Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mezzogiorno (suite)

Les îles ont un équipement industriel plus modeste, mais non négligeable. La Sicile ne tire plus beaucoup de ressources du soufre. Par contre, l’extraction pétrolière à Raguse et à Gela est une richesse nouvelle. Elle a permis la pétrochimie à Gela et à Syracuse ainsi que le raffinage à Milazzo. C’est la potasse qui est à l’origine de la chimie de Porto Empedocle. Ailleurs, à Palerme, à Catane, à Messine, l’industrie progresse aussi, mais sans être à la mesure de ces villes ; il s’agit d’industries de transformation diverses. En Sardaigne, le retard est plus marqué. L’extraction du charbon, du plomb et du zinc est en recul. Mais des éléments nouveaux apparaissent. À Porto Torres s’est installée la pétrochimie, à Portovesme et à Saint Antioco Ponte l’électrométallurgie, à Arbatax la papeterie, et d’autres noyaux d’industrialisation s’organisent (Oristano, Olbia). Quant à Cagliari, en attendant un nouveau port industriel, elle a reçu une raffinerie, diverses entreprises dans deux zones industrielles (dont les usines chimiques de la Rumianca).

Le dernier volet du développement méridional se trouve dans le tourisme. Celui-ci est grandement facilité par la construction des autoroutes. En particulier, l’autoroute du Soleil est une voie essentielle qui permet l’accès rapide aux régions méridionales. L’ouverture de routes profite à l’agriculture et à l’industrie, et elle est décisive pour le tourisme. De meilleures liaisons avec les îles et les crédits accordés à l’équipement hôtelier complètent l’arsenal des décisions propres à accroître la fréquentation touristique, qui ne représente encore que 16 p. 100 de celle de l’ensemble du pays. Certains lieux du Midi italien ont déjà une renommée très grande, comme Paestum, Pompei, Alberobello, Taormina... Un tourisme de masse se développe le long des côtes méridionales. Il n’est pas incompatible avec des réalisations pour le tourisme de luxe, comme le montrent les nouvelles implantations sur la côte Smeralda en Sardaigne.


De nouvelles conditions

Le Mezzogiorno semble donc bien être à un tournant de son évolution. L’achèvement d’infrastructures fondamentales permet des initiatives rentables. Une agriculture moderne se diffuse, un mouvement touristique de grande ampleur s’affirme. Quant à l’industrie, elle connaît une situation nouvelle. Marquée en 1957 par l’absence de branches motrices, avec de petits établissements, elle comprend maintenant une gamme beaucoup plus large. De surcroît, un nouvel état d’esprit s’est fait jour. L’attrait des localisations dans le Nord diminue en même temps que l’on découvre les avantages du Sud. Plus de 30 p. 100 des investissements productifs se font désormais dans le Midi. L’objectif de diriger 80 p. 100 des investissements des entreprises de transformation parapubliques dans le Midi est quasiment atteint. Les firmes privées les plus importantes (Montedison, Fiat, Olivetti, Pirelli) orientent aussi la plupart de leurs investissements vers le Midi. L’électronique, l’aéronautique, la pharmacie sont des secteurs qui vont s’accroître rapidement, rejoignant l’automobile (à Pomigliano d’Arco, mais également à Bari, à Palerme et à Sulmona). Le Midi n’a pas rattrapé le Nord, mais il n’est plus un lieu de misère sans issue. Cela se marque dans le paysage, dans l’abandon de certaines attitudes archaïques, par le fait que les migrations sont perçues aujourd’hui comme une perte pour l’économie régionale. D’énormes efforts sont encore nécessaires ; ils peuvent être consentis, car l’espoir de la solution est devenu réalité.

E. D.

➙ Abruzzes et Molise / Basilicate / Calabre / Campanie / Italie / Latium / Naples / Palerme / Pouille / Sardaigne / Sicile.

 F. Compagna, la Questione meridionale (Milan, 1963). / C. Muscara, La geografia dello sviluppo (Milan, 1967). / A. Blanc, M. Drain et B. Kayser, l’Europe méditerranéenne (P. U. F., 1968). / C. Verlaque, l’Industrialisation des ports de la Méditerranée occidentale (thèse, Montpellier, 1970 ; 4 vol.). / Comitato dei Ministri per il Mezzogiorno, Relazione sull’attuazione del piano di coordinamento degli interventi pubblici nel Mezzogiorno (Rome, 1960 et suiv.). / Cassa per il Mezzogiorno, Bilancio annuale (Rome).

Miaos et Yaos

Tribus de Chine du Sud, en partie stabilisées dans leur pays d’origine, en partie émigrées dans les montagnes du Tonkin, de l’Annam du Nord et du Laos central.


Elles refoulèrent les Proto-Indochinois vers les cimes, s’octroyant ainsi les meilleures terres, dans la mesure où les Thaïs et les Muongs (premiers conquérants du pays) ne les occupaient déjà. On assiste ainsi en Indochine à un étagement des populations : les Thaïs et les Muongs, premiers occupants, installés dans les vallées, les plaines fertiles et sur les premières pentes ; puis les Mans, d’arrivée plus tardive, occupant les pentes de moyenne altitude (de 300 à 800 m) et laissant les derniers venus, les Meos, prendre position dans les régions plus élevées.

Les tribus nommées Yaos et Miaos dans leur pays d’origine, la Chine, furent respectivement désignées par les termes annamites de Mans et de Meos une fois établies en Indochine. Man, péjoratif, signifie « sauvage ». Meo, ou « chat », connote l’agilité des Miaos.


Les Yaos ou Mans

Ils se répartissaient ainsi : 660 000 Yaos en Chine, 180 000 Mans au Viêt-nam et 20 000 Mans au Laos (d’après A. G. Haudricourt).


Activités économiques

Les Yaos sont des écobuants, c’est-à-dire des nomades agricoles pratiquant le rây (défrichement des forêts par mise à feu de la brousse et coupe des troncs d’arbre laissés sur place). Le riz et le maïs sont semés dans des trous aménagés au coupe-coupe au hasard des troncs calcinés. L’exploitation du sol est pratiquée jusqu’à son épuisement ; puis la région est abandonnée à jamais, et la communauté se déplace pour incendier et défricher d’autres forêts. En Indochine, quelques tribus de Yaos utilisent des procédés agraires empruntés aux Thaïs : emploi de la charrue traînée par un bœuf, fumure du terrain.

Les Yaos se distinguent par le travail du fer et des armes. Ils confectionnent eux-mêmes leurs outils ainsi que des « fusils à mèches », qu’ils vendent aux habitants des vallées. Ils fabriquent le papier à partir de bambous cuits dans la chaux.

Les habitations, adossées à la montagne, sont retenues à l’avant par des pilotis.