Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

lumières (esprit des) (suite)

Cette philosophie, son ascension et son déclin peuvent se justifier sociologiquement. La bourgeoisie individualiste du début du siècle avait besoin de cette arme pour démythifier les obstacles idéologiques, politiques ou religieux qui se dressaient devant elle. Mais elle put comprendre que ce n’était pas suffisant pour qu’elle prît le pouvoir, et qu’elle était souvent dupée par les forces qu’elle favorisait. D’autre part, le libéralisme qu’elle souhaitait ne semblait pas toujours à même d’assurer le bonheur de toute l’humanité ; plutôt que le peuple, c’étaient les isolés, les intellectuels, les réfractaires qui subissaient alors ou pressentaient cet échec.

A. N.

 E. Cassirer, Die Philosophie der Aufklärung (Tübingen, 1932 ; trad. fr. la Philosophie des lumières, Fayard, 1966). / D. Mornet, les Origines intellectuelles de la Révolution française, 1715-1787 (A. Colin, 1933 ; 5e éd., 1954). / P. Hazard, la Crise de la conscience européenne, 1680-1715 (Boivin, 1935 ; 2 vol.) ; la Pensée européenne au xviiie siècle (Boivin, 1946 ; 2 vol.). / L. Gershoy, From Despotism to Revolution (New York, 1944 ; trad. fr. l’Europe des princes éclairés, Fayard, 1966). / F. E. Manuel, The Age of Reason (Ithaca, N. Y., 1957). / J. Starobinski, l’Invention de la liberté (Skira, Genève, 1965). / R. Pomeau, l’Europe des lumières (Stock, 1966). / H. R. Trevor-Roper, Religion, the Reformation and Social Change (Londres, 1967 ; trad. fr. De la Réforme aux Lumières, Gallimard, 1972). / R. Mortier, Clartés et ombres du siècle des lumières (Droz, Genève, 1969). / S. Godard-Fabre, la Philosophie des lumières en France (Klincksieck, 1972). / F. Venturi, l’Europe des lumières. Recherches sur le xviiie siècle (Mouton, 1972). / B. Plongeron, Théologie et politique au siècle des Lumières, 1770-1820 (Droz, Genève, 1973).

luminescence

Émission de lumière par un corps n’utilisant pas l’effet thermique.


Une émission qui n’obéit pas à la loi classique de Kirchhoff précisant le pouvoir émissif d’un corps en liaison avec sa température est, en tout ou en partie, une émission luminescente. Pour exciter la luminescence d’un corps, il est nécessaire de faire entrer en jeu une certaine énergie. Selon le mode possible d’excitation, on distingue de nombreux modes de luminescence.


Photoluminescence

Les phénomènes de photoluminescence où l’énergie est assurée par un rayonnement sont les plus fréquents. On les classe eux-mêmes en deux groupes distincts : la phosphorescence et la fluorescence.

• Dans le cas de la phosphorescence, une radiation est absorbée, et restituée lentement dans le temps. Ce phénomène est sensible aux modifications de température. Les corps phosphorescents les plus connus sont soit des sulfures de zinc ou des sulfures de cadmium et de zinc, soit des sulfures alcalino-terreux très purs et dont la structure cristalline est modifiée par un chromogène formé de très petites quantités d’éléments métalliques. Ainsi, un sulfure de zinc activé au cuivre donne une phosphorescence verte ; s’il est activé au manganèse, et selon la teneur en cet élément, il donne une phosphorescence jaune orange ou orange rouge. Les sulfures de zinc de ces types ont des rémanences qui peuvent être de quelques minutes à une heure. On obtient des rémanences beaucoup plus longues avec les sulfures alcalino-terreux, mais ils sont moins stables.

• Dans le cas de fluorescence, le phénomène est pratiquement instantané. Il n’est plus activé, mais au contraire plus ou moins inhibé, par une augmentation de température. Il s’agit ici d’une absorption de radiations qui sont immédiatement réémises dans une zone de longueurs d’onde toujours plus élevées (loi de Stokes). Ainsi, des rayons ultraviolets proches du visible peuvent être réémis dans une zone visible et donner lieu à une émission de lumière colorée correspondante ; c’est le cas le plus fréquent. La transformation de radiations ultraviolettes plus courtes en lumière visible sert à la création des lampes fluorescentes. Mais il peut exister des transformations du même genre tout au long du spectre. La fluorescence sert à de nombreux usages : étude des substances, contrôle d’impuretés — car ce sont souvent d’infimes traces d’une substance additionnelle qui sont responsables du phénomène —, signalisation, décors publicitaires ou attractifs, blanchiment optique du linge ou de papier au moyen de substances émettant une lumière bleue à partir des raies plus courtes absorbées, etc.


Autres types de luminescence

• L’électroluminescence dans les gaz accompagne le passage de la décharge électrique dans ce support. Elle est utilisée dans les lampes de balisage routier ou aérien, dans les tubes pour la publicité avec des couleurs, qui sont caractéristiques du gaz : rouge pour le néon, bleu pour la vapeur de mercure, violacé pour l’argon. De la même façon, elle permet de déceler de faibles quantités de gaz.

L’électroluminescence dans les solides consiste à exciter un diélectrique électroluminescent selon les travaux originaux de Mattler et Destriau, entre deux électrodes. On l’utilise pour des panneaux de signalisation ou des éclairages de secours ou de balisage.

• La thermoluminescence est un phénomène d’émission de luminescence que l’on peut libérer par une élévation de température. Ainsi, un cristal de spath-fluor dont on élève la température jusqu’au rouge sombre décrépite en émettant des lueurs lilas.

• La cryoluminescence est un processus similaire provoqué par le froid. C’est ainsi que certains cristaux émettent une lueur quand on les plonge dans de l’air liquide.

• La triboluminescence est provoquée par une action mécanique. Du sucre de canne bien sec cassé dans l’obscurité émet de telles lumières, et l’apatite de Madagascar broyée dans l’obscurité en un mortier s’accompagne d’un véritable feu d’artifice d’étincelles jaunes.

• La cristalloluminescence accompagne certaines cristallisations.