Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Londres (suite)

Londres regorge de musées de toutes sortes : le British Museum, à la fois bibliothèque nationale et musée des Antiquités ; la National Gallery, musée d’art classique ; la Tate Gallery, musée d’art moderne ; les musées historiques et scientifiques de Kensington ; halls d’exposition (Earl’s Court) ; salles de concert (Royal Albert Hall, Royal Festival Hall) ; théâtres (dans le quartier de Soho et à Drury Lane). Wardour street est le quartier général du spectacle (bureaux d’embauche des acteurs, salles d’enregistrement), alors que les studios de cinéma sont surtout en banlieue (Elstree, Pinewood). La BBC (Portland place) et les compagnies de télévision commerciale dominent la radiodiffusion britannique.

Les deux tiers des emplois du Grand Londres relèvent du secteur tertiaire (commerce, culture, administration), le tiers seulement du secteur industriel. La tertiarisation de Londres progresse à mesure que les bureaux remplacent les usines comme source d’emploi.


La différenciation spatiale de l’agglomération

La conurbation londonienne, au terme d’un millénaire de croissance et d’incessantes redistributions de ses fonctions, présente de nos jours une double différenciation de ses parties constituantes : d’une part en auréoles concentriques, d’autre part en secteurs de cercle à l’intérieur des auréoles les plus proches du centre. On distingue nettement des quartiers centraux, des « banlieues » victoriennes, les banlieues récentes de la zone verte et une couronne externe en plein développement.


Les quartiers centraux

Ils correspondent approximativement à l’espace occupé par Londres vers 1840, à l’intérieur d’une ligne joignant les principales gares ferroviaires : Victoria, Paddington, Euston, King’s Cross, Liverpool street, Waterloo.

Westminster concentre toujours l’essentiel des fonctions politiques : le palais royal de Buckingham, le Parlement, de style néo-gothique ; les ministères, dont les murs blancs bordent l’avenue de Whitehall ; la modeste résidence du Premier ministre (Downing street) ; l’abbaye de Westminster, à la fois panthéon et lieu de couronnement des souverains ; la police judiciaire (Scotland Yard), les hauts-commissariats des pays du Commonwealth et plusieurs ambassades ; les bureaux de l’Église établie ; les quartiers généraux du parti conservateur et du parti travailliste (tous deux à Smith square). C’est un quartier animé, riche d’histoire, de beaux parcs (Green park, Saint James’s park), de monuments intéressants, de manifestations colorées (la relève de la Garde) et qui exerce un puissant attrait sur les touristes.

On passe insensiblement de Westminster aux autres quartiers riches du West End ; Belgravia, Mayfair, Saint Marylebone, Soho, Bloomsbury, Kensington. Bien que certaines activités s’y concentrent (hôtellerie de luxe et diplomatie à Belgravia, commerce de luxe à Mayfair, spectacle à Soho, arts à Chelsea), ce sont encore des quartiers résidentiels très bien construits, avec leurs immeubles géorgiens à colonnades et une profusion de beaux squares (Grosvenor square, Belgrave square, Hanover square) et de grands parcs (Hyde park, Regent’s park).

Le Temple et Holborn, quartiers des hommes de loi, des archives, des journaux, relient Westminster à la City. Celle-ci, à l’est de Saint Paul’s cathedral, a quelque chose de médiéval avec ses ruelles étroites bordées d’austères bâtiments de pierre grise. Les destructions de la Seconde Guerre mondiale ont permis l’édification de hautes tours de verre et de béton, occupées par des bureaux de toutes sortes. Vide la nuit, la City, qui offre 400 000 emplois, est d’une très grande activité les jours ouvrables.

Les fonctions supérieures ont très peu débordé sur la rive droite, à Southwark et à Lambeth : l’hôtel de ville de Londres (London County hall), le palais épiscopal (Lambeth palace), deux ministères, le Royal Festival Hall.


Les « banlieues » victoriennes

Elles enveloppent les quartiers centraux en une auréole large de 10 à 15 km, vouée essentiellement à la résidence, qui est d’inégale qualité selon les secteurs.

Certaines, dans le prolongement du West End, accueillent la résidence riche ; ainsi, Hampstead, petite station thermale colonisée par des artistes et des immigrés riches, a d’opulentes villas avec jardin.

L’East End et la vallée de la Lea abritent l’artisanat à domicile, des industries, les annexes du port, l’habitat populaire. Les quartiers de Stepney, de Poplar et de Bethnal Green se distinguent par leur aspect grouillant, la rareté des terrains verts, l’intense circulation des camions. L’habitat comprend surtout de longues files de maisons ouvrières sans étage, mais aussi de petits blocs d’appartements construits par les autorités locales sur les terrains ravagés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et loués à bon marché. La moitié de la population est locataire des autorités.

Les quartiers plus récents de la vallée de la Lea (Hackney, Leyton, Tottenham) sont parsemés d’usines, d’utilités publiques telles que centrales thermiques, réservoirs d’eau potable, champs d’épandage. Une partie de la population se compose d’immigrants pauvres, en particulier des immigrants de couleur du Commonwealth, Antillais, Indiens, Africains.

Les banlieues de la rive sud, à l’intérieur du triangle Wandsworth-Greenwich-Croydon, détiennent le record de la monotonie, tant socio-professionnelle (une majorité de petits employés) qu’architecturale (de longues files de petits pavillons à jardinet).

Les banlieues ouest, conquises par l’industrie depuis 1920, ont, elles aussi, un habitat de type horizontal, de qualité souvent médiocre et une structure sociale « moyenne » (ouvriers qualifiés et employés).


L’auréole des banlieues récentes et contemporaines

C’est une création de l’âge de l’automobile. Après la Première Guerre mondiale, l’amélioration des transports en commun (lignes d’autobus, extension du métro londonien) et surtout la possession largement répandue de la voiture individuelle permirent, tout au moins pour les classes aisées, d’éloigner le logement du lieu de travail. Les quartiers centraux commencèrent alors à se dépeupler au profit des nouvelles banlieues résidentielles bien desservies par les routes et les trains électriques. L’habitat individuel l’emporte : tantôt de hautes maisons indépendantes avec un grand jardin, surtout dans le secteur sud — à Bromley, Beckenham, Surbiton, Sutton and Cheam, Epsom, Leatherhead —, recherché par le haut personnel des professions tertiaires ; tantôt des pavillons jumelés plus modestes donnant directement sur la rue, surtout dans les secteurs ouest et nord ; çà et là, quelques ensembles résidentiels en blocs d’appartements construits par les autorités locales, comme à Debdon, Hainault, Harold Hill, Aveley, Hutton, dans le secteur est.