L'augmentation programmée pour les dépenses était de 13,7 % ou de 13,3 % hors dette publique, c'est-à-dire du même ordre de grandeur que celle de la production en valeur (+ 13,2 %, correspondant à 4,8 % en volume — surestimé — et à + 8 % en prix). Or, compte tenu de certains allégements fiscaux, l'évolution spontanée des recettes liée à l'expansion n'était pas suffisante pour équilibrer les dépenses, et un effort fiscal supplémentaire a donc été demandé.

Fiscalité

En premier lieu, le barème applicable aux revenus de 1976 n'a pas été relevé uniformément en proportion de la hausse des prix, mais, au contraire a été modulé en faveur des petits contribuables : les quatre premières tranches ont été relevées de 9,5 %, mais la dernière est demeurée inchangée. De même, les limites d'exonération ont été relevées (à 13 800 F).

En revanche, l'effort de solidarité frappe les contribuables qui ont un train de vie important, par l'institution d'une taxe sur certains éléments du train de vie comme les bateaux, les avions, les chevaux, la chasse, le golf ; dans le projet gouvernemental, il suffisait de disposer d'un seul de ces éléments pour être taxé, mais, dans la loi qui a été votée, il faut en posséder trois au moins (résidences secondaires, domestiques et grosses motos en sus) ; de toute façon, cette taxe doit disparaître en 1978, elle n'aura concerné que quelques dizaines de milliers de personnes.

Les entreprises, de leur côté, ont été visées par la reconduction du prélèvement conjoncturel contre l'inflation, ou serisette : ce prélèvement s'appliquera automatiquement, sauf si les prix des produits manufacturés n'augmentent pas de plus de 2,5 % pendant six mois. Un nouveau régime de bénéfice réel a été institué pour les PME. La déductibilité des frais généraux des entreprises a également été limitée pour les voyages, les cadeaux, les frais de réception, etc. Détail : la raison sociale et l'adresse de la société utilisatrice doivent être mentionnées sur les vignettes des voitures de société. En sens inverse, le gouvernement a concédé une augmentation des coefficients de l'amortissement dégressif pour les biens d'équipement et pour les matériels économisant l'énergie. Dans le même esprit — favoriser l'investissement productif —, un abattement de 2 000 F par an a été institué sur les revenus d'actions perçus par les épargnants, et l'avoir fiscal sur les dividendes a été octroyé aux caisses de retraite et de prévoyance.

Enfin, les droits indirects sur les alcools ont été relevés. Le taux majoré de la TVA (33,3 %) s'appliquera désormais au caviar... Toutefois, le taux normal de la TVA est ramené de 20 à 17,6 % (ancien taux intermédiaire), à compter du 1er janvier. Pourquoi cette disposition, qui ne va pas dans le sens d'une rigueur budgétaire accrue ? Elle rapproche la fiscalité française de celle de ses partenaires de la CEE (où la part de l'impôt indirect est moins importante) ; mais, en assurant une sortie en douceur du blocage des prix décidé jusqu'à la fin de 1976, elle a surtout permis au plan Barre d'atteindre un de ses objectifs essentiels : le ralentissement des salaires, possible à la seule condition d'être amorcé par celui des prix, c'est-à-dire sans amputer les salaire réels.

Fermeté

Pour le second effort inscrit à son plan en matière budgétaire, la modération de la dépense publique, R. Barre s'en est tenu, coûte que coûte, au plafond de dépenses légué par son prédécesseur aux Finances, Jean-Pierre Fourcade : 333 milliards de francs pour le total des dépenses définitives de l'État. Les dépenses de fonctionnement étaient freinées, au premier chef, par l'application aux hausses de salaires des agents de l'État de la norme officielle : pas plus que la hausse des prix, elle-même fixée à 6,5 %. La consigne a été mise en œuvre avec fermeté dans l'Administration, malgré les manifestations.

Une deuxième source de modération a été le ralentissement de l'augmentation des effectifs ; il y a eu « retour à un rythme normal de création d'emplois », 21 600 contre 32 400 en 1976. Cependant, conformément à l'engagement du président de la République, le minimum vieillesse devrait atteindre 10 000 F pour une personne seule et 20 000 F pour un ménage à la fin de 1977 (contre 8 000 et 17 000 F, respectivement, depuis juillet 1976). Le programme d'action présenté le 26 avril avançait d'ailleurs cet objectif au 1er juillet (avec passage à 11 000 F au 1er décembre), en même temps qu'était relevé le pouvoir d'achat des prestations familiales.