis 1977 par M. Maurice Pourchon. Et, sans ambage, il a décidé de faire faire un tournant à 90 degrés à l'institution régionale qui, selon lui, doit être moins « interventionniste ». Premier acte concret : mettre un terme à la construction de l'hôtel de la Région dont le coût aurait avoisiné 100 millions de francs et qui avait été confiée par M. Pourchon à Renzo Piano, l'architecte de Beaubourg. À sa place, M. Giscard d'Estaing veut faire construire une école d'ingénieurs des métiers de la mécanique, orientée vers les matériaux du futur. Poursuivant son plan de réduction des effectifs et de restructuration engagé en 1980, Michelin a annoncé le 29 octobre la suppression de 2 200 emplois, dont 1 650 dans la capitale auvergnate. Parallèlement, Michelin met en place une unité faisant appel aux dernières inventions de la robotique, qui sera opérationnelle en 1988 à Clermont-Ferrand.

Michelin occupe encore 22 000 personnes en Auvergne et un emploi chez Michelin en induit deux ou trois hors de l'entreprise. Le conseil régional va-t-il entériner cette orientation vers la monoindustrie ou peut-il mener une politique de diversification ?

Bourgogne

La Région a un taux de natalité plus faible que la moyenne nationale et un taux de mortalité plus fort. Dans une étude publiée par le Comité économique et social, les experts relèvent que 35 cantons (essentiellement dans le Morvan) peuvent être qualifiés de « désert bourguignon » avec une chute de la population de 8 p. 100 en vingt ans et une densité de 18 habitants au m2.

Les zones urbaines ont aussi leurs problèmes et le périmètre de Chalon-sur-Saône-Le Creusot-Montceau-les-Mines, classé « pôle de conversion » en mars 1984, a dû affronter depuis deux ans la crise du charbon et la faillite de Creusot-Loire.

Le pôle de conversion est souvent cité comme un modèle. Sur les 1 283 licenciés de Creusot-Loire en décembre 1984, 9 p. 100 d'entre eux avaient, 22 mois après, retrouvé un travail, 3,3 p. 100 seulement avaient eu à subir une déqualification.

Le taux de chômage dans les villes du pôle de conversion, qui était de 10,65 p. 100 début 1984 et de 12,17 p. 100 début 1985, est tombé à 10,19 p. 100 en juillet 1986. En deux ans et demi, 137 millions de francs de primes de la DATAR ont été accordés à des entreprises qui se sont engagées à créer 4 180 emplois pour 750 millions de francs d'investissements.

Bretagne

Depuis 15 ans, la Bretagne est devenue une région pilote pour l'agriculture, mais depuis deux ans la situation se détériore ; les agriculteurs, qui ont beaucoup investi, sont endettés et les cours à la production n'évoluent pas comme les prix de revient. On est passé de difficultés d'ordre conjoncturel (déséquilibre passager des marchés) à des problèmes structurels qui remettent en cause la dynamique de ce complexe agroalimentaire, moteur de l'économie régionale (les industries agroalimentaires emploient plus de 37 000 personnes, dont près de 15 p. 100 dans les coopératives).