L'Opéra, la salle Favart, l'Athénée, les Variétés et la salle Gaveau ont accueilli les plus grands interprètes dans des récitals où la mélodie alternait avec les airs d'opéra.

Opéra

Succéder à Rolf Liebermann à la tête des deux grands théâtres lyriques nationaux n'est pas une tâche facile et, après une première saison en dents de scie, Bernard Lefort a dû être à même d'en juger. Sa saison a été souvent contestée par la critique et par un public de plus en plus exigeant et parfois déconcertant. Le reprise de La femme sans ombre, de Richard Strauss fut un succès avec les deux admirables interprètes, Gwyneth Jones et Hildegard Behrens. Les choses se sont gâtées avec le second spectacle, Dardanus de Rameau, un chef-d'œuvre monté par Lavelli dans un parti pris de contresens tellement agressif et si peu convaincant sur le plan de l'interprétation (mis à part Christiane Eda Pierre et José Van Dam) que l'échec fut notoire. La Jenufa de Janacek, trahie par une médiocre version française, ne fut pas beaucoup mieux reçue. Mais l'Opéra connut un triomphe avec le Peter Grimes de Britten dans la production du Covent Garden, avec un bouleversant John Vickers. Mais la malchance rejoua avec Le bal masqué de Verdi.

Le 23 mars eut lieu l'événement, redouté autant qu'attendu, de la saison avec la création, au Palais Garnier, du Grand Macabre de Ligeti, dans une mise en scène de Daniel Mesguich. La critique salua en général ce Grand Macabre comme un chef-d'œuvre et le scandale attendu n'eut pas lieu. Au Grand Macabre succéda l'accueil mitigé du Don Juan de Mozart dans la production de Lyon, une demi-réussite. Arabella de Strauss, importée du Covent Garden valut une inoubliable ovation à Kiri Te Kanawa. La reprise de Turandot de Puccini, dans les somptueux décors de Dupont et la mise en scène de Marguerite Wallman, ramena à l'Opéra des fastes d'antan : une éblouissante direction d'orchestre de Seiji Ozawa et une distribution de prestige avec Montserrat Caballé, Leona Mitchell et Giuseppe Giacomini, La saison s'achève par deux concerts de prestige avec le 3e acte de Parsifal, donné par l'orchestre de Berlin dirigé par Karajan, et par la reprise de La force du destin de Verdi, qui a permis de découvrir Anna Tomowa Sintow, une des plus belles voix de soprano lyrique.

L'activité de la salle Favart fut très ralentie, avec seulement quatre spectacles lyriques : L'héritière de Jean-Michel Damase (créé en 1974 à Nancy), succès d'estime avec René Auphan, dans un ravissant décor de Wakévitch ; la reprise du joyeux Vive Offenbach ; celle de Véronique de Messager, où l'abattage de Suzy Delair fut la joie du spectacle, et une production nouvelle des réjouissantes Mamelles de Tirésias, mises en scène par Le Poulain.

Lyrique

Radio-France a continué à remplir sa mission, qui est de faire redécouvrir des œuvres peu connues du répertoire français et étranger. On a pu entendre Anthony and Cleopatra de Samuel Barber ; Numance de Barraud ; Daphné de Richard Strauss ; un Massenet rare et joliment nuancé, Chérubin ; les exquises Fêtes d'Hébé de Rameau ; cet adorable chef-d'œuvre bouffe, L'étoile, de Chabrier ; Le roi Arthus de Chausson, plus proche de Reyer que de Wagner ; un brillant Rossini, Matilda di Shabran. Mais la révélation de la saison lyrique de Radio-France a été un opéra dramatique de Donizetti (que vient de remonter la Fenice de Venise), Maria de Rudenz, qui a révélé un nouveau chef, Gian Luigi Gelmetti, et une jeune cantatrice promise à la plus belle carrière internationale, Margarita Castro Alberti.

La province n'est pas restée à l'écart et a connu de nombreuses réussites. La palme revient à Lyon avec Le Freischütz de Weber ; la Manon de Massenet, chantée par Norma Burrows et Alberto Cupido ; la redécouverte d'un superbe opéra sacré de Marc Antoine Charpentier, David et Jonathas, et, en juin dernier, le cycle complet de La tétralogie de Wagner D'autres grandes villes ont eu de belles réussites, comme : Toulouse avec Salomé de Strauss ; Marseille avec Elektra de Strauss, avec deux monstres sacrés, Léonie Rysanek et Astrid Varney, et une Tosca de classe internationale, avec Reina Kabaivanska ; Avignon avec Norma de Bellini, avec la Caballé, Macbeth de Verdi avec l'étonnante Ghena Dimitrova, Thaïs de Massenet, avec Nancy Shade et José Van Dam, et Otello de Verdi avec Jon Vickers ; Nice avec La force du destin de Verdi, avec Caballé et Carreras ; Lille avec Falstaff de Verdi, avec un glorieux vétéran, Rolando Panerai, et Les contes d'Hoffman avec l'inoubliable Antonia de Christiane Eda Pierre ; enfin Bordeaux qui, pour l'ouverture de son Mai, a remonté dans une brillante réalisation un chef-d'œuvre bouffe peu connu, de Rossini, Le Turc en Italie.

Un nouveau théâtre lyrique

Paris possède depuis octobre dernier un nouveau théâtre lyrique, le Théâtre musical de Paris. Il s'est installé dans le vieux Châtelet, entièrement rénové. La direction en a été confiée à un homme d'initiative, Jean-Albert Cartier, qui avait déjà fait ses preuves en redonnant vie à trois théâtres de province. La première saison est un succès. Après sa seule création, La vie parisienne d'Offenbach, un peu écrasée par le luxe qui l'entourait et plus spectaculaire que gaie, le TMP a présenté Louise de Charpentier, dans la très belle production de Nancy et, en concert, Le Cid de Massenet, magnifiquement interprété par Placido Domingo. La saison s'est poursuivie avec Les pêcheurs de perles de Bizet, dans l'écrin précieux que leur avait donné Pier Luigi Pizzi à Bologne ; la délicate Cendrillon de Massenet, du festival d'Ottawa, avec l'exquise cantatrice Faith Esham ; Ercole Amante de Cavalli, qui avait été donné à Lyon en 1979, pour arriver à l'apothéose du sublime Orlando Furioso de Vivaldi, avec Marilyn Horne et Sandra Browne, qui avait été monté en 1978 à Vérone par P.-L. Pizzi et que le public parisien accueillit avec enthousiasme. Ce premier galop d'essai s'est achevé par La grande duchesse de Gerolstein d'Offenbach, interprétée par Régine Crespin. Le TMP est une institution avec laquelle il faut désormais compter.

La musique contemporaine

Une grande partie de la musique contemporaine en est actuellement à l'ère électronique. Iannis Xénakis au CEMANU et Pierre Boulez à l'IRCAM dirigent des laboratoires de recherches musicales où l'ordinateur est roi.