Quelques dissonances, cependant, à propos du problème des uniates (groupes de chrétiens orientaux unis à Rome) d'Ukraine et de Roumanie troublent le rapprochement œcuménique. Le synode de l'Église orthodoxe roumaine s'« indigne », en particulier, des propos du pape Jean-Paul II évoquant le sort malheureux des uniates de Roumanie, dont l'Église n'a plus d'existence légale depuis 1948.

Par ailleurs, des tensions entre les représentants des Églises orthodoxes et leurs partenaires protestants au COE se manifestent, dans le courant de l'été 1981, à propos des résolutions votées en juillet par le colloque de Sheffield (Grande-Bretagne), qui demandent une représentation plus équitable des femmes aux différentes instances du COE et envisagent leur ordination à un ministère ecclésial.

Colloque

En dépit de vives réticences, les orthodoxes acceptent finalement que ces résolutions soient transmises aux Églises membres du COE, avec une lettre d'accompagnement de Philip Potter, tenant compte des réserves émises.

L'institut de théologie Saint-Serge organise en novembre 1981, avec les facultés de théologie catholique et protestante de l'université de Strasbourg, un colloque sur Église et droits de l'homme. Une importante réunion de théologiens orthodoxes se tient au siège du patriarcat d'Antioche à Damas, en février 1982, dans le but de préparer la 6e assemblée générale du COE, prévue pour août 1983, à Vancouver (Canada).

De nombreuses rencontres entre patriarches orthodoxes sont liées à la préparation de la 2e conférence préconciliaire (septembre 1982). La lettre d'invitation du patriarche œcuménique énumère les thèmes proposés pour cette conférence : jeûne, empêchements au mariage, calendrier et célébration commune de Pâques. On note l'absence de toute référence au problème brûlant, mais très controversé, de la diaspora orthodoxe (Journal de l'année 1980-81).

Moscou

La condamnation à de lourdes peines de camp du P. Gleb Yakounine et des principaux animateurs de séminaires libres de recherche religieuse n'a pas stoppé le processus qui amène de nombreux jeunes Russes, issus de milieux athées, à demander le baptême dans l'Église orthodoxe. Mais les manifestations de ce renouveau spirituel se font plus discrètes.

À une Église dont il surveille étroitement toutes les activités, l'État consent quelques concessions : le patriarcat de Moscou s'installe, en septembre 1981, dans de nouveaux bâtiments, munis d'un petit studio d'enregistrement et d'une phonothèque ; les autorités autorisent la publication de livres liturgiques et l'accueil d'un plus grand nombre d'étudiants dans les académies théologiques.

Mais, simultanément, des croyants, prêtres et laïcs, continuent d'être l'objet de brimades et de sévices. Douze d'entre eux sont arrêtés le 6 avril 1982.

Roumanie

L'institut théologique universitaire de Bucarest fête, en novembre 1981, le centenaire de sa fondation. Cette célébration est suivie d'une assemblée du Mouvement pour le désarmement et la paix, qui réunit des représentants de tous les cultes officiellement admis. Mais le P. Calciu, condamné à une lourde peine de prison, reste incarcéré, en dépit de nombreux appels à la clémence venus de l'étranger.

Antioche

L'instabilité politique et un sentiment croissant d'insécurité conduisent un grand nombre de chrétiens arabes à s'expatrier. « Il y a plus d'orthodoxes arabes en Amérique latine qu'au Moyen-Orient », constate Ignace IV, patriarche d'Antioche, dans une interview publiée en mars 1982. La situation de la chrétienté arabe reste très préoccupante.

Grèce

L'Église doit affronter la situation nouvelle créée par la victoire du parti socialiste d'Andréas Papandréou, favorable à la séparation de l'Église et de l'État. À cela s'ajoutent les problèmes dus à une sécularisation accélérée de la société. Un synode épiscopal se réunit à Athènes du 1er au 9 octobre 1981. Les débats portent sur les moyens de communication modernes et le langage de la Pastorale, puis sur l'Église face aux changements structurels d'aujourd'hui. L'établissement de relations diplomatiques entre Athènes et le Vatican ainsi que l'instauration du mariage civil cristallisent les antagonismes.

Amérique du Nord

L'intégration de groupes d'origine épiscopalienne dans le diocèse antiochien soulève le problème d'un rite orthodoxe occidental.