Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
O

œuf (suite)

La Poule ne possède qu’un ovaire et un oviducte, du côté gauche. Entre l’ovulation, ou émission de l’ovule, et la ponte s’écoulent de 24 à 26 heures, pendant lesquelles se formeront les membranes et coquilles de l’œuf. L’oviducte de Poule présente plusieurs régions ayant chacune un rôle précis :
— le pavillon, qui reçoit l’œuf émis ;
— le magnum, région contournée et glandulaire (l’œuf y entre selon un grand axe et y demeure 3 heures ; il s’y entoure de fibres de mucine et d’albumen très dense ; la couche de blanc qui se forme ainsi est plus mince en direction du cloaque ; ce sera le petit bout de l’œuf) ;
— l’isthme, moins contourné, qui reçoit l’œuf durant 1 heure, pendant laquelle se déposent les fibres de kératine qui formeront la double membrane coquillière ; la forme de l’œuf est acquise ;
— l’utérus, sorte de poche dilatée où l’œuf séjournera de 20 à 22 heures ; il baigne dans une solution aqueuse de sels minéraux et double de volume ; au bout de 7 heures, la coquille s’édifie ;
— le vagin, qui termine l’oviducte et débouche dans le cloaque.

L’œuf pondu comprend donc trois éléments.
1. Le jaune, ou ovule (30 p. 100 du poids de l’œuf), est entouré d’une membrane vitelline portant à sa surface la cicatricule où s’effectue le développement.
2. Le blanc, ou albumen (60 p. 100 du poids de l’œuf), est formé d’un albumen liquide entourant le jaune sous la membrane coquillière, excepté aux deux bouts, et d’un albumen moins fluide adhérant aux deux bouts à la membrane coquillière. L’enroulement des chalazes, tortillons fibrillaires de mucine, qui maintiennent le jaune sur le blanc, prouve que pendant la descente l’œuf tourne sur lui-même selon son grand axe. Les chalazes se prolongent par une membrane chalazifère autour de la membrane vitelline.
3. La coquille (10 p. 100 du poids de l’œuf) est constituée de cristaux de calcite ; la membrane coquillière, sous la coquille, se dédouble au gros bout de l’œuf, ainsi se forme la chambre à air. L’œuf d’Oiseau enfermé dans sa coquille forme un système clos dépendant du milieu extérieur seulement pour les échanges gazeux. La polarité de l’œuf d’Oiseau est très marquée.


Œuf d’Insecte

L’œuf est ovale, entouré d’une coque rigide, le chorion, percé d’un ou de plusieurs micropyles disposés à l’extrémité antérieure. Le cytoplasme périphérique comprend le périplasme, une couche mince, et l’ooplasme, sorte de réseau dans les mailles duquel se trouve le vitellus. Le noyau est au centre de l’œuf ou au voisinage.


Survie des œufs

La durée de vie d’un œuf est limitée ; elle est de l’ordre de quelques secondes à quelques minutes chez les animaux aquatiques ; la durée maximale, de 3 à 4 heures, s’observe chez les Ascidies (Tuniciers). Une modification chimique faible (diminution du pH ou du taux de calcium) peut accroître la durée de survie avant la fécondation ; les œufs d’Oursins vivent cinq fois plus longtemps dans l’eau de mer stérile. Le vieillissement de l’œuf entraîne une destruction superficielle ; l’adénosine triphosphate à faible concentration prolonge la survie et entretient les œufs âgés ; une source d’énergie semble donc favorable à la prolongation de la vie de l’œuf ; le vieillissement de l’œuf serait dû au manque de synthèse d’un transporteur d’énergie.

Cette sénescence rapide de l’œuf exige que la fécondation s’effectue dès l’ovulation ; chez certains Poissons, les Reptiles, les Oiseaux, la fécondation doit se faire dans les minutes qui suivent l’ovulation. L’œuf des Mammifères doit en général être fécondé dans la journée de l’ovulation ; les délais de fécondation sont de 2 à 4 heures pour le Jument, de 4 à 8 heures pour la Souris, d’une dizaine d’heures pour la Ratte, de 24 heures ou même moins pour la Femme ; chez la Chienne, le délai, notablement plus long, pourrait atteindre plusieurs jours, peut-être une semaine.

Par suite de cette fragilité, la conservation des œufs en vue de transplantation est plus difficile que celle des spermatozoïdes, qui conservent plus longtemps leur vitalité.


Caractères généraux de l’œuf

L’œuf vierge, ou ovule, est un gamète ayant des caractères cytologiques spéciaux : réduction chromatique, aptitude à s’associer avec le gamète mâle et à subir après fécondation les diverses phases du développement ontogénétique ; la présence de vitellus marque une activité cytoplasmique importante ; elle conditionne les dimensions volumineuses de l’œuf ; la disproportion entre l’œuf vierge et le spermatozoïde est caractéristique ; le volume de l’œuf de Grenouille représente 300 millions de fois celui du spermatozoïde ; dans l’espèce humaine, où l’œuf est cependant à peu près dépourvu de vitellus, son volume correspond à 10 000 fois celui du spermatozoïde. L’hétérogénéité du cytoplasme permet de distinguer un cytoplasme cortical, responsable des échanges avec le milieu, différant par sa structure et sa nature chimique du cytoplasme profond, qui renferme des éléments ayant des propriétés morphogénétiques différentes, marquées par une pigmentation ou une composition chimique particulières, acide ribonucléique, plaquettes vitellines, granulations diverses répartis en gradients. Certains œufs (Nématodes, Oursins, Amphibiens) contiennent dans leur cytoplasme une grande quantité d’acide désoxyribonucléique (A. D. N.) ; elle est estimée équivalente à l’A. D. N. nucléaire de 3 900 à 25 000 cellules diploïdes ; cet A. D. N. sera utilisé après la fécondation, au moment où des divisions très rapides s’effectuent.

Cette hétérogénéité entraîne la polarité de l’œuf, qui se traduit par des marques visibles : coloration des œufs d’Amphibiens, morphologie externe des œufs d’Insectes. L’axe de polarité permet de définir un pôle animal et un pôle végétatif.

L’œuf, apparemment homogène avec des hétérogénéités locales, est relativement simple par rapport à l’adulte auquel il donne naissance. Mais il possède une structure chimique extrêmement complexe qui n’est pas encore parfaitement connue.