Le second spectacle de la saison à l'Opéra est la reprise du Chevalier à la rose de Richard Strauss (dans la production de 1973) aux Champs-Élysées, reprise dont l'intérêt réside dans les interprétations de Kiri Te Kanawa, harmonieuse Maréchale, de Frederica von Stade, frémissant Octave, et de Kurt Moll, truculent baron Ochs.

Aux Champs-Élysées, reprise de la Semiramide de Rossini du Festival d'Aix 1980, avec ses deux grandes protagonistes Montserrat Caballé et Marylin Horne, qui retrouvèrent, ainsi que Samuel Ramey, impressionnant Assur, leur triomphe de bel canto. Le barbier de Séville qui suivit, avec une distribution trop inégale, et l'annulation pure et simple du Platée de Rameau à quelques jours de la réouverture du Palais Garnier soulignent les carences artistiques et administratives d'une direction très contestée.

Le Palais Garnier rouvre ses portes, le 11 décembre, pour le premier grand concert de la Fondation Callas, avec un éblouissant récital de bel canto donné par la jeune mezzo grecque Agnès Baltsa ; mais la réouverture officielle s'effectue finalement le 29 janvier avec un Lohengrin très contesté sur le plan scénique et où seule Anna Tomowa Sintow, lumineuse Eisa, recueille une adhésion totale. La reprise de Fidelio, le 9 mars, fut aussi assez décevante dans une mise en scène trop statique et avec une direction de Seiji Ozawa trop en demi-teinte, qui prive l'ouvrage de son intensité dramatique au 1er acte malgré la présence de Hildegard Berhens. Au 2e acte, l'impact dramatique de Jon Vickers redonne à l'ouvrage sa vigueur et son intensité.

Déception également pour la nouvelle production de Tosca, avec une mise en scène de Jean-Claude Auvray, intéressante dans sa conception mais mal aboutie scéniquement, et une Kiri Te Kanawa dramatiquement trop effacée pour un rôle dont elle ne possède ni la passion ni la violence.

Création

L'Opéra revient aux Champs-Élysées pour la création, le 4 mai, d'Ondine de Daniel Lesur, d'après la pièce de Giraudoux. On retrouve dans cette partition la veine mélodique du compositeur d'André del Sarto et son classicisme ; mais une mise en scène en porte-à-faux et outrancière a nui au succès de l'ouvrage.

La saison à l'Opéra-Comique se résume en quelques représentations du Cosi Fan Tutte, monté à Nancy dans la mise en scène de Jean-Claude Auvray, spectacle charmant, fort bien chanté par une troupe jeune, où l'on remarque la Fiordiligi de Felicity Lott et la Dorabella d'Alicia Nafé.

Le Théâtre musical de Paris, après une reprise de La vie parisienne d'Offenbach, accueille, en novembre, l'excellente production, jeune et dynamique, de West Side Story de Bernstein, montée à New York en 1979 ; en février et mars, cycle d'opéras de jeunesse de Verdi avec Macbeth, I Masnadieri, Attila et Ernani (ce dernier en version de concert), passionnante expérience suivie par un public fervent. Le triomphe de ce cycle va au Macbeth, mis en scène par Pier Luigi Pizzi, dans un climat très shakespearien par sa grandeur tragique, où la Lady Macbeth d'Olivia Stapp est la grande révélation lyrique de l'année. Ce cycle s'achève par un très beau concert Verdi donné par Martina Arroyo.

Le centenaire de Bela Bartok est célébré à la salle Pleyel avec le Château de Barbe-Bleue, chanté par deux interprètes exceptionnels : Julia Varady et Dietrich Fischer Dieskau, dirigés par Antal Dorati.

La saison lyrique de Radio-France n'a rien apporté de neuf.

Heureusement l'activité lyrique en province a été plus vivante, avec des réussites comme celles du Siège de Corinthe de Rossini, à Marseille, du Dialogue des carmélites de Poulenc, à Strasbourg, des Contes d'Hoffmann d'Offenbach, à Lyon.

À Paris, quelques productions étrangères sont à signaler : le Castor et Pollux de Rameau, par l'English Bach Festival, reconstitution précieuse de la version de 1754, dans des costumes inspirés de ceux de Boquet ; deux spectacles de l'Opéra de Sofia, un affligeant Nabucco de Verdi et un Prince Igor de Borodine heureusement sauvé par les chœurs et la captivante Jaroslawna de Stefka Efstatieva. Mais, le Wozzeck d'Alban Berg, donné en mai, au Châtelet, par la Monnaie de Bruxelles, recueille tous les suffrages. Un autre grand événement marque le mois de mai : la sortie simultanée, au Festival de Cannes et à Paris, du film de Hans Jurgen Syberberg consacré au Parsifal de Wagner, réalisation ambitieuse qui ne manquera pas de soulever des controverses.

Musique contemporaine

Après les rencontres internationales de musique contemporaine de La Rochelle en juillet, le centre Acanthes d'Aix-en-Provence, que dirige Maurice Kagel, a ouvert ses portes aux jeunes musiciens qui veulent se perfectionner, et l'Ensemble intercontemporain s'est produit à Avignon, donnant ainsi le départ à une nouvelle saison de recherches et de réalisations.