Mariner 10 a mesuré la température au sol mercurien : 375 °C. Comme Mercure se trouvait alors vers sa plus longue distance du Soleil (69,82 millions de km) et que son orbite est très excentrique, on estime à environ 500 °C la température correspondante au périhélie (46 millions de km). Ainsi, nombre de métaux pourraient se trouver naturellement à l'état liquide sur la surface de cette planète, comme c'est le cas du mercure sur la Terre.

Une autre révélation a été la forte densité du globe de Mercure : 5,45, au lieu de 3,33 pour la Lune et de 5,52 pour la Terre. On en déduit l'existence d'un noyau métallique (ferro-nickel ?) qui est la cause d'un champ magnétique de 500 gammas (soif 1/100 de l'intensité du champ terrestre).

Virtuosité

Ceux qui ont calculé la trajectoire de Mariner 10 ont fait d'une pierre deux coups, mais leur virtuosité ne s'arrête pas là. Après avoir étudié Vénus et Mercure (par l'attraction de ce dernier), la sonde s'est installée dans une orbite de planète artificielle ayant son aphélie à 114,2 millions de kilomètres du Soleil et son périhélie à 69,8 millions de kilomètres. Cette orbite a été calculée de sorte que l'engin la boucle en 176 jours. Pourquoi ?

Parce que pendant ce temps Mercure fait très exactement deux tours autour du Soleil. Le 22 septembre 1974, Mariner 10 et Mercure se retrouveront dans les mêmes conditions que lors de leur rencontre du 29 mars ; une situation identique se produira le 17 mars 1975.

Les spécialistes, au prix de quelques corrections de trajectoire, ont non seulement obtenu la propulsion gratuite de la sonde entre Vénus et Mercure, mais aussi la réutilisation de l'engin. Cela montre à quel point ils ont acquis la maîtrise des techniques. Les calculateurs électroniques les plus puissants mis au service de la recherche spatiale ont eu un rôle décisif. Sans eux nous en serions encore aux premières décimales près en matière de trajectographie et à la préhistoire de l'exploitation planétaire.

« Skylab » et « Soyouz », les laboratoires de l'espace

Après une première mission de vingt-huit jours (Journal de l'année 1972-73), la station orbitale Skylab accueille, le 28 juillet 1973, son deuxième équipage, composé de Jack D. Lousma, Owen K. Garriott et Alan L. Beam, commandant de bord. Pour combattre les effets de l'absence de pesanteur (leurs prédécesseurs avaient perdu 15 % de globules rouges), une grande place est accordée aux activités physiques : une heure et demie par jour (au lieu de 30 mn) de bicyclette ergométrique et d'exercices aux extenseurs. Contrariée au début par une difficile adaptation à l'absence de pesanteur (surtout par un mal de l'espace persistant), la mission est émaillée d'incidents : fuites, pannes et fausses alertes.

Le 2 août, on envisage même de procéder à une opération de sauvetage, le vaisseau Apollo ayant perdu l'usage d'un deuxième moteur sur les quatre servant à l'orienter pour le retour au sol.

Études

Finalement, les trois hommes pourront mener à terme, pendant deux mois, un vaste programme de recherches dans des domaines très différents. En astronomie, ils ont fait progresser considérablement la connaissance du Soleil en prenant 77 600 clichés, sur lesquels figurent notamment de gigantesques éruptions et une tache dont le diamètre atteint deux fois et demie celui de la Terre. Les astronautes ont ramené 16 400 photographies de la Terre concernant les ressources agricoles, géologiques, forestières, hydrologiques ; des feux de forêt, des cyclones, des courants maritimes ont aussi été photographiés. En biologie, outre l'étude de leur propre organisme, ils ont procédé à des expériences portant sur des moustiques, des souris, deux vairons adultes et une cinquantaine d'autres issus d'œufs éclos dans l'espace, deux araignées dont l'une, Arabella, a tissé sa toile dans la cabine sans être gênée par l'absence de pesanteur. Un four électrique a permis d'étudier l'influence sur la fusion et la solidification de matières cristallines en l'absence de pesanteur. Enfin, on a essayé deux modèles de fauteuils autopropulsés prévus pour le déplacement dans l'espace.

Constatations

Les 6 et 24 août et le 23 septembre des sorties ont lieu en vue de faire des réparations et de charger et décharger les magasins photographiques. La première s'est prolongée durant six heures vingt-trois minutes, ce qui constitue un record.