Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Malaparte (Curzio)

Pseudonyme de Kurt Erich Suckert, écrivain italien (Prato, Florence, 1898 - Rome 1957).


Deux romans, Kaputt (1945) et La Pelle (la Peau, publié en même temps à Paris et Rome-Milan, 1949), ont fait de Malaparte un des plus grands chroniqueurs de notre temps, et en particulier de la Seconde Guerre mondiale. S’il dénonce avec une rare violence, dans Kaputt, la barbarie hitlérienne, il atteint encore à une plus grande horreur dans l’évocation d’une Europe humiliée et corrompue par sa propre victoire (La Pelle). Outre la force intrinsèque des témoignages de première main, accumulés avec une nette prédilection pour l’horrible, l’abject et le monstrueux, outre l’éclat fantastique d’une imagination visionnaire, l’élégance et le lyrisme de l’écriture, c’est avant tout l’exceptionnelle personnalité de leur auteur qui retient l’attention dans ces deux livres où il se met en scène tantôt à la troisième personne (Kaputt) et tantôt à la première personne (La Pelle).

Né en Toscane de père allemand et de mère lombarde, après une adolescence de brillant élève au collège « Cicognini » de Prato (dont D’Annunzio avait été l’élève), il s’engage à seize ans pour aller combattre dans l’Argonne, puis sur le front italien, où il est blessé aux poumons. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, duels (dont un contre P. Nenni) et amours lui laissent le temps d’être attaché culturel à Varsovie, puis de s’inscrire au parti fasciste à son retour en Italie et de participer à la « marche sur Rome ». Il se partage alors entre le syndicalisme, la vie mondaine et le journalisme. Ses amitiés socialistes (Filippo Turati, Piero Gobetti) et son indépendance rendent souvent tumultueux ses rapports avec le parti et avec Mussolini lui-même, qui censurera à plusieurs reprises ses écrits, lesquels oscillent alors entre la réflexion historique ou politique : La Rivolta dei santi maledetti (sur son expérience de la guerre, 1921), Le Nozze degli eunuchi (contre la nouvelle bourgeoisie intellectuelle italienne, 1922), L’Europa vivente (1923), Italia barbara (1925, en fr. l’Italie contre l’Europe, 1928), Intelligenza di Lenin (1930), I Custodi del disordine (1931) ; et la littérature : pastiches héroï-comiques de Avventure di un capitano di sventura (1927) et de L’Arcitaliano (1928), pamphlet-satire de Gobetti — de Don Camaleo ovvero Ho allevato un camaleonte (1927-28 en feuilleton, 1946 en volume) et récits fantastiques de Sodoma e Gomorra (1931).

À la même époque, deux essais politiques le lancent à Paris : Technique du coup d’État (1931), dont Malaparte aimait à dire qu’il avait provoqué la fureur de Hitler, et le Bonhomme Lénine (1932). En 1933, il est condamné à cinq ans d’exil aux îles Lipari. Mais l’« affectueuse amitié » de Ciano lui vaut d’être transféré à Ischia, puis à Forte dei Marmi en liberté surveillée ; il peut reprendre son activité au Corriere della Sera (articles recueillis en 1936 dans Fughe in prigione et en 1960 dans L’Inglese in paradiso) et publier Sangue (1937) et Donna come me (portrait de son père, 1940), proses lyriques et autobiographiques.

Envoyé spécial en Afrique en 1938, il combat sur le front occidental en 1940 (cf. le témoignage de Il Sole è cieco, en feuilleton 1941, en volume 1947). Correspondant sur le front russe en 1941 (cf. Il Volga nasce in Europa, 1943), il est envoyé ensuite en Finlande, où il reste deux ans et entreprend Kaputt. De retour en Italie en 1943, il renie son passé fasciste en participant, en tant qu’officier italien de liaison, à l’avance des Alliés en Italie du Nord.

Les violentes polémiques suscitées en Italie par Kaputt et La Pelle le poussent à revenir à Paris, où ses tentatives théâtrales, Du côté de chez Proust (1948) et Das Kapital (1949), sont de retentissants échecs et où il publie Deux Chapeaux de paille d’Italie (essai, 1948). À son retour en Italie en 1949, il édite lui-même son récit satirique Storia di domani et exerce sa verve de chroniqueur dans des éditoriaux hebdomadaires (réunis dans : Battibecco, 1949 ; Due anni di battibecco, 1955 ; et Battibecco [1953-1957], 1967). Il s’essaye encore dans le cinéma : Cristo proibito (1951), la mise en scène, la comédie musicale (Sexophone) et le théâtre : Anche le donne hanno perso la guerra (1954), avant d’écrire en 1956 le plus savoureux des autoportraits par procuration : Maledetti toscani.

Parti à la fin de 1956 pour l’U. R. S. S. et la Chine, gravement malade, il est rapatrié d’urgence à Rome, où il meurt quelques semaines plus tard (juill. 1957). Le journal enthousiaste de ce dernier voyage, Io, in Russia e in Cina, paraît en 1958, suivi d’autres œuvres posthumes : fragments de Mamma marcia (1959) et de Benedetti Italiani (1961) ; Viaggi fra i terremoti (1963), Diario di uno straniero a Parigi (1966).

J.-M. G.

 G. Grana, Curzio Malaparte (Florence, 1968). / G. Martelli, Curzio Malaparte (Turin, 1968).

Malawi

État d’Afrique orientale.



Le milieu

L’ancien Nyassaland est indépendant depuis 1964. Son territoire, large de 80 à 160 km, s’allonge sur 900 km et couvre une superficie de près de 120 000 km2, dont 20 p. 100 sont constitués par des étendues d’eau douce (le lac Malawi [anc. lac Nyassa] notamment).

Il est situé sur la grande zone d’effondrement du socle africain, à l’endroit où se réunissent les rifts d’Afrique centrale et orientale. La partie la plus basse est occupée par le lac, dont le niveau moyen des eaux, qui varie périodiquement, est à 468 m, et dont le fond est à – 202 m. Dans le nord et le centre du pays, d’altitude généralement élevée, on reconnaît différentes formes de relief. Des hauts plateaux, dont la surface est hérissée de pointements rocheux, ont entre 1 800 et 2 500 m (plateaux de Nyika, de Vipya). Plus bas, des plateaux ou plaines d’érosion s’inclinent doucement vers l’ouest de 1 500 à 1 100 m (plateaux de Lilongwe, de Kasungu, etc.). Vers l’est se dessine un relief de collines hardies, qui s’achève par un escarpement de faille très disséqué, aux formes fraîches. Par endroits, cet escarpement domine directement le lac ; ailleurs, il en est séparé par une plaine côtière développée sur le socle ou sur des alluvions fluvio-lacustres. Le sud du Malawi est plus compartimenté : dépressions tectoniques du lac Chilwa et de la Shire, où l’exutoire du lac est coupé de chutes (Murchison rapids) ; dômes et bombements précambriens comme le plateau de Zomba et le puissant massif de Mlanje (3 000 m).