maniérisme (suite)
Aux Pays-Bas, la primauté de la peinture éclipse quelque peu les sculpteurs, dont les plus notables sont Jan Mone († v. 1548) et Jacques Dubrœucq. Cornelis Floris, frère de Franz, impose à Anvers le décor maniériste, popularisé par des recueils d’estampes qui le répandront en Allemagne. Les deux meilleurs sculpteurs hollandais, Adriaen de Vries (v. 1546/1560-1626) et Hubert Gerhard (v. 1540/1550-1620), s’expatrient et travaillent pour les Fugger à Augsbourg ou pour les ducs de Bavière à Munich (Bavaria de Gerhard, Résidence de Munich). Ils donnent un accent germanique à la dernière floraison maniériste. La jonction se fait sans peine avec les derniers grands sculpteurs gothiques, Wit Stwosz* et Peter Vischer*, en ignorant la Renaissance et en annonçant d’ailleurs l’art de la Contre-Réforme. Quant à Hendrick de Keyser (1565-1621), c’est essentiellement un architecte, mais son tombeau de Guillaume le Taciturne à Delft est bien une œuvre superbement maniériste. Si, en Angleterre, la Réforme porte un coup fatal à la sculpture, qui ne subsiste guère que dans les monuments funéraires, l’Espagne possède avec Alonso Berruguete* un grand artiste, formé à Florence et à Rome, mais qui garde toute la ferveur et la violence de sa patrie.
Au terme de l’enquête, le maniérisme nous apparaît non comme un art de transition ou de décadence, mais comme un art de crise, très intellectuel, où la recherche esthétique, volontiers alambiquée, l’emporte sur l’émotion vraie, art ambigu, sophistiqué presque toujours, mais où s’exprime l’âme angoissée d’une époque en plus d’un aspect proche de la nôtre.
F. S.
➙ Académisme / Classicisme / Renaissance.
W. Friedländer, Mannerism and Antimannerism in Italian Painting (New York, 1957). / G. R. Hocke, Die Welt als Labyrinth, Manier und Manie in der europäischen Kunst (Hambourg, 1957 ; trad. fr. Labyrinthe de l’art fantastique, le maniérisme dans l’art européen, Gonthier, 1967). / S. Béguin, l’École de Fontainebleau (Gonthier et Seghers, 1961). / G. Briganti, La Maniera italiana (Rome, 1961 ; trad. fr. le Maniérisme italien, Diffédit, 1962). / F. Würtenberger, Der Manierismus (Vienne et Munich, 1962). / J. W. Pope-Hennessy, Italian High-Renaissance and Baroque Sculpture (Londres, 1963 ; 3 vol.). / J. Bousquet, la Peinture maniériste (Bibl. des arts et Ides et Calendes, Neuchâtel, 1964). / A. Hauser, Der Manierismus, die Krise der Renaissance und der Ursprung der modernen Kunst (Munich, 1964). / M. Tafuri, L’Architettura del manierismo nel cinquecento europeo (Rome, 1966). / J. K. Schearman, Mannerism (Harmondsworth, 1967).
CATALOGUES D’EXPOSITION. De triomf van het maniërisme (Amsterdam, 1955). / Le xvie Siècle européen. Peintures et dessins dans les collections publiques françaises (Paris, 1965).