Journal de l'année Édition 1979 1979Éd. 1979

C'est pour lutter contre la dépression économique que l'Europe a créé, en 1979, un nouveau système monétaire européen. C'est pour faire face au deuxième choc du pétrole que la Communauté a défini, pour la première fois, lors du sommet de Strasbourg, en juin 1979, une politique commune de l'énergie fondée sur un contingentement des importations de pétrole, un encouragement aux énergies nouvelles (singulièrement au nucléaire) et aux économies d'énergie, ainsi que sur un certain contrôle des marchés pétroliers. Cette position commune des Européens a été l'élément déterminant au sommet occidental de Tokyo. Les Américains n'ont accepté de contingenter leurs achats de pétrole que parce que les Européens avaient décidé, ensemble, de le faire. Il est trop tôt pour apprécier la portée réelle de ces engagements. On peut seulement observer qu'ils étaient impensables quelques mois auparavant.

De même, la deuxième crise du pétrole semble avoir convaincu les opinions publiques que le monde se trouvait dans une situation grave qui justifie de profonds changements de comportement. Dans ces conditions, les mesures d'économie d'énergie seront peut-être moins difficiles à faire accepter. Certes, la France hésite encore à restreindre l'utilisation de l'automobile, car il s'agit d'un des principaux moteurs de l'activité et de l'emploi. On a même vu V. Giscard d'Estaing et R. Barre défendre l'automobile comme l'expression de la liberté individuelle.

Mais les économies occidentales seront jugées, dans les vingt prochaines années, sur leur capacité à tirer de ces contraintes nouvelles des formes inédites de développement.

C'est en transformant des difficultés en défis que l'Occident a inventé la civilisation industrielle. Nous saurons d'ici à l'an 2000 s'il a perdu cette capacité créatrice.