Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marsupiaux (suite)

Les Kangourous se reproduisent en hiver. Après une gestation de 35 à 40 jours, le jeune, qui a 25 mm de long, est émis à l’extérieur. C’est une véritable larve, qui doit pour survivre gagner à tout prix l’intérieur de la poche maternelle, pour y prendre à plein gosier une tétine qui lui servira aussi de support. Le jeune vivra ainsi pendant près de six mois, date à laquelle on pourra le voir de temps en temps mettre le museau hors de la poche maternelle. À un an, il pourra évoluer tout seul et se joindre au troupeau.

Les Marsupiaux sont de plus en plus pourchassés, car ils sont en concurrence directe avec l’Homme et ses animaux domestiques. Il faut espérer que les Australiens sauront sauvegarder ce qui reste de leur patrimoine naturel, si original et si intéressant du point de vue zoologique.

P. B.

 F. Bourlière, Vie et mœurs des Mammifères (Payot, 1951). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. XVI et XVII : Mammifères (Masson, 1955-1969 ; 3 vol.). / P. H. Fischer, les Animaux d’Australie. La faune la plus curieuse du monde (Payot, 1959). / F. Petter, les Mammifères (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963).

Martin (saint)

(Sabaria, Pannonie, v. 316 - Candes, Touraine, 397), évêque de Tours.


Sa vie nous est connue par son contemporain Sulpice Sévère et par Grégoire de Tours, qui vécut deux siècles plus tard. Son père était un tribun militaire. Élevé à Pavie, Martin désirait ardemment devenir moine, mais on l’obligea à se faire soldat. Il servit comme cavalier dans la garde impériale. Au cours de ses déplacements, il se rendit notamment à Amiens, où se place le fameux épisode du partage de son manteau avec un pauvre.

Après avoir reçu le baptême et une fois libéré de son service, il se rendit à Poitiers, où l’attirait le prestige du grand évêque saint Hilaire (v. 315 - v. 367), mais s’il devint son disciple il refusa d’être ordonné diacre et accepta seulement les ordres mineurs. Martin, à l’époque de la persécution arienne en Occident, qui provoqua l’exil d’Hilaire, retourna en Pannonie, où il fut lui-même persécuté pour son orthodoxie. Après le rétablissement de la paix religieuse, il revint à Poitiers, où Hilaire occupait de nouveau son siège épiscopal ; avec son aide, il créa à Ligugé le premier monastère de la Gaule.

On a dit de lui qu’il fut soldat par force, moine par choix et évêque par devoir. En effet, à la mort de leur pasteur, les habitants de Tours enlevèrent littéralement de force Martin de son abbaye de Ligugé et le firent sacrer évêque le 4 juillet 370 (ou 371). Parmi le clergé relâché de la Gaule, Martin mena une vie exemplaire. Son vigoureux apostolat s’étendit aux diocèses voisins, qu’il parcourut pour prêcher le christianisme.

Dans les villages qu’il visitait, il obtenait des conversions en masse, détruisait temples païens et arbres sacrés, puis sur leurs emplacements il édifiait une église dont il confiait la desserte à un clerc de Marmoutier, monastère qu’il avait fondé près de Tours et qui devint une véritable pépinière d’évêques et de prêtres réformateurs. Ces sanctuaires étaient destinés à être des forteresses contre un éventuel retour du paganisme.

Saint Martin convertit également des personnages illustres comme saint Paulin de Nola (353-431) et Sulpice Sévère (v. 360 - v. 420), qui devint son biographe. Sa réputation de thaumaturge le rendit célèbre dans toute la Gaule. Sa charité n’était pas moins exemplaire : un jour, devant une brebis qui venait d’être tondue saint Martin devait s’écrier : « Elle a accompli le précepte de l’Évangile : elle avait deux tuniques, elle en a donné une à celui qui n’en avait pas. C’est aussi ce que vous devez faire. »

Autre trait de sa charité : en 385, il vint à Trèves pour sauver des compagnons de l’évêque espagnol Priscillien (v. 300-385), déjà exécuté sur l’ordre de l’empereur usurpateur Maxime et à l’instigation de ses confrères dans l’épiscopat. La vertu de Martin lui valut l’inimitié de nombreux clercs aux mœurs moins pures, et la fin de sa vie fut assombrie par les calomnies et la malveillance.

Après sa mort, en 397, il fut enterré à Tours, et sa tombe devint le centre d’un pèlerinage très fréquenté. Son culte eut un immense rayonnement sur toute la Gaule ; à l’époque mérovingienne, aucun autre saint n’était plus populaire que saint Martin, qui fut proclamé plus tard patron de la France.

Le nombre des églises qui lui sont consacrées dans notre pays (3 667) et des communes qui portent son nom (238) montre tout le rayonnement de son culte. Toutefois, au cours du Moyen Âge, son pèlerinage n’exerça plus son attrait que sur les régions voisines de Tours.

En 1952, on a découvert à Ligugé un monument ancien daté du ive s., unique en France et semblable à un tombeau antique. Il est probable qu’il s’agit d’un martyrium (église votive) dédié à saint Martin.

P. R.

 H. Ghéon, Saint Martin (Flammarion, 1941). / P. Ladoué, le Treizième Apôtre, saint Martin de Jours (Mame, Tours, 1959). / J. Fournée, Enquête sur le culte populaire de saint Martin en Normandie (Picard, 1963).

Martin (Frank)

Compositeur suisse (Genève 1890 - Naarden, Pays-Bas, 1974).


Comme ses compatriotes Arthur Honegger ou Ernest Bloch, il est un médiateur entre les cultures latine et germanique. Ce fils de pasteur d’ascendance partiellement française s’est fixé depuis 1946 dans la patrie de son épouse, les Pays-Bas. Il fut l’élève, à Genève, de Joseph Lauber et subit d’abord l’influence de Franck, puis celle de Debussy et de Ravel. À partir de 1933, il assimila la leçon des dodécaphonistes viennois, particulièrement celle de Berg, mais ne cultiva strictement le système que durant peu d’années. Au terme de longues et difficiles années de recherches, il s’est forgé un langage hautement personnel et inimitable, synthèse entre l’harmonie française postimpressionniste, d’essence tonale et modale, et le total chromatique de l’école viennoise. Publié à Vienne, joué davantage dans les pays germaniques que chez nous, Martin se tourne également vers ses deux horizons complémentaires en ce qui concerne ses sources d’inspiration : il a mis en musique le Tristan et Iseult de Joseph Bédier (dans l’oratorio de chambre le Vin herbé, son premier chef-d’œuvre pleinement personnel, clef de toute son évolution future et qui établit tardivement sa réputation), le Mystère de la Passion d’A. Gréban (dans le Mystère de la Nativité), Monsieur de Pourceaugnac de Molière et la Ballade des pendus de F. Villon, mais également le Cornette de R. M. Rilke, les monologues de Jedermann de H. von Hofmannsthal et la Tempête de W. Shakespeare dans la traduction allemande de A. W. von Schlegel. Si Martin avait disparu avant la cinquantaine, il n’aurait guère laissé de traces dans le panorama musical du xxe s., car son mûrissement a été aussi tardif que ceux de Rameau, Franck ou Bruckner. Mais une fois en possession de son langage propre, il n’a plus cessé d’accumuler les œuvres de premier plan et les deux tiers d’un catalogue d’environ soixante-quinze titres sont postérieurs au Vin herbé.