Le Pakistan demande au Conseil de sécurité d'intervenir. « L'Inde est déterminée à agir dans le sens de ses intérêts nationaux », répond le gouvernement indien. Dans la nuit du 2 décembre, la 7e division pakistanaise, basée à Peshawar, fait mouvement vers la frontière. Stimulés par l'annonce prochaine de la fourniture de Mig chinois et de F-104 américains, livrés par le canal de la Jordanie et de la Libye et de l'interruption de l'aide militaire américaine à l'Inde, les Pakistanais se décident à ouvrir un front dans le secteur occidental.

La guerre

Le vendredi 3 décembre 1971, vers 6 h du soir, la nuit est déchirée par le hurlement des avions à réaction pakistanais qui foncent au-dessus de la frontière indienne bombarder leurs objectifs : 8 aérodromes (Amritsar, Pathankot, Srinagar, Chandigarh, Ambala, Uttarlai, Jodhpur et Agra, la ville du Taj Mahal, à 530 km à l'intérieur). L'intention pakistanaise est de clouer au sol l'aviation ennemie, dans une opération-surprise à l'israélienne. Mais les Indiens avaient aussi étudié la guerre des Six-Jours. Leurs appareils étaient dispersés et camouflés à l'écart des pistes.

D'autres informations font état d'une intervention de 4 avions indiens, le 2 décembre, dans la région de Sialkot. Le raid pakistanais ne serait donc qu'une réponse à l'attaque indienne. La guerre ouverte sans déclaration de guerre vient de s'engager.

Les avions indiens bombardent à leur tour 9 aérodromes pakistanais. Le 3 et le 4, l'activité aérienne des deux adversaires redouble.

Les forces terrestres pakistanaises exercent une forte pression au Cachemire et au Penjab, en particulier autour de Chhamb, Punch, Uri, Dera Baba Nanak, Pathankot. Leur objectif : isoler le Cachemire. Le 8, les Indiens doivent évacuer Chhamb en laissant derrière eux 15 chars et plus de 100 prisonniers. Dans le Sind, en revanche, les Indiens ont l'avantage : ils progressent de 40 km au nord du désert de Kutch.

Le front est

Dans la matinée du 4, Dacca subit 120 attaques aériennes. Des vagues de Mig de construction soviétique s'abattent pendant deux jours — on comptera 700 sorties — sur les bases pakistanaises du Bengale Oriental et les rendent inutilisables. Sur une trentaine d'avions, seuls 3 Sabres en réchappent. Le ciel est totalement indien.

Au sol, les troupes indiennes poursuivent leur progression au nord vers Phulbari, Kamalpur et Sylhet ; à l'est, autour de Comilla, par un mouvement de tenaille visant les deux ports fluviaux d'Ashuganj et de Chandpur, à 80 et 60 km au nord et au sud de Dacca ; à l'ouest, vers Darshana, elles évitent Jessore et la garnison de 6 000 hommes enterrée à la chinoise.

La ville frontière d'Akhaura, en face d'Agartala, tombe le 5 ; le 6, c'est Laksham, sur la route de Chandpur, à l'ouest Darshana, au nord Kamalpur et Larmanirhat. Le 7, les Indiens enlèvent Jessore, Feni et Chandpur. Parmi les points de résistance : Hilli et Sylhet. À Hilli, les postes changent vingt fois d'occupant depuis la mi-novembre.

Sylhet tombe dans la nuit du 7 au 8 décembre, à la suite d'un assaut des Gurkhas indiens, qui enlèvent la place au corps à corps. Ailleurs, la guerre demeure davantage celle de gentlemen flegmatiques, d'anciens camarades de l'armée des Indes, la plupart originaires de la même région, le Pendjab, comme les deux commandants en chef, le sikh J. S. Aurora et le musulman A. K. Niazzi.

Le 8, Comilla, la plus forte garnison du Bengale, tombe, ainsi que Brahmanbaria et Daudkhandi, située au sud, à 35 km seulement de Dacca. La capitale, Rangpur, et Chittagong restent les trois seuls réduits pakistanais.

Sur mer

Chittagong et Cox's Bazar, les deux grands ports, sont pilonnés sans cesse. À la suprématie aérienne au Bengale Oriental, la marine indienne ajoute la maîtrise des mers, à l'est comme à l'ouest. Elle coule un sous-marin, le Ghazi, et 6 patrouilleurs, dans la baie du Bengale, le 5 ; 2 torpilleurs, dans la base de Karachi, le même jour ; 4 autres le 6.

Les navires marchands qui veulent forcer le blocus sont arraisonnés ; c'est le cas de plusieurs cargos américains. L'un d'eux, le Gulf Star, est coulé.

Nations unies

Tous les efforts, sur le plan diplomatique, pour mettre fin au conflit, s'avèrent infructueux : consultations des pays arabes, médiation de Paul VI. Dès le 4 décembre, le Conseil de sécurité est saisi d'une demande de cessez-le-feu et de retrait des troupes présentée par 8 pays dont les États-Unis.