Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

monnaie (suite)

Frappe des monnaies

• L’outillage de frappe. Cet outillage se compose de deux coins et d’une virole.

Les coins, en acier trempé, de forme générale de révolution, présentent en creux la contrepartie des motifs à faire apparaître sur l’avers et le revers de la pièce. Ces gravures, décolletées au diamètre de cette pièce au jeu nécessaire près, sont obtenues par empreinte d’une contrepartie en relief que porte un instrument de reproduction en acier trempé et fretté, appelé poinçon ; l’opération, réalisée au balancier, est dite « enfonçage » ou « tirage » ; le galet d’acier, appelé à recevoir l’empreinte et qui est à l’état recuit, a reçu préalablement une forme conique, soigneusement polie. S’agissant de reliefs modérés, l’empreinte est généralement réalisée en deux coups de balancier au plus, après quoi le galet reçoit, au tour, la forme prévue, puis est trempé.

Mais la possession d’un poinçon unique laisserait subsister les risques provenant d’accidents ou d’incidents. Aussi opère-t-on de la façon suivante. À l’origine, un poinçon unique appelé prototype permet par enfonçage d’établir des outils en creux appelés matrices, qui, après trempe et frettage, donnent par des opérations analogues inverses appelées relevages une série de poinçons ; à leur tour, ces poinçons engendrent de nouvelles matrices, puis de celles-ci on tire de nouveaux poinçons, qui sont les poinçons de service, utilisés pour le tirage des coins.

Au cours de ces générations successives de poinçons, de matrices et de coins s’intercalent des opérations d’usinage au tour, et des traitements thermiques, trempes et recuits, les chauffages afférents à ces traitements étant conduits à l’abri de l’oxydation. On exécute également, au moment voulu, les modifications nécessaires, comme par exemple les changements du millésime.

Autrefois gravé à la main directement sur acier, le prototype est aujourd’hui établi mécaniquement d’après un modèle à grande échelle, au moyen d’une machine du genre fraiseuse à reproduire et à réduire, nommée usuellement tour à réduire.

La virole, également en acier trempé, est un instrument de forme annulaire, dont l’alésage est en rapport avec le diamètre de la pièce et les caractéristiques à donner à la tranche.

Les coins et la virole forment un outillage de matriçage apte à réaliser un moulage complet, à l’état solide, du flan qui doit en sortir sous forme d’une pièce entièrement terminée, tranche comprise, d’un seul coup de presse : cette condition limite l’importance des reliefs des pièces de monnaie. Dans les cas les plus ordinaires, l’alésage de la virole est lisse, c’est-à-dire exactement cylindrique, ou cannelé, et on obtient des pièces à tranche lisse ou à tranche cannelée, dont l’extraction de la virole, ou dévirolage, ne présente pas de difficulté.

La virole brisée permet d’obtenir des tranches avec inscription en relief. À cet effet, l’inscription désirée est insculpée, à l’envers et en creux, dans l’alésage de la virole, qui, pour permettre un dévirolage sans effacement de l’inscription venue en relief sur la tranche, est établie en trois secteurs ; ceux-ci sont usinés à l’extérieur coniquement et logés dans un collier spécial alésé à la même conicité ; ils sont tenus légèrement soulevés par des ressorts et c’est le coin supérieur qui, à l’instant de la frappe, les remet à leur place.

Un procédé, moins satisfaisant, permet d’obtenir des tranches portant une inscription en creux. Il consiste à faire venir cette inscription sur la tranche du flan, lors de l’opération du cordonnage, en utilisant un coussinet qui la porte en relief. La frappe, alors faite avec une virole lisse, laisse subsister l’inscription qui est seulement légèrement atténuée. Les inscriptions ainsi obtenues ne sont pas orientées par rapport aux motifs des faces de la pièce.

Les coins ont une vie limitée, et la marche des fabrications de frappe nécessite une fabrication continue de ces instruments, qui doivent, pour chaque type de pièces, être rigoureusement identiques entre eux, quelle que soit la durée de la fabrication dont il s’agit.

• La frappe proprement dite. Elle s’exécute à la presse. Traditionnellement, les presses monétaires sont du type vertical, à bâti à arcade, à leviers et à genouillères, mais il en existe à excentrique, et récemment il a été mis en service des presses horizontales. La marche est continue, à la volée, suivant l’expression usitée, et dans chaque cycle ou course complète du coulisseau la presse assure, outre l’opération proprement dite de la frappe, la mise en place dans la virole du flan à frapper, l’extraction de la virole de la pièce frappée, ou dévirolage, et l’éjection de la pièce ainsi extraite.

Après frappe, les pièces subissent un examen visuel.

L. D.

➙ Médaille / Numismatique.


Le rôle économique de la monnaie

« Bien d’échange généralement accepté au sein d’une communauté de paiement » (R. Barre), la monnaie a revêtu toutes sortes de formes. À l’origine, c’était un étalon dont la valeur était connue et reconnue par tous : coquillages, métaux précieux, sacs d’épices. Ce caractère n’a pas disparu, mais, de simple étalon, la monnaie est devenue peu à peu un instrument de réserve : à la simple nécessité d’avoir un instrument dont la valeur était connue de tous, il a fallu ajouter le caractère de permanence. Peu à peu, la valeur intrinsèque de l’instrument monétaire a disparu et on a tendu à faire de la monnaie un instrument de circulation commode gagé par du métal (billets de banque, à l’origine gagés sur l’or), puis sur des opérations commerciales, mais n’ayant pas dans sa matérialité même de valeur intrinsèque.

Un élément constitutif permanent de la monnaie est la confiance. Quand celle-ci disparaît, les agents économiques ont tendance à échanger leur monnaie contre des biens et services tangibles (fuite devant la monnaie).