Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hiroshige (Andō) (suite)

Après cette date, Hiroshige, surchargé de commandes, néglige davantage sa production et confie à ses élèves une part importante du travail. Pourtant, un an avant sa mort, trois grands triptyques sur le thème Neige, lune et fleurs résument, avec la plus heureuse simplicité, ses recherches pour traduire l’atmosphère de la nature. L’estampe de paysage arrive ici au terme de son évolution, bien que les disciples du maître, Hiroshige II (1826-1869) et Hiroshige III († 1894), signent encore quelques belles œuvres dans le même esprit.

F. D.

 I. Kondo, les 53 Stations du Tōkaidō (en japonais, Tōkyō, 1960 ; trad. fr., Office du livre, Fribourg, 1970). / B. W. Robinson, Hiroshige (New York, 1964 ; trad. fr., Gérard, Verviers, 1964).

Hiroshima

V. du Japon, dans l’île de Honshū.


Hiroshima, sur la mer Intérieure, à 400 km à l’ouest d’Ōsaka, est le plus grand centre de relations et d’industries de la région du Chūgoku, entre Ōsaka et Fukuoka. La ville naît en 1594 autour d’un château féodal et devient le centre politique d’un des grands fiefs du Japon occidental. En 1889, elle est reliée à Kōbe par voie ferrée, et son port est ouvert. Siège du haut commandement durant la guerre sino-japonaise de 1894-95, la fonction militaire lui est profitable et s’étend à sa voisine Kure. En 1940, la ville a 400 000 habitants. Détruite par la bombe* nucléaire du 6 août 1945, elle se relève rapidement (250 000 hab. en 1950 ; près d’un million aujourd’hui pour l’agglomération). Une immigration considérable venue des régions montagneuses de l’intérieur ou des rivages de la mer du Japon alimente sans cesse cette croissance.

Le site est assez défavorable : une plaine deltaïque étroitement encadrée de versants raides et s’ouvrant sur une baie marécageuse. L’agglomération déborde largement sur les deux rivages, jusque vers Kure au sud-est et vers Miyajima au sud-ouest, et elle remonte le long des étroites vallées qui convergent ici, par où passent également, au prix de nombreux ouvrages d’art, routes et voies ferrées. C’est surtout aux dépens de la mer que la ville s’étend aujourd’hui, comblant peu à peu la baie de vastes atterrissements où se trouvent l’aéroport, les zones industrielles récentes et le port.

Les activités sont celles d’une grande capitale régionale : administrative, commerciale et bancaire, industrielle surtout. Dénuée de sources d’énergie et de matières premières aux environs, la ville doit cet essor à sa situation sur la mer Intérieure et le long de l’axe industriel de la mégalopolis japonaise. La métallurgie tient la première place : constructions navales, automobiles (usine Tōyō-Kōgyō). Cette orientation vers l’industrie lourde se perpétue : cimenteries, industries chimiques ; pétrochimie et aciérie en projet. Sur la mer, les cultures d’algues et surtout l’ostréiculture demeurent très importantes, quoique gênées par la pollution des eaux. Un grand laboratoire de recherches sur les élevages marins se trouve à Kure.

Le paysage urbain s’ordonne ainsi autour du centre, entièrement reconstruit et très moderne, fractionné de nombreux canaux. Autour du parc de la Paix, au centre de la ville, se trouvent les vestiges de la catastrophe de 1945 : un cénotaphe en ciment en forme d’arche marque le point d’impact de la bombe. Le seul bâtiment qui demeure à l’état de ruine est le dôme de l’ancien Institut de promotion industrielle, qui dresse sa carcasse au bord de la rivière. Le château a été reconstruit en béton, seul témoin d’un passé brillant. Sur le port, les zones maritimes industrielles isolent ce centre des horizons délicats de la mer Intérieure. Le long des rivages voisins, les banlieues résidentielles s’étirent indéfiniment. L’urbanisme demeure très imparfait, et la circulation automobile une source de problèmes considérables. Le nouveau chemin de fer rapide du Tōkaidō-Sanyō atteindra la ville en 1975, la mettant à deux heures d’Ōsaka et à cinq heures de Tōkyō.

J. P.-M.

➙ Bombe nucléaire / Japon.

hispano-américaines (littératures)

Parler de littérature hispano-américaine plutôt que de traiter successivement, chacune à sa place alphabétique, les littératures argentine, bolivienne, colombienne, etc., c’est voir entre elles une parenté profonde, c’est reconnaître l’existence de l’Amérique latine.



Introduction

Sans doute, pour ce qui est des temps précolombiens et de l’époque coloniale, un pareil regroupement pouvait être envisagé, puisque ces États n’existaient pas en tant que tels. Mais on peut se demander s’il n’est pas quelque peu artificiel pour la période qui succède à l’indépendance, c’est-à-dire du début du xixe s. à nos jours. Que de différences, en effet : du point de vue de leur situation géographique, entre la république Dominicaine et le Chili, par exemple ; du point de vue ethnique entre le Pérou indien et métis et l’Argentine blanche ; du point de vue économique entre la Bolivie minière et l’Uruguay à vocation agricole ; du point de vue politique entre Cuba socialiste et le Paraguay en proie à la dictature !

Commode, parce qu’elle permet de la différencier de l’Amérique anglo-saxonne, la notion même d’Amérique latine n’est, du reste, pas universellement admise, et l’essayiste péruvien Luis Alberto Sánchez (né en 1900) a raison de poser la question, sous forme de titre d’un de ses ouvrages : L’Amérique latine existe-t-elle ? (Existe America latina ?). [V. Amérique latine.]

Pour la plupart des géographes et des économistes, cette notion est plutôt artificielle. Ainsi, Pierre Monbeig souligne la « diversité des milieux naturels et l’extraordinaire variété ethnique » de cette partie du Nouveau Monde, et Josué de Castro va jusqu’à affirmer : « Les pays d’Amérique latine ne se connaissent pas. »

Sans nier la réalité de cet exceptionnel dénominateur commun qu’est l’espagnol, parlé du Río Bravo jusqu’à la Terre de Feu (à l’exception du Brésil), les linguistes, quant à eux, ne manquent pas de rappeler que, dans les Andes, des milliers d’Indiens ne connaissent que le quechua, qu’au Paraguay le guarani concurrence le castillan comme langue officielle, que partout abondent les dialectes. C’est ce qui fait écrire à Pierre Chaunu : « L’espagnol vient en surimpression sur un extraordinaire fractionnement linguistique. »