Quoique ouverts à un dialogue « aimant et responsable », deux théologiens orthodoxes connus, le P. Jean Meyendorff (Institut de théologie Saint-Vladimir de New York) et le P. Boris Bobrinskoy (Institut de théologie Saint-Serge de Paris), regrettent le mode de désignation des membres de la délégation orthodoxe mandatée pour ce dialogue. Les facultés de théologie orthodoxes de l'Occident n'y sont pas représentées.

Autre question posée à l'ensemble des Églises orthodoxes : l'épineux problème des divisions juridictionnelles de la diaspora. Issues d'émigrations successives, les communautés orthodoxes d'Europe occidentale, d'Amérique du Nord, d'Amérique latine et d'Australie sont les unes rattachées à leur Église mère, les autres organisées en Églises plus ou moins autonomes. Il en résulte une situation confuse et une absence d'unité institutionnelle.

Les Suggestions en vue de résoudre le problème de la diaspora, de l'archevêque Paul de Carélie, primat de la petite Église orthodoxe autonome de Finlande, préconisent l'octroi rapide — avant la réunion du concile panorthodoxe — d'un statut d'autonomie à des Églises locales regroupant, dans la diaspora, des paroisses d'origines ethniques différentes. Cette proposition, qui correspondrait aussi aux vœux du patriarcat de Moscou, est vivement critiquée par les patriarcats de Constantinople et de Roumanie.

Difficile à mettre en œuvre au niveau institutionnel, l'unité de l'orthodoxie est cependant vécue par les fidèles, au sein d'associations et de fraternités qui se veulent au service de l'Église.

Un festival de la jeunesse, organisé par Syndesmos (Alliance mondiale de la jeunesse orthodoxe), se tient du 1er au 6 août 1980 au monastère de Nouveau Valamo (Finlande). Réunissant des jeunes venus des vieux pays orthodoxes et de la diaspora, il adresse un appel à tous les évêques et synodes orthodoxes, leur demandant de trouver une solution rapide au problème de la diaspora.

Le 4e congrès européen de la Fraternité orthodoxe, qui réunit à Avignon du 8 au 11 novembre 1980 plusieurs centaines de participants, révèle la même aspiration à l'unité.

Patriarcat œcuménique de Constantinople

Une délégation du patriarcat de Constantinople participe à Rome, le 29 juin 1980, à la célébration de la fête des saints Pierre et Paul. Une délégation catholique romaine est de même présente à la fête patronale du patriarcat de Constantinople, célébrée le 30 novembre 1980.

Patriarcat d'Antioche

Le patriarche Ignace IV participe, en janvier 1981, au sommet islamique de Taef (Arabie Saoudite), où il se prononce pour une solution pacifique au problème de Jérusalem et des Lieux saints. Le patriarche et le métropolite Georges du Mont-Liban tiennent à souligner l'arabité culturelle de l'orthodoxie antiochienne.

Patriarcat de Jérusalem

Le patriarche Benedictos étant décédé le 10 décembre 1980, son successeur élu, l'archevêque Diodore d'Amman, est intronisé le 1er mars 1981, en la basilique de la Résurrection (le Saint-Sépulcre). Le nouvel élu, à la tête de la communauté chrétienne la plus nombreuse de Terre sainte (plus de 100 000 fidèles de Jordanie et d'Israël, arabes à 95 %), est célèbre pour ses prises de position contre l'annexion de Jérusalem-Est et l'occupation de la Cisjordanie par Israël. Âgé de 58 ans, le patriarche Diodore est d'origine grecque.

Patriarcat de Moscou

Plusieurs personnalités orthodoxes sont arrêtées et condamnées à des peines très lourdes. C'est le cas pour le P. Gleb Yakounine, fondateur du Comité pour la défense des droits des croyants ; Alexandre Ogorodnikov, fondateur du Séminaire pour l'étude des problèmes de la renaissance religieuse ; Tatiana Velikanova, militante chrétienne pour les droits de l'homme.

Ces persécutions attirent à nouveau l'attention non seulement sur la situation précaire des croyants en URSS, mais aussi sur le clivage au sein du patriarcat de Moscou entre une partie importante de la hiérarchie, qui se résout à des compromis avec le régime pour assurer la survie de l'Église, et une minorité prophétique — composée souvent de nouveaux convertis —, prête au martyre pour témoigner face à l'État totalitaire.