Amorion (dynastie d’) (suite)
Le redressement de l’Empire
Après la mort de Théophile, son épouse Théodora assume la régence au nom de leur fils Michel III (842-867). Consciente de l’essoufflement du mouvement iconoclaste, elle abandonne la politique intransigeante de son mari ; le concile de février 843 rétablit solennellement le culte des images. C’est le triomphe de l’orthodoxie. La paix intérieure restaurée, l’Empire reprend aussitôt la lutte contre les Arabes et la secte des pauliciens, qui prospérait sur les confins orientaux. En 856, Michel III secoue la tutelle de sa mère et prend le pouvoir. Il s’entoure de collaborateurs éminents : son oncle Bardas assure le gouvernement, et Photios préside aux destinées de l’Église (858). Le choix de ce dernier déclenche une nouvelle crise religieuse : à l’intérieur, sa nomination est contestée par les partisans d’Ignace, son prédécesseur déposé ; à l’extérieur, le pape Nicolas Ier refuse de reconnaître la validité de son élection. Ainsi commençait la grande lutte entre Rome et Byzance.
La guerre contre les Arabes est conduite avec énergie : Byzance perd la Sicile, mais reprend l’offensive en Asie Mineure, où des succès éclatants rehaussent son prestige. L’Église byzantine s’emploie à introduire dans sa sphère d’influence des peuples nouveaux : elle prépare la conversion des Russes, qui attaquent Constantinople en 860 ; les deux frères Cyrille et Méthode sont envoyés, vers 863, évangéliser la Moravie, et leur apostolat aura un tel retentissement qu’on les appellera les « apôtres des Slaves » ; en 864, le prince Boris reçoit son baptême de Byzance, et un clergé grec se charge de l’organisation de la jeune Église bulgare. Mais la conversion des Bulgares, qui se tournent momentanément vers Rome, aggrave le conflit entre la papauté et Byzance. Le concile de 867 excommunie le pape, qualifie le Saint-Siège d’hérétique, critique son immixtion dans les affaires intérieures de l’Église byzantine, et Photios envoie à ses collègues orientaux une encyclique où il blâme la doctrine et les usages de l’Église d’Occident. C’est la rupture. Mais le coup d’audace du patriarche connaîtra un triste lendemain : le 23 septembre 867, le Macédonien Basile assassine son protecteur Michel III et, devenu empereur, se réconcilie avec Rome. Photios est déposé à son tour. En dépit de réconciliations passagères, la rupture de 867 sera définitive : Byzance ne devait plus tolérer les prétentions universalistes de l’Église romaine, qui avait, au début du siècle, répudié l’universalisme politique de l’Empire byzantin.
P. G.
➙ Byzantin (Empire).
J. B. Bury, A History of the Eastern Roman Empire from the Fall of Irene to the Accession of Basil I (802-867) [Londres, 1912]. / A. A. Vasiliev, Byzance et les Arabes, t. Ier : La dynastie d’Amorium (820-867) [Bruxelles, 1935]. / F. Dvornik, le Schisme de Photios. Histoire et légende (Éd. du Cerf, 1950).