Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Namur (suite)

Le tertiaire, par contre, occupe 70 p. 100 des actifs dans la commune même de Namur. C’est un centre qui exerce une attraction sur 375 000 personnes, ce qui est, proportionnellement, considérable. Cette attraction s’étend vers l’Ardenne (sur la province et sur celle du Luxembourg) et aussi sur le Brabant wallon. Centre administratif, religieux, universitaire (université catholique), Namur est encore une ville touristique : site de la citadelle, bords de Meuse, nombreux musées réputés, vieilles maisons et point de départ pour des randonnées.

Namur veut être un élément moteur dans une province dont la croissance n’est pas assez rapide. La ville escompte beaucoup des améliorations de navigabilité des voies d’eau, mais surtout sur l’ouverture des deux axes autoroutiers, E40 et E41. De ce fait, elle compte attirer des industries, mais la ville souhaite aussi servir de relais à Bruxelles, en direction du Sud ardennais, utiliser sa position géographique médiane entre Charleroi et Liège pour concentrer des activités wallonnes qui se dispersent et devenir le pôle d’animation d’un Sud-Est qui, actuellement, se dépeuple.

A. G.

➙ Ardenne (l’) / Belgique.

Nancy

Ch.-l. du départ. de Meurthe-et-Moselle, sur la Meurthe ; 111 493 hab. (Nancéiens).



L’histoire

Nancy est née autour d’un château ducal, établi au xie s. entre la forêt de Haye et les bords marécageux de la Meurthe. Elle est, plus que d’autres villes, le fruit de la volonté des hommes et plus spécialement des princes. Résidence ducale, bourgade d’artisans et de bourgeois, elle était à l’écart des grandes voies naturelles de circulation et n’a grandi que par impulsions brusques, chacune d’elles lui apportant un influx nouveau.


La résidence ducale

Les premiers sites habités autour de Nancy sont ceux de Vandœuvre-lès-Nancy et de l’éperon de Sainte-Geneviève. Plus tard, le fond de la vallée est occupé à son tour. Le duc de Haute-Lorraine Gérard Ier (de 1048 à 1070) établit un château près de la paroisse de Saint-Dizier. L’arrivée des moines de Solesmes vers 1075 donne corps à la fondation. Au xiie s., Nancy sert de plus en plus souvent de résidence aux ducs, et c’est pour cette raison qu’elle est incendiée en 1218 par les troupes champenoises. À la fin du xiiie s., Ferry (ou Ferri) III (de 1250 à 1303) bâtit un nouveau château et jette les bases de la vieille ville fortifiée, dont la porte de la Craffe est le plus ancien vestige. Nancy n’est pas alors une ville importante ; c’est le centre du baillage, mais Toul, sa voisine est le chef du diocèse. Elle a un atelier monétaire, une halle et quelques corporations, mais le grand trafic se fait à Saint-Nicolas-de-Port, à douze kilomètres en amont. Le duc Raoul (de 1329 à 1346) crée la collégiale Saint-Georges (1340) et accorde la foire de mai. Mais la cour ducale vivote, car son prince manque de puissance et de ressources. L’union avec le duché de Bar lui assure enfin, au xve s., une plus fière allure, et Charles* le Téméraire, qui prend la ville en 1475, y voit un centre de ses futurs États. La bataille au cours de laquelle meurt le grand duc d’Occident (5 janv. 1477) en tentant de reprendre la ville au duc René II (qui l’a réoccupée en oct. 1476) marque une étape : Nancy accède à l’âge adulte.


Nancy, capitale du duché

Le traité de Nuremberg fait de la Lorraine un État indépendant (1542) ; les Trois-Évêchés n’y seront pas incorporés de sitôt, et la véritable unité du pays ne peut se faire. Nancy grandit donc en concurrente de la cité mosellane ancienne. Déjà avec René II (de 1473 à 1508) et Antoine Ier le Bon (de 1508 à 1544), une politique de travaux traduit la nécessité d’un agrandissement. Les bases du nouveau palais ducal, encore visible aujourd’hui, sont alors jetées. Mais c’est Charles III (de 1545 à 1608) qui donne soudain à l’ensemble une nouvelle dimension : le duc crée la « Ville neuve », triplant la surface initiale, absorbant les faubourgs, élevant une longue enceinte trouée de trois portes, adoptant un plan régulier de colonisateur. L’ancien quartier demeure résidentiel et marchand. Les bourgeois, les artisans, les commerçants, de nombreuses maisons religieuses peuplent l’espace nouveau.

Charles III aurait voulu faire de Nancy le centre d’un évêché : on lui accorda seulement un chapitre primatial (1602). Le xviie s. représente un temps faible dans l’histoire de la ville : les Français l’occupent de 1633 à 1659 et de 1670 à 1698. C’est le prélude à une annexion définitive, dont le temps de Léopold (de 1697 à 1729) et de Stanislas* Leszczyński (de 1738 à 1766) marque l’attente. Le duc Léopold fait beaucoup pour animer un État délaissé et malmené. Nancy bénéficie de l’élan économique : la draperie, le commerce d’exportation lui donnent de l’activité. Le réseau de circulation s’améliore nettement. La Ville neuve de Charles III achève de se peupler, et Léopold fait élever la cathédrale. Mais c’est surtout Stanislas qui contribue à donner à Nancy un nouveau visage. Le roi-duc habite Lunéville, mais il n’entend pas délaisser la capitale des duchés. L’ensemble grandiose qu’il fait édifier pour effacer la séparation des deux villes révèle ses intentions. Il installe en 1762 un collège de médecine (auquel s’adjoindra en 1768 l’université transférée de Pont-à-Mousson) et obtient grâce à sa constance la création d’une bibliothèque et surtout d’une académie. Nancy s’élève enfin au rang de grande ville de province ; l’activité économique s’y double du prestige intellectuel. Un évêché lui est encore donné en 1777 par démantèlement de celui de Toul.


L’essor contemporain

La Révolution et l’Empire marquent peu la ville, où cependant se conserve longtemps le souvenir d’un incident sanglant entre officiers royalistes et soldats républicains (1790). Nancy devient chef-lieu d’un département de la Meurthe. Bientôt, l’essor des faubourgs se fait plus actif. Les murailles sont débordées, puis abattues ; le peuplement commence à s’échelonner vers les villages voisins. L’essor commercial est plus dynamique ; le canal de la Marne au Rhin et le chemin de fer relient depuis 1852-53 Nancy directement à Paris et à Strasbourg au prix d’un détour compliqué. À la suite de la défaite de 1871, l’établissement de la nouvelle frontière provoque un afflux de personnes et de capitaux venus d’Alsace-Lorraine et dont bénéficie particulièrement l’industrie (librairie, verrerie). La période de 1850 à 1914 est aussi marquée par l’activité intellectuelle et artistique. Catholicisme social et lotharingisme animent les hautes sphères. La ville atteint un niveau culturel satisfaisant, les facultés de sciences et de lettres sont rétablies en 1854 ; celle de droit s’y ajoute en 1865 ; les professeurs de médecine de Strasbourg se réfugient à Nancy, qui voit se créer en 1872 une faculté de médecine, ce qui donne à Nancy une université complète ; de nombreuses grandes écoles s’y adjoignent (Eaux et Forêts, Chimie, Électricité, etc.).