Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

langage informatique (suite)

Catégories de langages

Un métalangage est destiné à la définition d’un langage-source, tandis qu’un langage de référence est destiné à sa description.

Un langage procéduriel reconnaît explicitement la nature séquentielle du traitement et contient à cet effet des instructions de rupture de séquence ; c’est le cas de FORTRAN, de COBOL, d’ALGOL, etc.

Un langage non procéduriel amène son compilateur non pas à traduire des instructions, mais à générer lui-même des sous-programmes conformément à des « déclarations de transformations » requises sur des structures de données ; c’est le cas de SIMSCRIPT, de SNOBOL, etc.

Un langage fonctionnel utilise un ensemble d’instructions du type [TANT QUE (condition) FAIRE (nom de sous-programme)], appelées règles, qui sont exécutées sans ordre explicite, ni ruptures de séquence, mais au gré des données.

En outre, des catégories de langages spécialisés apparaissent progressivement pour la simulation, la description ou la commande des systèmes informatiques. La notion de langage extensible est donc née du besoin de dériver d’un langage-souche minimal une famille de dialectes compatibles, mais spécialisés.

M. D.

➙ Langage formel / Ordinateur.

 L. Bolliet, N. Gastinel et P. J. Laurent, Un nouveau langage scientifique ALGOL. Manuel pratique (Hermann, 1964). / B. Higman, A Comparative Study of Programming Languages (New York, 1967). / J. E. Sammet, Programming Languages : History and Fundamentals (Englewood Cliffs, New Jersey, 1969).

Langevin (Paul)

Physicien français (Paris 1872 - id. 1946).


Sa famille, de condition modeste, est originaire de Falaise. Son grand-père était serrurier à Versailles, et son père métreur-vérificateur dans le bâtiment ; sa mère était la petite-fille du célèbre aliéniste Philippe Pinel (1745-1826).

En 1888, à l’âge de seize ans, Langevin entre premier à l’École de physique et chimie industrielle de la Ville de Paris ; il en sort également premier et, sur le conseil de ses professeurs, il prépare seul le concours d’entrée à l’École normale supérieure, où il est reçu premier en 1894. À sa sortie, en 1897, après avoir passé, toujours premier, l’agrégation, il reçoit une bourse pour se rendre au laboratoire Cavendish de Cambridge, sous la direction de J.-J. Thomson*. On est alors dans l’enthousiasme des grandes découvertes qui ont marqué la fin du xixe s. (électrons, rayons X, radio-activité), et Langevin se voue aussitôt à ces nouvelles recherches si prometteuses sur les radiations et la structure de la matière.

Revenu à l’École normale comme agrégé-préparateur, il devient docteur en 1902, avec une thèse sur les gaz ionisés. À trente ans, il est choisi comme suppléant de Eleuthère Mascart (1837-1908) au Collège de France et y obtient en 1909 la chaire de physique générale et expérimentale. Entre-temps, en 1905, il succède à Pierre Curie comme professeur à l’École de physique et chimie, dont il deviendra directeur en 1925. En 1934, il sera élu membre de l’Académie des sciences.

Maître de la physique théorique en France, mais aussi expérimentateur de talent, il apporte à la science, tout au long de sa vie, une contribution considérable, et ses travaux concernent les domaines les plus variés.

Ses premières recherches, complétant les travaux de Jean Perrin, concernent les rayons X secondaires. Puis c’est une étude approfondie de l’ionisation des gaz ; Langevin mesure la masse, la charge et la mobilité des ions ; il découvre les gros ions de l’atmosphère et détermine leur rôle dans la formation des nuages.

Il se tourne ensuite vers les phénomènes magnétiques et, reprenant les idées d’Ampère sur les courants particulaires, il élabore à partir de 1905 les théories du diamagnétisme et du paramagnétisme, en faisant appel à la circulation d’électrons à l’intérieur des atomes ou des molécules.

Un peu plus tard, il arrive, en même temps qu’Einstein, à la loi d’équivalence de la masse et de l’énergie, ce qui explique son accord immédiat avec la théorie de la relativité en 1905 ; il propage cette théorie en France, s’efforce de la développer et d’en tirer les conséquences, comme le ralentissement du temps dans les systèmes en mouvement ; il donne aussi l’explication du « défaut de masse » des atomes lourds.

Mentionnons encore ses travaux sur la théorie de l’émission des radiations, la théorie cinétique des gaz, le mouvement brownien, les biréfringences électrique et magnétique.

Pendant la Première Guerre mondiale, Langevin crée la technique de production et de réception des ultrasons grâce au quartz piézo-électrique, et il l’emploie au sondage en mer et à la détection des sous-marins (1916).

Il écrit malheureusement peu, mais, professeur remarquable, il attire une assistance choisie au Collège de France. La plupart des physiciens français contemporains ont subi plus ou moins l’influence de sa pensée et de son enseignement. Sa réputation dépasse d’ailleurs les frontières de son pays. Il est membre de la Royal Society of London, de l’Académie des sciences de l’U. R. S. S. et président du comité scientifique de l’Institut international de physique Solvay.

Pendant l’occupation de la France, dès 1940, il est mis à la retraite d’office, car son activité antifasciste et ses opinions politiques avancées le rendent suspect. Après quelques mois de détention, il est placé en résidence forcée à Troyes, mais, en 1944, il réussit à gagner la Suisse à l’aide de faux papiers que lui procure son ancien élève Joliot-Curie.

À la Libération, il devient président de la Commission de réforme de l’enseignement, mais une crise de leucémie, peut-être conséquence lointaine d’irradiations par les rayons X, abrège sa vie.