Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hideyoshi (Toyotomi) (suite)

Son fils (probablement putatif) Hideyori lui succède à l’âge de cinq ans. Hideyoshi avait prévu pour lui un conseil de régence, composé de cinq tairō (régents) assistés des cinq bugyō, et une tutrice, sa mère, Yodogimi. Les cinq tairō, tous de grands daimyō, n’allaient pas tarder à s’affronter les armes à la main afin de ravir le pouvoir au jeune Hideyori. L’un d’entre eux, seigneur du Kantō, Tokugawa Ieyasu, après deux ans de lutte, arrivera à vaincre ses rivaux et les généraux revenus de Corée (guerre à laquelle il n’avait pas pris part), et à assurer sa suprématie, fondant un nouveau bakufu, celui des Tokugawa.

L. F.

➙ Corée / Japon.

Hilbert (David)

Mathématicien et logicien allemand (Königsberg 1862 - Göttingen 1943).


Issu d’une famille de bonne bourgeoisie, il fait la plus grande partie de ses études dans sa ville natale, avec quelques intermèdes à Heidelberg, à Leipzig et à Paris. Durant ces années d’études, il se lie d’une étroite amitié avec Hermann Minkowski (1864-1909), qui fut le professeur de mathématiques d’Albert Einstein*. Après avoir soutenu sa dissertation inaugurale en 1885, il est nommé à Königsberg en qualité de privatdocent (1886-1892), puis comme professeur titulaire (1893-1895). En 1888, il se signale à l’attention du monde scientifique par son travail sur la théorie des invariants. L’abondante littérature consacrée à cette théorie se caractérise alors par une masse de calculs d’où se dégagent difficilement quelques idées générales. Lorsque Hilbert établit ses théorèmes généraux en quelques pages, presque sans calculs, la surprise générale se traduit par l’exclamation de Paul Gordan (1837-1912), le « roi des invariants » : « Ce n’est plus des mathématiques, c’est de la théologie. » Par ce coup de maître, Hilbert amène la disparition quasi totale de cette théorie. Mais, en même temps, il pose les bases d’une nouvelle branche de l’algèbre, la théorie des idéaux de polynômes, qui va, au début du xxe s., renouveler la vieille géométrie algébrique et devenir un des piliers de l’algèbre moderne édifiée par Emmi Noether (1882-1935) et par Emil Artin (1898-1962). Appelé en 1895 à l’université de Göttingen, Hilbert y reste jusqu’à la fin de sa carrière, refaisant de cette université un des premiers centres mathématiques mondiaux. Dès son arrivée, il commence ses recherches, capitales, sur la théorie des corps de nombres algébriques. Le fondateur en était Carl Friedrich Gauss*. Gustav Lejeune-Dirichlet (1805-1859), Ernst Eduard Kummer (1810-1893), Leopold Kronecker (1823-1891) et Richard Dedekind (1831-1916) s’y sont tour à tour illustrés. Mais il restait bien des points à élucider. Hilbert fonde en un tout homogène l’ensemble des résultats acquis et formule des lois générales dont il ne peut cependant vérifier l’exactitude que sur quelques cas particuliers. C’est seulement un quart de siècle plus tard que les lois qu’il avait énoncées furent établies dans le cas le plus général. En théorie analytique des nombres, il donne en 1909 la solution générale du problème de Waring : Déterminer le nombre des représentations d’un nombre comme somme depuissances k positives. Après s’être montré grand algébriste et grand arithméticien, Hilbert s’attaque à l’analyse au début du xxe s. S’intéressant au calcul des variations, il y ouvre une voie toute nouvelle, appelée depuis méthode directe. Appliquant cette même méthode au célèbre problème de Dirichlet (trouver une fonction harmonique dans un domaine à partir de ses valeurs sur la frontière), il parvient, le premier, à rendre rigoureuse la méthode esquissée par Bernhard Riemann*. Dans ses recherches sur la théorie des équations intégrales, où il prend la suite de Vito Volterra (1860-1940), Henri Poincaré* et Ivar Fredholm (1866-1927), il introduit le premier l’espace à une infinité de dimensions appelé fort justement espace de Hilbert.

Le grand public mathématique et particulièrement les milieux enseignants connaissent surtout David Hilbert par son ouvrage sur les fondements de la géométrie, Grundlagen der Geometrie (1899). Issu de tout un courant d’axiomatisation de la géométrie qu’il résume et clarifie, il contient la première exposition, purement abstraite, totalement axiomatisée, de la vieille géométrie euclidienne. L’indépendance des divers axiomes y est solidement établie, et leur non-contradiction ramenée à celle des axiomes de l’arithmétique. Hilbert s’y révèle comme le chef de l’école axiomatique, à laquelle s’opposeront, en philosophie des mathématiques, les « intuitifs » et les « intuitionnistes ». Au congrès de Paris, en 1900, il pose ou rappelle vingt-trois problèmes fondamentaux, parmi lesquels celui de la non-contradiction des axiomes de l’arithmétique et dont presque la moitié restent encore ouverts.

Enfin, on doit le considérer comme un ferme partisan des théories cantoriennes, dont il écrit, en 1930 : « Du paradis que Cantor a créé pour nous, nul ne doit pouvoir nous chasser. »

J. I.

➙ Algèbre / Arithmétique / Axiomatique (méthode) / Géométrie / Logique.

Himālaya

La plus haute chaîne de montagnes du monde, en Asie, aux confins de l’Inde et de la Chine.
L’Himālaya (du sanskrit hima alaya, séjour des neiges) est constitué par un arc montagneux, d’une direction générale nord-ouest - sud-est, délimité par le changement d’orientation des chaînes sur la bordure du plateau iranien et en Birmanie. L’arc himalayen mesure 2 800 km de longueur. Sa largeur, variable, atteint 280 km entre la plaine gangétique et la chaîne transhimalayenne du Kailās.



Géologie et relief

L’histoire géologique de l’Himālaya est très longue. Les matériaux sédimentaires se sont accumulés dans la mer Himalayenne depuis le Précambrien jusqu’à l’Éocène sur une épaisseur évaluée à 108 km ; les matériaux précambriens et paléozoïques tiennent une place beaucoup plus importante que les matériaux récents. Mais l’orogenèse précambrienne a été effacée par l’érosion et n’est décelable que par des anomalies stratigraphiques. L’orogenèse récente, marquée dans le relief, comprend les phases suivantes.

• La phase de Thorung. Au Crétacé supérieur, une cordillère se soulève sur les confins méridionaux de la mer Tibétaine. Elle atteint peut-être l’altitude de 1 500 à 2 000 m. Elle détermine définitivement la ligne de partage des eaux entre le versant de la plaine Indo-Gangétique et celui des hautes vallées du Zangbo (Tsang-Po) et de l’Indus.

• La phase des charriages. De la mer Tibétaine, la dalle tibétaine émerge définitivement dès l’Oligocène. Puis d’énormes nappes de charriage surgissent au Miocène et se déversent vers le sud : elles forment l’Himālaya primitif (Ur-Himālaya du géologue suisse Toni Hagen), qui atteint environ 4 000 m, mais sera démantelé au Pliocène.