Après le plomb, c'est le papier qui disparaît. L'auteur tape son article sur un terminal d'ordinateur. Le texte apparaît au fur et à mesure sur un écran. Une touche spéciale lui permet de corriger, d'ajouter ou de retrancher ; la suite prend sa place automatiquement. Avec les indications typographiques, le texte est envoyé à l'ordinateur, qui le découpe en lignes selon les règles et le met en mémoire. Les correcteurs, le chef de service, l'auteur peuvent le rappeler à tout moment sur l'écran de leur console et y apporter les modifications opportunes, chacun selon sa compétence. C'est encore sur un écran que le secrétaire de rédaction appelle tous les articles et procède à leur mise en pages. L'ordinateur envoie la page à une photocomposeuse, qui matérialise enfin les textes sous la forme d'une plaque directement utilisable par les rotatives. Les articles non utilisés (comme du reste ceux qui ont paru) sont conservés dans une mémoire de l'ordinateur.

Incidences

Quarante-cinq pour cent des 1 600 quotidiens américains sont en train d'introduire l'informatique dans leurs imprimeries et leurs rédactions. Ce mouvement s'étendra progressivement à la presse européenne. Il implique des changements profonds, non seulement dans le travail des ouvriers du livre, mais aussi dans celui des rédacteurs. La crainte est parfois exprimée de voir les directions des journaux utiliser davantage les textes émanant des agences, qui peuvent être directement intégrés par l'ordinateur. Il en résulterait une tendance à l'uniformisation de la presse. Les journalistes, habitués à rédiger sur du papier, devront s'adapter à la technique de l'écran cathodique ; pour certains, cela ne va pas sans problèmes.

Quant aux lecteurs, l'électronique leur apporte une autre innovation : le journal affiché à domicile sur l'écran du téléviseur. C'est chose faite en Grande-Bretagne, où deux séries d'essais en cours sont menées concurrentiellement par la BBC, qui utilise un canal de télévision, et par les postes britanniques, qui se servent du réseau téléphonique.

Les circuits intégrés dans les récepteurs en couleurs

Les circuits intégrés, qui ont permis le développement et le succès des calculatrices de poche auprès du public, gagnent aussi les récepteurs de télévision en couleurs. En Allemagne fédérale, ils équipent déjà en totalité 7 sur 10 de ces appareils, et quelques constructeurs français les font entrer partiellement dans leur fabrication. On en attend sinon une baisse du prix de vente des téléviseurs, du moins un progrès dans leur qualité ou leurs possibilités techniques.

Fiabilité

Un circuit intégré est une plaquette de silicium qui, sur une très petite surface, groupe l'équivalent de plusieurs centaines de transistors et de résistances. L'électronique complexe d'un récepteur en couleurs se trouve ainsi ramenée à une vingtaine de plaquettes. Leur prix n'est pas élevé, et elles diminuent le nombre de soudures à effectuer, d'où économie de main-d'œuvre. Leur emploi permet d'améliorer la qualité des téléviseurs les moins chers sans augmentation de prix correspondante. Pour les récepteurs dits de haut de gamme, ils autorisent de nouveaux gadgets comme l'affichage du numéro de la chaîne et, peut-être, à l'avenir, la transmission par télévision d'un journal écrit. Mais l'avantage principal réside dans la fiabilité : le nombre des composants électroniques étant réduit, les pannes sont moins fréquentes et aussi plus vite réparées, par simple remplacement de la plaquette reconnue défectueuse.

Les premiers téléviseurs en couleurs tout circuit intégré ont été construits en Allemagne. Les fabricants de circuits (européens ou américains) se sont d'abord disputé le marché du système allemand PAL, le plus répandu en Europe. Les circuits adaptés au procédé français SECAM ont fait leur apparition au milieu de 1975 ; encore certains ne sont-ils que des circuits PAL munis d'un transcodeur. Mais l'évolution technologique amorcée va poursuivre la conquête de l'industrie française.

Le téléphone de poche

Cette petite boîte est un récepteur Eurosignal, autrement dit le « téléphone mobile » de demain. La communication à grande distance entre postes téléphoniques mobiles exige des équipements coûteux. Il est plus simple de disposer d'un système permettant au demandeur de lancer un signal qui est reçu par le petit récepteur mobile de la personne en déplacement. Celle-ci rallie alors un téléphone ordinaire et appelle son correspondant. La conférence européenne des Postes et télécommunications a défini pour l'Europe occidentale un système unique, l'Eurosignal. Pour l'utiliser, on compose sur le cadran d'abord le 15 ou le 16, ensuite trois chiffres 002, constituant l'indicatif d'Eurosignal, enfin les cinq derniers chiffres, caractéristiques du poste mobile cherché. Le central ainsi appelé confirme à l'appelant que sa demande est enregistrée et lance le signal par radio au poste mobile. Eurosignal fonctionne dans la moitié nord de la France depuis le 1er décembre 1975. On compte qu'en 1978 il couvrira l'ensemble du territoire.

Transports

Vers l'avion « tout électrique »

Une révolution se prépare dans le domaine du pilotage des avions : elle vise à supprimer la timonerie mécanique qui relie classiquement le manche à balai et le palonnier aux différentes gouvernes, et à leur substituer des liaisons purement électriques, voire optiques.

Sécurité

À l'origine de cette mutation : l'utilisation généralisée, à partir d'un certain tonnage, des servocommandes, autrement dit de vérins hydrauliques qui permettent au pilote d'exercer sur les gouvernes des efforts beaucoup plus importants que ne le permet la seule force musculaire. Les mêmes servocommandes se sont révélées indispensables pour le vol supersonique ; les vérins utilisés sont en fait électro-hydrauliques, et il était tentant de remplacer la timonerie mécanique par de simples circuits électriques, le manche (ou le volant) et le palonnier étant alors dotés d'équipements, tels des potentiomètres, transformant leurs déplacements en courant électrique.