Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

miniature (suite)

Le portrait peint en émail* apparaît dès le xve s. en France ; sur papier, il est une spécialité de l’Angleterre du xvie s., notamment avec Nicholas Hilliard (1547-1619). Au début du xviiie s., la Vénitienne Rosalba Carriera (1675-1757) gagne une célébrité internationale grâce à ses portraits au pastel et à ses miniatures sur ivoire. La grande époque de ce genre ne débute en France qu’avec Per Adolf Hall (1739-1793), Suédois qui devient à Paris peintre du cabinet du roi et dirige un atelier célèbre. Boucher* et ses élèves, ainsi que Fragonard*, exécutent des portraits et des sujets galants. Les paysages sont plutôt le domaine de Louis Gabriel Moreau l’Aîné (1740-1806). En Angleterre, deux courants se partagent la miniature, l’un rapide et allusif avec Richard Cosway (v. 1742-1821), l’autre caractérisé par le style précis de John Smart (v. 1741-1811).

Élève de François Dumont (1751-1831) et portraitiste de la famille impériale française, Jean-Baptiste Isabey (1767-1855) prolonge la vogue de la miniature dans les premières décennies du xixe s. Elle n’est plus guère ensuite qu’une survivance.

E. M.

➙ Byzantin (Empire) / Carolingiens / Gothique (art) / Irlande.

 P. d’Ancona, La miniatura fiorentina, secoli xi-xvi (Florence, 1914 ; trad. fr. la Miniature italienne du xe au xvie s., Van Oest, 1925). / H. Martin, la Miniature française du xiiie au xive s. (Van Oest, 1923). / F. Winkler, Die flämische Buchmalerei des 15. und 16. Jahrhunderts (Leipzig, 1925). / A. Blum et P. Lauer, la Miniature aux xve et xvie s. (Van Oest, 1931), / A.-W. Byvanck, la Miniature dans les Pays-Bas septentrionaux (Éd. d’art et d’histoire, 1937). / E. Aeschlimann, Dictionnaire des miniaturistes du Moyen Âge et de la Renaissance (Milan, 1941). / H. Rieben, Bildnisminiaturen (Berne, 1945-1951 ; 9 vol.). / L. Réau, Histoire de la peinture au Moyen Âge, la miniature (d’Argences, 1948). / A. Grabar, la Peinture byzantine (Skira, Genève, 1953). / A. Grabar et C. Nordenfalk, le Haut Moyen Âge, de la fin de l’époque romaine au xie siècle (Skira, Genève, 1957) ; la Peinture romane (Skira, Genève, 1959). / D. Diringer, The Illuminated Book (Londres, 1958 ; 2e éd., 1967). / J. Porcher, l’Enluminure française (Arts et métiers graphiques, 1959). / J. Hubert, J. Porcher et W. F. Volbach, l’Europe des invasions (Gallimard, 1967) ; l’Empire carolingien (Gallimard, 1968). / M. Meiss, French Painting in the Time of Jean de Berry (Londres, 1967). / J. Marcade, Estampes et miniatures (Nagel, 1975).


La miniature islamique

La peinture du monde musulman était surtout connue jusqu’à une époque récente par la miniature, les fresques des époques omeyyades et ‘abbāssides étant considérées comme des survivances antiques. On sait mieux aujourd’hui, par les textes et par les découvertes, que des écoles de peinture murale n’ont pratiquement jamais cessé d’exister, du moins en Orient. Cependant, et malgré d’inévitables correspondances, il semble toujours vrai de dire que l’art d’illustrer les livres s’est formé et développé de façon indépendante. On peut encore discuter des origines et de la date de naissance de la miniature, mais il n’est plus guère possible d’admettre qu’elle fut l’apanage des Iraniens et que ceux-ci furent les seuls initiateurs des Turcs et des Indiens.


Écoles arabes

Une ou plusieurs écoles de miniaturistes ont bel et bien existé en pays arabes, même si elles ont subi, d’une certaine manière, l’influence de l’Iran*. Divers faits nous permettent de connaître l’existence, dès le xie s., de celle des Fāṭimides, au Caire, et nous possédons maint manuscrit de celle de Mésopotamie, sans doute formée également au cours du xie s. Les Seldjoukides, en ce domaine comme en d’autres, eurent un rôle essentiel. Un vieux roman épique iranien, Varkè et Golchāh, peint vers 1200, peut être considéré comme une des premières réalisations complètes que nous ayons conservées. À la fin du xiie et au début du xiiie s., en Iraq*, l’école dite « de Bagdad » s’exerce surtout à illustrer des traités traduits en arabe, traités de médecine (De materia medica de Dioscoride, Livre des Antidotes du pseudo-Galien), de physique ou d’astronomie. Elle s’intéresse aussi aux Fables de l’Indien Bidpay ou aux Séances (Maqāmāt) d’al-Ḥarīrī. Les artistes — et parmi eux Yaḥyā al-Wāsiṭī, excellent animalier, aux compositions cohérentes, au trait net et à la palette riche — décrivent largement la vie quotidienne et sociale, présentent des types humains aux vigoureux caractères sémitiques, une faune expressive, dans un style où la liberté et la fantaisie s’unissent à une vigueur un peu rude et au réalisme (Collection de manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris).


Écoles iraniennes

Au xiiie s., l’invasion mongole ruine l’école de Bagdad. Il est difficile de dire si c’est elle ou l’Égypte fāṭimide qui inspire, à l’époque mamelouke, une peinture tournée vers l’abstrait et le souci ornemental, mais où se font jour les influences d’Iran et d’Extrême-Orient. Du moins peut-on parler sans réserve d’école iranienne à Tabriz, devenue au xive s. la capitale des peintres. Dans les Chāh-nāmè de Firdūsī*, sujets de prédilection pendant longtemps (Chāh-nāmè Demotte), les apports chinois, plus puissants, se mêlent aux traits propres du génie iranien. Le fabuleux transparaît dans les paysages, nouvelle acquisition de l’art, traités avec naturalisme et élégance. Une conception particulière, proprement persane, de la perspective, réalisée par superposition à divers niveaux de personnages, doit s’être imposée, vers la fin du xvie s., à Chirāz. Mais c’est à Harāt — où a été fondée par les Tīmūrides, vers 1420, une Académie du livre — qu’un souci plus grand de la beauté et du raffinement, ne nuisant ni au rendu du mouvement, ni à l’observation, ni à l’équilibre, annonce le classicisme iranien. Behzād (Bihzād, v. 1450 - v. 1535?), à qui on a attribué plus d’œuvres qu’il n’en a faites, exerce une influence immense par son style intense et dramatique, par l’audace de ses compositions, par son désir de personnalisation, par son trait souple, par sa palette délicate et nuancée. À Tabriz, où il se réfugie en 1510, après la destruction de l’école de Harāt, à Bukhārā (Boukhara) aussi, où d’autres peintres se sont rendus, prend naissance sous sa direction directe ou indirecte cette école qui deviendra séfévide (illustrations des poèmes de Sa‘dī* et de Niẓāmī*).