Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nouvelle (suite)

 G. Hainsworth, les « Novelas ejemplares » de Cervantès et la France au xviie siècle (Champion, 1934). / B. von Wiese, Novelle (Stuttgart, 1963). / F. Deloffre, la Nouvelle en France à l’âge classique (Didier, 1968). / R. Godenne, Histoire de la nouvelle française aux xviie et xviiie siècle (Droz, Genève, 1970). / R. Thieberger, le Genre de la nouvelle dans la littérature allemande (Les Belles Lettres, 1970).

Nouvelle-Angleterre

En angl. New England, ensemble des États américains correspondant aux anciennes colonies anglaises fondées au xviie s. sur la côte atlantique des États-Unis : New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, Vermont et Maine.


Reconnue et baptisée par John Smith (v. 1579-1631), en 1614, la Nouvelle-Angleterre commença par être un refuge. En 1620, les pèlerins — pilgrims — en rupture avec l’Église anglicane débarquèrent aux abords du Cap Cod et fondèrent la colonie de Plymouth. Dix ans plus tard, des puritains s’établirent, munis d’une charte royale, dans la baie du Massachusetts, bâtirent Boston et s’organisèrent politiquement sous la direction de John Winthrop (1588-1649). Riches et actifs, ils ne tardèrent pas à essaimer, par exemple dans la vallée de la Connecticut, à Hartford, à Windsor et à Wethersfield ; ces trois villes s’unirent en 1662 avec la colonie de New Haven pour former le Connecticut. Entre-temps, Roger Williams (v. 1603-1683), avait rompu avec les puritains, acheté des terres aux Indiens près de l’actuelle Providence et créé le Rhode Island (1636). Au nord, le New Hampshire commençait à être mis en valeur ; en 1677, entre la Merrimack et la Kennebec, les Bostoniens achetaient aux héritiers de sir Ferdinando Gorges (v. 1566-1647), le territoire du Maine. La Nouvelle-Angleterre comptait 92 763 habitants à la fin du xviie s. et 571 038 à la veille de la Révolution, soit un peu moins de 30 p. 100 de la population coloniale. Le Massachusetts est, après la Virginie et la Pennsylvanie, la colonie la plus peuplée ; Boston, après Philadelphie et New York, est la cité la plus puissante.

Les puritains, ou congrégationalistes, constituent une secte dissidente de l’Église anglicane. Leur vie religieuse et leur système social sont réglés par les trois pactes, ou covenants : entre Dieu et l’homme, entre l’Église et ses membres, entre l’État et les citoyens. Ils n’éprouvent aucune inclination pour la tolérance : les quakers sont persécutés, les baptistes de Roger Williams pourchassés, et ceux que la rumeur publique accuse de sorcellerie meurent, comme à Salem en 1692, sur le bûcher. Quant aux Indiens, ils sont combattus avec acharnement et bonne conscience, et expropriés sans ménagements.

Pour les puritains, l’inactivité est un péché : Dieu ne désigne-t-il pas ses élus en leur accordant la réussite matérielle ? Les terres, régulièrement divisées entre les membres de la communauté, ne portent pas de récoltes abondantes ; c’est donc le négoce qui enrichit. Le long des cours d’eau, des chantiers navals construisent des bateaux, dont une partie sera vendue aux Britanniques. De Boston ou de Salem partent vers les Antilles les vaisseaux qui transportent le rhum et rapporteront des esclaves, des sucres et mélasses, des produits manufacturés ; des flottilles de pêche quittent Nantucket et d’autres petits ports pour les côtes de Terre-Neuve.

L’éducation de l’esprit n’est nullement négligée. Dès leur arrivée en Amérique, les puritains ouvrent des écoles primaires et secondaires ; en 1636, à Cambridge, s’ouvre le premier collège universitaire d’outre-Atlantique, créé grâce aux fonds de John Harvard ; en 1701, à New Haven, s’ouvre un collège doté par Elihu Yale ; au xviiie s., un collège baptiste est fondé dans le Rhode Island (il deviendra Brown University), et Dartmouth College, dans le New Hampshire, est destiné, à l’origine, à l’éducation des Indiens.

Vis-à-vis de la métropole, les colonies de la Nouvelle-Angleterre disposent, de par leurs chartes, d’une large autonomie. À l’intérieur, le régime évolue rapidement vers une démocratie plus ou moins directe. Les habitants de la communauté, ou town, débattent de leurs affaires dans des réunions périodiques ; le droit de vote est largement répandu. Les premiers journaux paraissent à Boston, où les frères Benjamin et James Franklin* commentent, non sans difficulté avec le pouvoir politique, les nouvelles locales. Aussi, les événements qui surviennent après la guerre de Sept Ans (1756-1763) sont-ils suivis avec passion ; Boston et le Massachusetts se placent à l’avant-garde du combat pour l’indépendance. C’est à Lexington, à quelques kilomètres de Boston, que s’engage le premier combat de la Révolution.

Les lendemains de la guerre sont pour la Nouvelle-Angleterre une période difficile. Le marché anglais se ferme ; les bateaux de Boston et de Salem pénètrent timidement en Méditerranée, dans la Baltique et le Pacifique jusqu’en Chine. À peine la prospérité revient-elle, la guerre entre la France de Napoléon et la Grande-Bretagne lui porte de nouveaux coups. La région n’en est pas moins dominée par les intérêts maritimes ; ceux-ci entraînent la Nouvelle-Angleterre du côté des fédéralistes, la poussent à s’opposer à la guerre de 1812-1814 et à menacer l’unité de la nation.

La paix revenue, le Nord-Est consacre son énergie à de nouvelles activités. Le blocus européen, l’embargo instauré — provisoirement — par les États-Unis ont créé des besoins. Le commerce maritime cède peu à peu la première place à l’industrie textile. Celle-ci s’installe autour de Boston, dans la vallée de la Merrimack ; elle fait appel à la main-d’œuvre locale, composée des jeunes filles de la campagne, puis à l’immigration canadienne-française et irlandaise. Grâce à d’importants capitaux d’origine commerciale, la petite ville de Lowell devient « le Manchester de l’Amérique ». Toutefois, malgré son rôle de précurseur, la Nouvelle-Angleterre se laisse distancer par New York et la Pennsylvanie. En 1860, Boston est au quatrième rang des villes américaines : Baltimore l’a dépassée, et La Nouvelle-Orléans la suit de près.