Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Languedoc-Roussillon (suite)

Carcassonne, chef-lieu de l’Aude, n’atteint pas 50 000 habitants ; Montpellier, capitale administrative et intellectuelle, regroupe la préfecture de région et les grands services administratifs, mais s’est délestée d’une partie de sa capacité universitaire au profit de Perpignan et Nîmes. Une douzaine de villes moyennes jouent un rôle secondaire : Port-la-Nouvelle et Port-Vendres, au trafic maritime bien réduit ; Castelnaudary, centre agricole des confins aquitains ; Agde, foyer touristique et commercial de la basse vallée de l’Hérault ; Bagnols-sur-Cèze, qui a enregistré une progression importante grâce à la proximité des installations industrielles rhodaniennes. Sur le piémont montagnard, Saint-Pons, Bédarieux, Lodève, Ganges, Le Vigan, autrefois très actifs par leurs industries textiles, ont connu des fortunes diverses. Mais ces villes-relais, dont les fonctions ne dépassent guère parfois celles des gros bourgs du vignoble, constituent un élément d’équilibre du réseau urbain. Le déséquilibre dans la répartition des hommes traduit en fait deux niveaux économiques différents découlant des options d’aménagement.


L’économie


Les secteurs agricoles traditionnels

• La polyculture ancienne. La Lozère et les hauts cantons restent le domaine d’une agriculture intensive reposant en partie sur l’élevage ; dans les Cévennes, une série de catastrophes récentes ont touché le châtaignier (encre) et le ver à soie (pébrine). L’élevage du mouton est resté essentiel sur les Causses en vue de la production d’agneaux de boucherie et de lait pour les fromageries voisines de Roquefort-sur-Soulzon. Les maigres terrains de parcours du Larzac sont disputés par l’armée aux bergers caussenards. La polyculture à base céréalière reste le domaine des marges aquitaines (Razès, Lauragais) à la limite du grand vignoble de masse.

• Le vignoble. La vigne conserve toute sa prééminence, venant au premier rang des cultures, occupant 40 p. 100 des terres agricoles (soit une superficie de près de 500 000 ha) et assurant 60 p. 100 de la valeur de la production, contre 20 p. 100 pour les fruits et légumes. Le tiers de la production nationale de vin provient du Languedoc-Roussillon (ce qui représente encore près du dixième de la production mondiale).

La « mer de vigne » reste l’élément de base de la plaine héraultaise, émaillée de gros bourgs et de grands domaines ceinturés de parcs : « campagnes » du Biterrois, « mas » du Lunellois ; avec les 40 p. 100 de la production régionale, l’Hérault devance l’Aude et le Gard, mais se limite essentiellement aux vins de consommation courante. Parmi les produits de qualité, on peut retenir les vins doux du Roussillon : banyuls, rivesaltes, côtes-d’agly, utilisés pour la fabrication d’apéritifs (cave de Thuir) ; la blanquette de Limoux ; les clairettes de la vallée de l’Hérault ; les muscats de Frontignan, de Lunel et du Minervois ; les rosés des Costières du Gard et les vins des Côtes du Rhône.

La petite exploitation est souvent le fait d’ouvriers agricoles, fréquemment d’origine espagnole, qui se sont rendus acquéreurs de petits lopins de vigne ; elle voisine avec les grands domaines de la plaine, créations de la bourgeoisie urbaine locale ou extra-régionale absentéiste, qui assurent la vinification et la commercialisation des produits. La moyenne et petite propriété se maintient grâce au réseau serré des caves coopératives vinicoles. Les irrigations anciennes du Roussillon donnent un paysage de huerta qui mêle vignoble, arbres fruitiers et parcelles maraîchères ; les extensions récentes dans le Languedoc oriental ont entraîné une reconversion, la vigne reculant devant les vergers de pommiers et pêchers.

• L’œuvre de la C. N. A. R. B. R. L. Pour substituer à la monoculture traditionnelle d’autres productions, légumières et fruitières, l’irrigation de la plaine a été confiée en 1955 à la Compagnie nationale d’aménagement de la région du Bas-Rhône et du Languedoc ; en plus étaient prévus l’assistance technique, la conservation des terres, le reboisement, l’amélioration de l’habitat rural, l’organisation des circuits commerciaux et des marchés : un aménagement rural au sens le plus large.

Sur les 250 000 ha de terres dont l’irrigation était prévue, le secteur oriental s’alimente sur le Rhône par la station A.-Dumont à Pichegu, qui refoule les eaux sur la Costière du Gard, d’où elles se répartissent par gravité ; désormais, les tours de mise en pression constituent un élément nouveau du paysage des campagnes gardoises. Le secteur occidental s’appuiera sur les retenues d’Avène et du Salagou. La première zone en voie d’achèvement couvre 130 000 ha, de la Petite Camargue à l’étang de Thau, avec un canal principal d’une cinquantaine de kilomètres. À partir des deux barrages cités et déjà en service, le Biterrois et le Narbonnais auront la possibilité d’irriguer 120 000 ha.

Désormais, grâce à l’eau, le Gard a dépassé les Pyrénées-Orientales pour la production des fruits. La région fournit près du cinquième de la récolte nationale et expédie les pommes vers les pays de l’Europe du Nord-Ouest. La production légumière régionale ne représente que 5 p. 100, mais là aussi les progrès enregistrés sont sensibles, grâce aux S. I. C. A. (sociétés d’intérêts collectifs agricoles), qui associent les producteurs pour la commercialisation et la conservation des produits. Sur les confins de l’Hérault et du Gard se sont implantées plusieurs conserveries d’origine étrangère (Vauvert, Lunel).


Les industries

• Les survivances. Le Languedoc a été une des grandes régions industrielles françaises grâce à des ressources minières importantes et à une vieille tradition artisanale, dans le domaine du textile en particulier. Aujourd’hui, sa place dans l’ensemble national est modeste : moins de 2 p. 100 de l’emploi industriel. Les trois quarts des établissements comptent moins de 10 salariés, près de la moitié des effectifs sont employés dans le bâtiment, les deux tiers des usines sont implantées dans les deux seuls départements de l’Hérault et du Gard.