Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Madère (suite)

L’histoire

L’île était sans doute connue dès l’Antiquité par les navigateurs phéniciens. On sait avec certitude qu’elle fut découverte par des marins italiens, probablement génois, au début du xive s. Elle figure en effet sur les cartes florentines des Médicis en 1351.

Au cours d’expéditions maritimes entreprises sous l’influence du grand prince portugais Henri* le Navigateur, deux marins de cette nation, João Gonçalves Zarco et Tristão Vaz Teixeira, prirent possession de l’île en 1419 au nom du roi de Portugal, Jean Ier.

Le premier gouverneur fut Bartolomeu Perestrelo, et, jusque vers 1750, un membre de sa famille exerça toujours cette charge. C’est à cette lignée qu’appartenait la femme de Christophe Colomb, qui vint à Madère en 1478 faire le commerce du sucre et qui s’y maria.

À cette époque, l’île était déjà riche. Les Portugais, qui l’avaient baptisée Madeira (« bois »), l’île étant entièrement couverte de forêts, en brûlèrent la plus grande partie pour y pratiquer des cultures qui bientôt prospérèrent. La canne à sucre et le vin furent jusqu’à nos jours les plus grandes richesses de Madère. Dès le milieu du xve s., des cépages de Malvoisie et de Candie étaient introduits dans l’île.

Funchal devint en 1514 le siège d’un évêché. En 1566, le capitaine français Monluc débarqua à Madère et la ravagea. Elle suivit ensuite le sort du Portugal et fut annexée à l’Espagne de 1580 à 1640. Jusqu’au xixe s., il y a peu d’événements à signaler, sauf le développement du commerce du vin, qui est alors mondialement connu. C’est surtout l’Angleterre qui est le principal acheteur ; un de ses consuls à Funchal, William Bolton, contribua beaucoup à l’essor du vin de Madère.

L’île fut occupée un moment par les Anglais en 1801 et de 1807 à 1814. En 1856, une épidémie de choléra fit de nombreuses victimes. Le vignoble, lui, fut détruit par l’oïdium en 1852 et par le phylloxéra en 1873, mais il fut ensuite reconstitué. Madère, qui avait obtenu en 1902 une certaine autonomie, fut bombardée durant la Première Guerre mondiale par des sous-marins allemands.

P. R.

 C. Dervenn. Madère (Horizons de France, 1965). / A. t’Serstevens, le Périple des îles atlantides. Açores, Madère, Canaries (Arthaud, 1966).

Maderna (Bruno)

Compositeur et chef d’orchestre italien (Venise 1920 - Darmstadt 1973).


Il est l’aîné de la grande génération de créateurs qui donne son visage à la musique italienne d’aujourd’hui et qui comprend Luigi Nono*, Luciano Berio*, Aldo Clementi, Franco Donatoni et Sylvano Bussotti. Après des études à l’académie Sainte-Cécile de Rome, il fut le disciple de Gian Francesco Malipiero dans sa ville natale, puis de Hermann Scherchen (1891-1966), à qui il doit sa formation de chef d’orchestre. Dès 1954, il enseigna au cours d’été de l’Institut international de Kranichstein, près de Darmstadt, où il a fréquemment dirigé, tout en dirigeant dans le monde entier.

Il débuta comme compositeur à partir de 1947, et ses premiers ouvrages, comme ceux de Berio et de Nono, relèvent de la stricte discipline sérielle, dont il devait se libérer assez rapidement. Avec Berio, il fonda le Studio de musique électronique de la radio italienne (le Studio de phonologie) à Milan, en 1954 : ce fut le troisième du genre en Europe, après ceux de Cologne et de Paris. Il composa ainsi les premières pièces purement électroniques de l’école italienne, mais depuis 1964 il a intégré plus volontiers la bande magnétique dans des formations de musique vivante. Son admirable activité de chef d’orchestre, avant tout dans le domaine de la musique du xxe s., révèle déjà la générosité et la puissance d’un tempérament dont la latinité rayonnante s’assortit d’une touche d’expressionnisme, tout en faisant preuve d’un raffinement étonnant. Mais elle a contribué peut-être à éclipser injustement son travail créateur, qui, illustrant mieux encore ces qualités, le situe incontestablement au rang des grands compositeurs d’aujourd’hui. Un catalogue très vaste en témoigne, qui embrasse tous les genres. Maderna manie le grand orchestre avec un rare bonheur, et il y était revenu fréquemment ces temps derniers après une crise créatrice de quelques années, totalement surmontée désormais. Des pages aussi diverses qu’Hyperion, Quadrivium, Aura, les concertos pour hautbois, pour violon, pour flûte et hautbois (Grande Aulodia) comptent au nombre des chefs-d’œuvre les plus accomplis de notre temps. Au sein de la musique italienne d’aujourd’hui, Maderna perpétue un romantisme généreux et merveilleusement sensible, échappant à tout dessèchement.

Les œuvres principales de Maderna

• théâtre : Dom Perlimplin (1961) ; Hyperion (1964) ; Satiricon (1972).

• orchestre : Composizione I et II (1949, 1950) ; Improvvisazione I et II (1951, 1952) ; Composizione in 3 tempi (1954) ; Stele per Diotima (1965) ; Quadrivium (1969) ; Aura (1972) ; Biogramma (1972).

• concertos : pour piano (1959) ; pour deux pianos (1948, 1973) ; pour violon (1969) ; pour flûte (1954) ; pour hautbois (1962, 1967, 1973) ; Grande Aulodia, pour flûte, hautbois et orchestre (1970) ; Ausstrahlung, pour soprano, flûte, hautbois, bande et orchestre (1971).

• orchestre de chambre : Serenata I et II (1954, 1957) ; Amanda (1966) ; Julliard Serenade (1971) ; Giardino Religioso (1972).

• voix et orchestre : Studi per il Processo di Franz Kafka (1950) ; Aria di Hyperion (1964) ; Venetian Journal (1972).

• musique de chambre : quatuor à cordes (1955) ; Musica su due dimensioni, flûte et bande (1952-1957) ; Honeyrêves, flûte et piano (1961) ; Pièce pour Ivry, violon (1971).

• musique électronique : Sequenze e Strutture (1954) ; Notturno (1955) ; Syntaxis (1956) ; Continuo (1957) ; Dimensioni II (avec voix de femme, 1960) ; Serenata III (1961) et IV (av. instruments, 1962) ; le Rire (1964).

H. H.