Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Ichtyostega (suite)

Ichtyostega (fig. 3) est le principal représentant de l’ordre des Ichtyostegalia, qui comprenait aussi le genre Ichtyostegopsis à fenêtres orbitaires allongées vers l’avant, et le genre Acanthostega, très différent d’Ichtyostega, mais malheureusement mal connu. Tous ces Ichtyostegalia proviennent du Dévonien supérieur du Groenland oriental. Il n’existe pas pour l’instant d’autres Ichtyostegalia connus.

J.-L. P.

 G. Säve-Söderbergh, « Preliminary Note on Devonian Stegocephalians from East Greenland », dans Meddelelser om Gronland, vol. 94 (Copenhague, 1932). / E. Jarvik, « Ichthyostegalia », dans Traité de paléontologie, sous la dir. de J. Piveteau, t. V : Amphibiens, Reptiles, Oiseaux (Masson, 1955).

icône

Dans l’Église d’Orient, peinture religieuse exécutée sur panneaux de bois.


Ce qui frappe d’abord un chrétien d’Occident lorsqu’il entre dans une église orientale, c’est le mur qui ferme l’abside et cache l’autel. L’iconostase a souvent l’aspect d’un paravent, plus ou moins haut et percé de trois portes, qui va d’un montant à l’autre de l’arc triomphal. Il est comme couvert de carrés aux vives couleurs. Sur de petits panneaux juxtaposés ou pris dans un système d’encadrement sont représentés des personnages ou des scènes composées. Chaque panneau a son sujet propre : il peut apparaître comme indépendant des autres ou, au contraire, faire partie d’une série ; série présentant une rangée d’anges, de saints, d’évêques ou évoquant les fêtes de l’année liturgique, des épisodes de la vie du Christ, de la Vierge, du saint patron du sanctuaire. Ce sont en somme les thèmes qui entrent par ailleurs dans le programme du décor d’ensemble — fresques ou mosaïques — recouvrant les murs, les voûtes et les coupoles des églises.

Ces petits tableaux sont des peintures sur bois exécutées à la détrempe ou à l’encaustique, qui sont en principe mobiles. On pense alors aux collections d’ex-voto qu’on trouve parfois dans certains sanctuaires d’Occident autour d’une statue miraculeuse. Sur une même iconostase d’ailleurs, si une certaine unité de style pictural peut parfois régner et, avec une disposition régulière des tableaux, assurer une unité esthétique à l’ensemble, on peut aussi trouver juxtaposées des œuvres caractéristiques, individuelles, où s’exprime peut-être la piété propre d’un fidèle, mais aussi la main d’un artiste, sa personnalité. Pourtant, à l’examen, on constate vite qu’il règne des règles fort strictes dans les représentations qu’offrent ces tableaux.

Figurés debout, le plus souvent en buste, les personnages isolés sont strictement frontaux. Peints sur fond d’or, ils s’abstiennent de tout geste ; à peine tiennent-ils quelque accessoire qui permette de les identifier. D’ailleurs, leur nom est bien souvent inscrit près de leur tête. Ce qui frappe le plus, ce sont les yeux, immenses, qui fixent le spectateur, des yeux vivants certes, mais d’une vie qui apparaît comme intérieure — comme dégagée des malheurs de la condition humaine. Ce sont des élus, qui accueillent les fidèles. Alors même que se déroule la liturgie, que le diacre, debout près de la porte centrale de l’iconostase, chante le commentaire des mystères cachés par un rideau fermé, c’est une prière plus particulière qui s’exhale du cœur du fidèle et le conduit devant le saint en qui il a mis sa confiance. Il existe ainsi une communion visible entre le peuple des fidèles et le chœur des élus, qui sont devenus auprès de Dieu les intercesseurs de leurs frères. Ainsi, la prière qui de l’assemblée monte vers le Christ, présent dans l’eucharistie, passe par les saints. Certes, des déformations superstitieuses sont fréquentes, et certaines requêtes trop spéciales s’arrêtent au culte des images. Mais ce n’est pas la règle. Le saint — apôtre, martyr, évêque —, l’ange, la Vierge sont là pour recevoir l’hommage et le transmettre. Déjà, sur une peinture de la catacombe de Domitille à Rome, au ive s., sainte Pétronille, à la porte du paradis, accueillait, pour l’introduire, l’âme d’une pieuse défunte, Veneranda.

De même, la contemplation de telle scène de la vie du Christ, de tel miracle accompli, de tel épisode de la Passion, de telle théophanie est-elle, à la manière d’une oraison liturgique, une invitation à telle méditation précise, autorisant, sanctifiant telle requête. Le chrétien est soutenu dans sa ferveur et dans son espérance.

Historiquement, cette place d’honneur faite aux images, leur présence au cœur du sanctuaire demandent explication. Le christianisme, pendant les deux premiers siècles, marqué par ses origines juives, était resté étranger aux représentations figurées. Les fidèles fuyaient l’idolâtrie et craignaient de représenter la divinité, encore plus de faire passer leur prière par des images. C’est, semble-t-il, le culte des martyrs qui a introduit le recours aux intercesseurs. Le martyr était l’exemple de la foi totale. Et son corps mutilé restait témoin des souffrances acceptées pour imiter le Christ. On pria d’abord sur la tombe des martyrs, par une simple extension du culte familial des ancêtres. Mais bientôt, les martyrs furent invoqués comme intermédiaires, et, pour assurer partout leur présence, on chercha à la multiplier. On aboutit ainsi, malgré les résistances de l’Église, à des translations de corps de saints, puis à la dispersion des reliques. Enfin, l’image prit la succession de la relique et transmit, comme elle, les grâces que procurait celui dont elle reproduisait les traits. L’image de la Vierge, à mesure que se développait son culte, se multipliait sur les iconostases, Vierge à l’Enfant souvent, prête à transmettre à son Fils les prières qu’on lui adresse ; Vierge de l’Annonciation aussi, faisant face à l’ange sur les deux vantaux de la porte du sanctuaire. De telles pratiques, qui se répandirent très vite au-delà du ve s., devaient créer dans l’Église orientale une crise douloureuse et brutale. Sans doute sous l’influence de l’islām, des empereurs, soutenus par des évêques et des théologiens austères, entreprirent de supprimer ces images, qui risquaient de nuire au sentiment de l’unité divine. La première démarche de l’empereur Léon III l’Isaurien, en 726, fut de détruire une image du Christ placée au-dessus de la porte du palais impérial de Constantinople, la chalcè, pour la remplacer par une croix. On n’avait que faire d’une « figure muette et sans souffle » ; un symbole parlait mieux aux âmes. De cette décision impériale, imposée malgré l’opposition du patriarche de Constantinople comme du pape, devaient résulter des destructions innombrables d’œuvres d’art, de peintures murales ou de mosaïques, et surtout de ces images de culte qu’étaient devenues les icônes. Il fallut plus d’un siècle pour que, finalement, le triomphe des images fût partout reconnu, et cela sous la régence de Théodora, en 843. L’événement, qui marqua une réconciliation avec l’Église d’Occident, est encore célébré dans l’Église orientale sous le nom de fête de l’orthodoxie.