Mongols (suite)
La décadence
Complètement turquisés, les Djaghataïdes, héritiers de Gengis khān, se dispersent au xvie s. et disparaissent à la fin du xviiie s. Plus énergiques, les héritiers de Kūbīlāy, réfugiés en Mongolie, réunifient une dernière fois les tribus mongoles sous l’autorité de Dayan khān (1470-1543) et d’Altan khān (1543-1583), et même menacent Pékin, qu’ils assiègent en 1550. Mais en 1635 la Mongolie orientale passe sous la domination des Mandchous (la Mongolie occidentale est alors sous contrôle des Kalmouks, ou Oïrats), tandis que les derniers Mongols se convertissent au lamaïsme bouddhique.
Finalement, c’est en Occident que la descendance gengiskhānide issue de Djūtchī se perpétue le plus longtemps. Sans doute, deux des khānats nés de la dislocation de la Horde d’Or sont-ils rapidement incorporés à la principauté de Moscovie par le tsar Ivan le Terrible : ceux de Kazan (1445-1552) et d’Astrakhan (1466-1556), tandis que le khānat de Kassimov conserve une indépendance au moins nominale jusqu’en 1681. Celui de Crimée, en acceptant volontairement le protectorat ottoman, résiste jusqu’en 1783 à la pression russe.
Plus longue est encore la survie en Asie centrale des khānats chaybānides, issus de Chaybān (Cheïban), fils de Djūtchī ; celui de Sibérie n’est en effet détruit par les Cosaques qu’à la fin du xvie s. ; celui des Ouzbeks, qui contrôle d’abord l’actuel Kazakhstan sous le règne d’Abū al-Khayr (1428-1468), se rétracte finalement à la seule Transoxiane, à laquelle Muḥammad Chaybānī († 1510), petit-fils d’Abū al-Khayr donne pour capitale Boukhara, d’où il chasse les Tīmūrides et où lui succèdent la dynastie gengiskhānide des Astrakhānides (1599-1785), puis celle des Mangit (1785-1920) qui reconnaît dès 1866 le protectorat russe. Enfin, deux autres dynasties chaybanides se perpétuent à Kokand (Khokand) de 1710 environ à 1876 et à Khiva de 1512 à 1920, date à laquelle le dernier descendant de Gengis khān, ‘Abd Allāh khān, est détrôné par les Soviets.
Ainsi s’achève obscurément et misérablement l’histoire d’une dynastie et d’un peuple qui, au temps de leur apogée, ont su édifier le plus vaste empire territorial qui ait jamais existé.
P. T.
➙ Chine / Gengis khān / Huns / Moscovie / Russie / Tīmūr Lang.
B. I. Vladimirtsov, Gengis khan (en russe, Petersbourg, 1922 ; trad. fr., Maisonneuve, 1948) ; le Régime social des Mongols (en russe, Leningrad, 1934 ; trad. fr., Maisonneuve, 1948). / R. Grousset, l’Empire des steppes, Attila, Gengis khan, Tamerlan (Payot, 1938). / L. Hambis, la Haute-Asie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1953) ; Documents sur l’histoire des Mongols à l’époque des Ming (P. U. F., 1971). / P. Pelliot, Histoire secrète des Mongols (Maisonneuve, 1959). / B. Spuler, les Mongols dans l’histoire (Payot, 1961). / Frère Jean de Plan Carpin, Histoire des Mongols (éd. par le P. C. Schmitt, Éd. franciscaines, 1961, et par J. Becquet et L. Hambis, Maisonneuve, 1965). / C. Lemercier-Quelquejay, la Paix mongole (Flammarion, 1970). / C. Commeaux, la Vie quotidienne chez les Mongols de la conquête (xiiie s.) [Hachette, 1972].