liturgie (suite)
Au haut Moyen Âge, dans quelques grands monastères, l’extraordinaire extension du culte des reliques conduit à superposer l’autel, placé dans l’abside, à une crypte contenant les restes vénérés. Au couloir qui entoure celle-ci et permet l’accès des pèlerins répond un déambulatoire supérieur ; il complète les bas-côtés de la nef pour permettre le cycle complet des processions. En Rhénanie, l’établissement d’une seconde abside, opposée à la première, vise à compléter la combinaison des deux types de plan, centré et linéaire.
Le désir de rester sous la protection des reliques a favorisé aussi l’inhumation ad sanctos, dans l’église ou autour. Car la sacralisation des autels s’est étendue à l’édifice entier ; même placé sous le vocable d’un saint, celui-ci reste dédié à Dieu seul et tend à devenir aux yeux du public un temple. N’est-il pas, selon une tradition vivace, liée à la vision apocalyptique de la Jérusalem céleste, la demeure de Dieu parmi les hommes ? Vision idéale, et cependant concrétisée lorsque le progrès des techniques a permis de faire passer les représentations figurées de l’enduit opaque d’un mur de moellon à la paroi lumineuse enveloppant l’ossature de la cathédrale* gothique.
Conceptions sacrale et populaire
Si l’église médiévale, où toute architecture participe de l’esprit religieux, reste l’édifice public majeur, aux fonctions multiples et aussi bien civiles, elle se résigne peu à peu, aux temps classiques, à ses seules fonctions liturgiques. Curieusement, elle utilise alors les moyens de l’architecture laïque, lui empruntant la scénographie pour tenter de créer l’atmosphère favorable. Au symbolisme imagé de jadis, des modes de persuasion plus subtils se substituent après le concile de Trente*. Toutefois, la liturgie n’est pas encore remise en cause ; il faudra, pour cela, attendre les progrès de l’archéologie, à la fin du xixe s.
Déjà, au xvie s., la Réforme avait tenté un radical retour aux sources par son refus des intercesseurs, qui aboutissait à supprimer images et reliques, et même toute hiérarchie dans le culte ; le « temple » est alors redevenu salle de prière, souvent de plan carré ou circulaire. L’église du xixe s. a subi une évolution similaire et répudié par étapes une partie de sa tradition. Pour raviver la foi, le recours à l’esthétique des styles lui a fait adopter le gothique, puis le roman, le byzantin, le paléochrétien, étouffant toute religiosité sous la sécheresse des volumes et d’un mobilier commercialisé. L’insolite du cadre (passéiste ou d’avant-garde, au demeurant) ne saurait donner une réponse satisfaisante aux besoins liturgiques. Depuis le concile Vatican II*, un renouveau se dessine en ce sens, qui tend à faire disparaître à la fois la pacotille du dernier siècle et les vestiges de hiérarchie : chaires, bancs d’œuvre, stalles, grilles, etc. À l’extrême, on en vient à concevoir l’église dans un édifice voué à d’autres fonctions. L’essentiel, c’est-à-dire l’autel, reprend ainsi toute son importance ; et la piété privée s’efface, par la participation, devant l’aspect communautaire du sacrifice.
H. P.
➙ Baptistère / Basilique / Cathédrale / Mosquée / Pagode / Sacré (art) / Saint.