Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

accident (suite)

Toute politique de prévention comporte trois aspects :
— un aspect autoritaire, consistant à imposer un certain nombre de mesures de sécurité dans les immeubles et appartements, et sur les lieux de circulation ;
— un aspect éducatif, pour inciter les individus à faire preuve de prudence personnelle dans les conditions habituelles de la vie et pour leur faire comprendre l’utilité personnelle et sociale d’appliquer les mesures autoritaires et d’adopter volontairement les dispositions facultatives préconisées ;
— un aspect matériel, comportant des travaux en vue de réduire les causes matérielles des accidents, ainsi que l’organisation d’un système d’aide rapide aux victimes : lutte contre le feu, soins aux asphyxiés, aux noyés, aux brûlés, aux accidentés de la route (15 p. 100 des décès survenant en France du fait de la route seraient dus à l’asphyxie des blessés, c’est-à-dire à une carence grave dans la rapidité ou la compétence avec lesquelles les secours leur ont été portés), etc.

Les pouvoirs publics, les organismes assureurs, diverses associations d’utilité publique, les établissements d’enseignement conjuguent leurs efforts en vue d’accroître la sécurité de tous.

Des mesures ont été édictées depuis longtemps en matière de protection des immeubles contre le feu. Mais il n’a pas encore été fait grand-chose pour diminuer le nombre des accidents domestiques ; il semble que le nombre des victimes ne puisse guère être réduit que par l’éducation individuelle (précautions quant à la fabrication et à l’usage des conserves, connaissance des champignons vénéneux, éloignement systématique des enfants des causes de brûlure, protection des prises de courant, etc.) et la construction d’éléments mobiliers de sécurité.

La prévention des accidents de naissance est à la portée des connaissances et des techniques actuelles. Toutes les maternités et autres maisons d’accouchement devraient être mises dans l’obligation de disposer des moyens modernes, qui permettraient de réduire la mortalité infantile (appareils de réanimation, appareils enregistreurs des battements du cœur du fœtus, méthodes de détection du degré d’acidose du sang du nouveau-né et d’injection éventuelle d’une solution de bicarbonate ou de glucose, etc.). Les médecins accoucheurs et- les sages-femmes savent qu’une bonne rédaction du carnet de santé de l’enfant, au moment de sa naissance, mentionnant les conditions éventuelles de sa réanimation, facilite ensuite la tâche des pédiatres.

Les accidents du sport et de la vie en plein air peuvent également être réduits en nombre par l’éducation des usagers et le respect des consignes de sécurité.

Mais c’est en matière d’accidents de la circulation et de transport que l’effort à accomplir est peut-être le plus facile. Les précautions prises par les entreprises de chemin de fer et de navigation tant aériennes que maritimes sont généralement très étudiées et efficaces. La circulation routière, elle, pose des problèmes plus complexes en raison du très grand nombre d’usagers des moyens de locomotion.

Les moyens capables d’accroître la sécurité de la circulation routière peuvent être classés en deux catégories.


Les moyens que les pouvoirs publics peuvent mettre en œuvre et qui auront des effets heureux quel que soit le comportement du conducteur

• L’aménagement du réseau routier. Les points dangereux (points noirs) peuvent être aménagés, qu’il s’agisse de carrefours, de routes glissantes ou en mauvais état, de routes ou de travaux d’art trop étroits, de passages à niveau, etc. Des pistes cyclables peuvent être installées sur 10, 20 ou 30 km le long des routes qui traversent les principales agglomérations. D’autres moyens peuvent être utilisés : signalisation des virages, peinture en blanc des bandes d’accotement sur la chaussée (sur les routes américaines où il a été employé, ce procédé aurait permis de réduire de 25 p. 100 le nombre des accidents diurnes et de 18 p. 100 celui des collisions nocturnes) ; pose de glissières le long des autoroutes ou dans les virages ; éclairage des routes (les experts estiment que le bon éclairage des routes peut réduire de 35 à 40 p. 100 le nombre des collisions nocturnes), etc.

Des autoroutes* peuvent être construites, mais, en France, certains techniciens estiment qu’il vaudrait mieux utiliser les crédits disponibles pour substituer des routes à quatre voies aux actuelles et nombreuses routes à trois voies, alors que d’autres préconisent le système des routes à sens unique éloignées l’une de l’autre de 50 m environ, etc. Un symposium tenu à Rome, en 1969, sous l’égide de l’O. M. S. a attiré l’attention sur le danger que présente pour la vigilance du conducteur le sentiment de sécurité qu’il ressent sur une autoroute, danger accru par la fatigue, d’une part, et par la monotonie des bruits ou des images, d’autre part ; d’où la nécessité d’agrémenter les autoroutes d’un décor divertissant ou, comme en Italie, de multiplier les panneaux publicitaires accrochant l’attention du conducteur.

• Le contrôle des constructeurs. Il est pratiqué dans beaucoup de pays. Les États-Unis ont adopté en 1968 des normes de sécurité draconiennes tant pour les véhicules fabriqués sur le territoire national que pour les véhicules importés.

• Le contrôle des véhicules en circulation. Dans de nombreux pays, les véhicules utilitaires sont soumis à des visites techniques régulières ; cette pratique tend à se généraliser pour les voitures légères. Il y a une visite annuelle en Grande-Bretagne et en Suède pour les véhicules de plus de trois ans, au Japon pour les véhicules de plus de dix ans (tous les deux ans pour les véhicules de moins de dix ans), en U. R. S. S. et dans de nombreux États des États-Unis pour tous les véhicules ; la visite a lieu tous les deux ans en Allemagne fédérale.

• Le permis de conduire. Un permis de conduire est exigé des conducteurs dans presque tous les pays. En France, il existe plusieurs types de permis suivant les catégories de véhicules ; l’obtention des permis « poids lourds » et « transports en commun » est subordonnée à une visite médicale, renouvelée tous les cinq ans pour le second de ces permis. Le candidat à un autre certificat peut être soumis à un examen médical lorsque l’examinateur le demande ou après retrait du permis, certaines affections étant incompatibles avec la conduite d’un véhicule (angine de poitrine, faible acuité visuelle, épilepsie), d’autres ayant pour conséquence de limiter la durée de validité du certificat.