Journal de l'année Édition 1969 1969Éd. 1969

Les guérilleros palestiniens stationnés sur la rive orientale du Jourdain améliorent leur équipement et manifestent une plus grande combativité. Ils pilonnent le territoire tenu par les Israéliens de l'autre côté de la voie d'eau, infligeant des pertes aux colonies militaires fraîchement installées. L'État hébreu riposte par des raids massifs de représailles tantôt contre des camps d'entraînement de commandos, tantôt contre des objectifs militaires et civils en Jordanie. Le bombardement, le 4 août 1968, des bases de l'organisation El Fath autour de la ville de Sait provoque la mort de 28 personnes, dont 23 civils. Le Conseil de sécurité condamne Israël pour cette attaque.

Les principales organisations palestiniennes

Cinq organisations distinctes forment ce qu'on appelle généralement la résistance palestinienne. Voici leur fiche d'identité.

– El Fath (Mouvement de libération de la Palestine) a déclenché la lutte armée contre Israël le 1er janvier 1965. Son objectif politique est de détruire les « structures sionistes de l'État juif » avant de réunifier la Palestine, qui deviendrait un État laïque intégré au monde arabe. Incontestablement la plus puissante des organisations palestiniennes, El Fath entend demeurer au-dessus des luttes idéologiques et politiques qui agitent le monde arabe.

Il entretient de bons rapports aussi bien avec les monarchies conservatrices qu'avec les républiques socialisantes de la région. Il revendique cependant le droit de poursuivre ses activités dans les pays arabes en dehors de tout contrôle. Se présentant comme un front national, ses rangs sont ouverts à tous les Palestiniens de toutes confessions et de toutes opinions politiques. L'un de ses objectifs est de créer une « légion juive » qui combattrait à ses côtés pour la « libération de la Palestine ».

Organisation clandestine, implantée aussi bien dans les pays arabes que dans les territoires contrôlés par Israël, El Fath n'a révélé le nom que d'un seul de ses dirigeants, Yasser Arafat, dit Abou Ammar, son unique porte-parole. Sa branche militaire Al Assifa entretient des camps d'entraînement en Jordanie, en Syrie, en Egypte, en Irak, en Algérie, et forme certains de ses officiers en Chine populaire.

– Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) est considéré comme le deuxième en importance des mouvements de résistance palestiniens. Fondé au lendemain de la guerre des Six-Jours par le Dr Georges Habache, il est issu du mouvement des Nationalistes Arabes, organisation pan-arabe et socialisante. Son siège est à Amman. Ses objectifs politiques sont très proches de ceux d'El Fath. Il passe cependant pour avoir davantage d'adhérents qu'El Fath dans les territoires occupés, où les cellules du parti qui existaient avant l'occupation israélienne ont été transformées en réseaux de saboteurs.

Contrairement à El Fath, le FPLP ne tente pas d'épargner les objectifs civils, soutenant qu'une guerre totale doit être menée contre Israël. Ce sont, en effet, ses membres qui ont dérouté, en juillet 1967, un avion d'El Al vers l'Algérie et ont tenté de détruire deux autres avions israéliens, l'un à Athènes en décembre 1968, l'autre à Zurich en mars 1969.

– Le Front démocratique et populaire pour la libération de la Palestine (FDPLP) est issu du FPLP, duquel il s'est séparé en février 1969. Dirigé par un intellectuel jordanien, Nayef Hawatemah, il se réclame du marxisme-léninisme et veut mener de front la libération de la Palestine et la révolution socialiste. Dans cette optique, il dénonce la « collaboration » des autres organisations de résistance avec les « régimes arabes réactionnaires » et prône une mobilisation populaire dans tout le monde arabe. En outre, il reproche aux autres mouvements leur « chauvinisme » et propose, pour sa part, que le conflit palestinien soit réglé par l'exercice du droit à l'autodétermination à la fois par le peuple arabe et par le peuple juif de Palestine.

Cependant le FDPLP rejoint le FPLP et El Fath sur la nécessité de poursuivre la lutte armée en vue de détruire l'État sioniste, considéré comme une implantation impérialiste.