Mecklembourg (suite)
L’histoire du Mecklembourg au Moyen Âge fut relativement paisible, marquée par des réunifications et des partages, tandis que la Hanse s’installait à Wismar et à Rostock. En 1549, le luthéranisme devint religion d’État ; ce fut un des éléments de l’unité du pays, partagé entre deux États, Mecklembourg-Schwerin et Mecklembourg-Güstrow ; l’unité reposait surtout sur l’accord des États (villes et chevaliers), qui décidèrent de rester groupés (1523, landständische Union) avec une organisation ecclésiastique et une université (Rostock) communes.
Les princes ayant au xviie s. pris le parti du Danemark, l’empereur donna les duchés à Wallenstein*, qui les avait chassés de leurs États. En 1648, les princes, ramenés par Gustave-Adolphe en 1631, cédèrent Wismar à la Suède. En 1701, après l’extinction de la lignée de Güstrow (1695), le Mecklembourg fut partagé entre les lignées de Schwerin et de Strelitz.
Cependant que les princes ne parvenaient pas à s’imposer aux États (traité de 1755 confirmant un régime purement féodal), les Suédois, les Russes et la Prusse cherchèrent à s’installer en protecteurs malgré les protestations de l’empereur. En 1803, Wismar redevint de facto mecklembourgeois (de jure seulement en 1903). En 1815, les princes devinrent grands-ducs et acceptèrent progressivement l’inclusion de leurs États dans le complexe prussien ; États libres au sein de l’Empire allemand en 1918, les deux parties du Mecklembourg furent réunifiées par le gouvernement de Hitler en 1934 (en 1939, env. 16 000 km2 et 880 000 hab.).
Vers la fin du xixe s., le pays avait souffert d’une très importante émigration. Malgré les chemins de fer (à partir de 1850) et la création de deux grands axes ferroviaires Lübeck-Stettin et Berlin-Copenhague entre 1860 et 1890, il était resté à l’écart de l’évolution générale.
Les choses commencèrent à changer après 1945 ; le pays s’accrut d’abord de la zone « cisoderienne » de la Poméranie, mais son autonomie fut supprimée en 1952. Depuis, on a développé le tourisme (Heiligendamm ; plateau lacustre), l’agriculture et surtout l’industrie (constructions navales, industrie alimentaire) ; on trouve du pétrole et du gaz naturel (Grimmen) ; en outre le Mecklembourg est devenu, dans la littérature et la vie de la République démocratique allemande, un pays typique de repos et de vie naturelle. Les grandes villes sont Rostock (200 000 hab.), avec un port important et en plein développement (11 Mt) et une ancienne et active université ; Schwerin (100 000 hab. env.), Wismar (60 000 hab.) et Güstrow (40 000 hab.) ; les villes moyennes sont restées très provinciales, mais le visage de la campagne a été modifié par l’installation des coopératives (landwirtschaftliche Produktionsgenossenschaften ou LPC) et de nombreux colons, remplaçant les anciens féodaux.
Intellectuellement, le Mecklembourg a été un pays actif grâce à la présence de l’université de Rostock. Sa littérature en « Plattdeutsch » (fort différent du « Hochdeutsch ») fut illustrée par Johann Willmsen Lauremberg (1590-1658), John Brinckmann (1814-1870) et surtout Fritz Reuter (1810-1874) ; le Mecklembourg est aussi le pays des poètes Johann Heinrich Voss (1751-1826), Adolf Friedrich von Schack (1815-1894), Ida von Hahn-Hahn (1805-1880), de l’écrivain Heinrich Seidel (1842-1906), et de Heinrich Schliemann (1822-1890) qui découvrit Troie ; le sculpteur Barlach y vécut très longtemps.
J.-B. N.