Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

• 1639. La fermeture du pays aux étrangers est décrétée. Seuls les Chinois et les Hollandais ont permission de rallier le port de Nagasaki, où, sur une île artificielle appelée Dejima, sont cantonnés les établissements hollandais. Le Japon ne reste plus en contact qu’avec la Chine, la Corée et les îles Ryūkyū. De grandes routes sont créées afin de faciliter les relations avec Edo et la circulation des marchandises dans le pays, routes surveillées par des châteaux forts établis aux points névralgiques et qui forment les noyaux de villes nouvelles. Le christianisme, pourchassé partout, est qualifié de religion « antisociale ». Quelques navires japonais, munis du « sceau rouge », ont cependant, trois ou quatre fois l’an, le droit de faire du commerce avec les pays du Sud-Est asiatique afin d’en rapporter des produits de première nécessité tels que la soie, l’étain, le coton ou le sucre.

• 1651. Iemitsu meurt et ses plus fidèles vassaux se suicident afin de ne pas survivre à leur maître. Deux samurai se révoltent et tentent de renverser la bakufu. Mais le complot, découvert à temps, échoue. La menace que font peser sur l’autorité shōgunale les milliers de rōnin (samurai sans maître) est encore grande, malgré les exemplaires exécutions des rebelles. De nombreux hatamoto, pauvres et désœuvrés, vivent de brigandage...

• 1657. Un gigantesque incendie ravage Edo, faisant plus de 100 000 morts. La capitale est aussitôt reconstruite sur un plan nouveau. Des querelles de succession divisent les tozama, et le bakufu est obligé d’intervenir afin d’éviter la désagrégation de son système de contrôle.

• 1680. Tsunayoshi succède à son père Ietsuna. Il dévalue la monnaie et, quelque peu faible d’esprit, se signale surtout pour ses décrets de protection des chiens. Il n’a pas de réelle activité politique, mais le bakufu est suffisamment affermi pour que cela n’ait pas de conséquences funestes. La classe des marchands devient de plus en plus influente, de plus en plus riche, et les guerriers sont parfois obligés de faire appel à elle afin de régler leurs dettes. Le luxe s’installe dans la capitale, et la ville connaît des heures extravagantes.

• 1701. Un incident, connu sous le nom de « vengeance des 47 rōnin », va passionner l’opinion publique et défrayer la chronique, montrant que, malgré la décadence des shōgun et la montée de la classe marchande, l’esprit guerrier du bushidō est encore vivace.

• 1709. Arai Hakuseki, conseiller confucéen du shōgun Ienobu, complète la « Règle des maisons guerrières » et réforme la justice, qu’il adoucit quelque peu. Il stabilise la monnaie et édicté des lois somptuaires. L’artisanat se développe de plus en plus, et les villes connaissent une extension considérable grâce aux diverses activités commerciales et artisanales. Aux classes traditionnelles s’ajoute celle des chōnin, ou citadins, qui oblige le bakufu à reconsidérer sa politique sociale.

• 1716. Le shōgun Yoshimune, à son avènement, doit faire face à de graves problèmes économiques. Il tente des réformes agraires afin d’augmenter la production, interdit les dépenses excessives, fait irriguer de nouvelles terres et lutte contre les abstentionnistes de l’impôt. Cependant, le prix du riz demeure instable, lié aux disettes ou aux années de surproduction.

• 1735. Yoshimune fixe le prix du riz et reçoit le sobriquet de « shōgun du riz ». Les mesures prises demeurent sans effet, les fonctionnaires étant corrompus. Les paysans, pressurés par les collecteurs d’impôts, se révoltent. Yoshimune se retire en 1745, mais ses successeurs sont impuissants à enrayer le désordre économique. En 1764, les paysans se révoltent de nouveau, puis en 1765 et en 1773. Chaque fois la répression est impitoyable. Des catastrophes ayant ravagé le pays (sécheresses répétées, incendies, éruptions volcaniques, épidémies), la situation des paysans devient de plus en plus précaire. Les émeutes sont fréquentes, dans les campagnes comme dans les villes.

• 1787. Un chef de clan, Matsudaira Sadanobu, conseiller du jeune shōgun Ienari, tente de rétablir la situation. Il chasse les fonctionnaires les plus corrompus, fait réduire les dépenses publiques, assainit les finances, tente de repeupler les campagnes, décimées par l’exode vers les villes et les famines successives.

• 1792. Des bateaux russes accostent dans l’île de Hokkaidō. Matsudaira démissionne. Le shōgun prend alors le pouvoir en main. C’est un débauché incapable. Mais la prospérité est revenue, grâce à Matsudaira, et les citadins se lancent dans une vie de plaisirs faciles, baptisée ukiyo (« monde flottant »).

• 1797. Des bateaux européens commencent à se montrer dans les eaux japonaises, inquiétant le shōgunat.

• 1804. L’amiral russe N. P. Rezanov mouille dans le port de Nagasaki et y reste pendant six mois : il ne peut obtenir l’autorisation de se rendre à Edo.

• 1808. Un bateau anglais menace de bombarder le port de Nagasaki si on lui refuse l’approvisionnement en eau et en vivres.

• 1825. Les bateaux étrangers se montrent de plus en plus fréquemment ; par peur d’une invasion, le shōgun Ienari ordonne la destruction de tout navire étranger mouillant dans un port japonais et l’exécution de son équipage.

• 1832-1836. Une terrible famine sévit dans tout le Japon, et les révoltes paysannes se font de plus en plus violentes et nombreuses. Les samurai, endettés vis-à-vis des commerçants, recourent à des expédients souvent malhonnêtes qui indisposent contre eux marchands et citadins.

• 1844. Le gouvernement hollandais envoie au shōgun Ieyoshi un mémorandum lui exposant la situation internationale et lui demandant de cesser sa politique d’isolement.

• 1845-46. Malgré les lois d’interdiction, un vaisseau de guerre anglais est bien accueilli à Nagasaki. Deux navires de guerre américains mouillent en rade d’Edo, demandant l’ouverture de relations commerciales. Leur requête est repoussée.