Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

apiculture (suite)

La récolte

Son époque est variable. En général, la première récolte se fait en juin et permet de recueillir un miel clair et d’excellente qualité. La seconde a lieu en septembre, lorsqu’il y a du Sapin et de la Bruyère, par exemple, à proximité du rucher. Cette récolte doit se faire uniquement dans les hausses, c’est-à-dire les demi-corps de ruches qui les recouvrent. Il faut toujours choisir un temps favorable, exempt de vent et d’orage, et opérer avant la fin de la miellée, sans cela les Abeilles défendent vigoureusement leur bien et sont agressives. Il existe de nombreux procédés pour y arriver. Le plus employé consiste à bien enfumer les Abeilles pour les refouler dans le corps de ruche, afin d’enlever les hausses avec le minimum d’Abeilles. On peut aussi procéder cadre par cadre, en brossant les Abeilles qui recouvrent les rayons. On utilise également un écran de toile, à la dimension de la hausse, posé horizontalement et aspergé de quelques gouttes d’acide phénique ou d’essence de mirbane. Enfin, les Américains emploient un souffleur, qui débarrasse rapidement toutes les Abeilles des rayons.


Désoperculation

Les rayons retirés des hausses sont, en majorité, operculés, c’est-à-dire que, le miel étant bien mûri, chaque cellule est recouverte d’un opercule de cire qui le met à l’abri de toute souillure et de toute contamination.

Pour extraire ce miel, il faut enlever ces opercules au moyen d’un couteau spécial, dit « couteau à désoperculer », trempé dans l’eau chaude. Chaque cadre est placé sur un chevalet spécial, et on tranche toute la surface des rayons. On peut aussi utiliser une machine électrique à couteau vibrant et chauffé, permettant de désoperculer une ou deux faces du rayon, ce qui rend possible le traitement d’une centaine de cadres à l’heure.


Extraction

Le cadre, une fois désoperculé, est prêt pour l’extraction. On utilise un extracteur centrifuge, dont il existe deux systèmes : l’extracteur tangentiel, qui extrait une face à la fois, et l’extracteur radiaire, qui vide les deux côtés par la même manœuvre. Ces deux appareils utilisent la force centrifuge (rotation de 300 tr/mn env.) : les cellules se vident alors, et le miel se rassemble dans le fond de l’appareil, dont les dimensions permettent de traiter de trois à cinquante-deux cadres à la fois.


Filtration

Le miel rassemblé au fond de l’extracteur contient différentes impuretés, notamment des débris de cire échappés à la désoperculation. Après filtrage dans un tamis approprié, on le verse dans un appareil appelé maturateur, qui a un double objet :
1o continuer le mûrissement du miel par évaporation d’eau, ce qui nécessite l’utilisation d’une pièce chauffée à 25 ou 30 °C ;
2o effectuer une séparation d’avec les différentes impuretés qui ont pu échapper à la filtration : les plus lourdes vont au fond ; les plus légères, telles que les débris de cire, surnagent. Il est alors facile de laisser de côté les impuretés en question lors de l’empotage du miel.


Empotage du miel

Les apiculteurs utilisent pour cela soit des pots en carton paraffiné, soit des pots en matière plastique, ou encore des seaux de fer-blanc de trois, cinq, dix ou vingt kilogrammes, ou enfin d’autres emballages de plus grande contenance.

L’apiculteur ne doit vendre et commercialiser qu’un produit de toute première qualité, bien extrait, bien mûri, bien présenté, car il se trouve en concurrence avec des producteurs de pays étrangers où la main-d’œuvre est meilleur marché qu’en France et les rendements beaucoup plus importants. Il doit donc suppléer à cela par une qualité irréprochable.


Transhumance

Elle consiste à transporter les Abeilles, au cours de la saison, sur des emplacements favorables en raison de l’abondance des fleurs mellifères ; aussi ceux-ci doivent-ils être soigneusement choisis à l’avance.

Les principaux points de transhumance sont les régions riches en Colza, en Acacia, en Tilleul, en Romarin, en Lavande, en Bruyère — et en Sapin, qui ne donne pas à proprement parler du miel, mais du miellat.

Les ruches destinées à être transhumées doivent être préparées à l’avance, c’est-à-dire fermées la veille au soir. Et comme l’opération se fait, en général, à la saison chaude, il faut prendre des précautions pour éviter l’étouffement des Abeilles. Pour cela, on peut les recouvrir d’une housse vide, bien assujettie, et fermer complètement l’entrée avec une baguette de bois, ou au contraire la calfeutrer avec une toile métallique.

De toute façon, la transhumance s’effectue toujours de nuit. Le camion est mis en route vers 8 ou 9 heures du soir, afin d’arriver sur le nouvel emplacement choisi vers 2 ou 3 heures du matin. Ces heures sont évidemment conditionnées par la distance à parcourir, qui peut atteindre plusieurs centaines de kilomètres. L’opération, bien conduite, est toujours rentable, car elle permet d’augmenter la récolte de deux ou trois fois, parfois plus, par rapport à la récolte sédentaire.


Les produits de la ruche

Ils sont constitués par le miel, le pollen, la gelée royale, la cire, la propolis et l’hydromel, produit de transformation au même titre que le pain d’épice.


Le miel

C’est un produit naturel par excellence, très riche en sucres assimilables de différentes sortes : en gros, il contient 20 p. 100 d’eau et 80 p. 100 de sucres, plus quelques matières minérales et des enzymes. Au début de son extraction, il se présente sous forme liquide, la plus appréciée des consommateurs, puis, avec le temps, il granule, c’est-à-dire qu’il se prend en masse compacte. Par sa composition, c’est une nourriture extrêmement riche, un aliment énergétique de tout premier ordre. La production de miel dans le monde peut être évaluée très approximativement à 600 000 t, les États-Unis et l’U. R. S. S. en fournissant à eux deux près de la moitié.


Le pollen

C’est l’élément mâle de la fleur, la seule matière azotée dont les Abeilles disposent pour la nourriture du couvain. Chaque année, une bonne ruche en rapporte de 25 à 30 kg, beaucoup plus qu’il n’est nécessaire pour l’entretien de la colonie. Aussi, au moyen d’une trappe posée devant ou sous la ruche, est-il possible de prélever environ un dixième de ces apports, car le pollen a des propriétés diététiques et thérapeutiques remarquables.