Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Acariens (suite)

Enfin, parmi les Thrombidions, seules les larves appelées rougets sont hématophages et infestantes. La larve de Thrombicula automnalis (usuellement l’aoûtat) se tient sur les végétaux bas, à la fin de l’été, et pique aux points de frottement des vêtements, déterminant des lésions vésiculeuses, violacées, extrêmement prurigineuses, qui rappellent celles de la gale, mais s’en distinguent par l’absence de sillons (trombidiose). D’autres larves (Thrombicula delhiensis et T. akamushi) sont susceptibles de transmettre le typhus des broussailles, ou fièvre fluviale du Japon.

Une telle pluralité d’affections, dont ils sont responsables, met en évidence le rôle joué en pathologie humaine par les Acariens. Elle justifie une prophylaxie fondée sur la destruction de ces parasites, dans le cadre général de la lutte menée contre les Arthropodes vecteurs.

M. R.


Acariens parasites d’animaux

Les Mammifères peuvent héberger des Tiques, qui se gonflent littéralement de leur sang, puis se détachent pour muer avant de se fixer sur un nouvel hôte. Les Tiques transmettent des maladies microbiennes et ne sont pas strictement inféodées à une espèce ; Ixodes ricinus se rencontre sur le chien et divers ruminants, et peut atteindre l’homme.

Beaucoup d’animaux domestiques (cheval, bovins, ovins, chat, chien) sont affectés par diverses sortes de gales dues à des Sarcoptes ou à des formes voisines (Chorioptes, Psoroptes).

Argas reflexus se fixe sur les oiseaux (pigeons, poules) pour se gorger de sang, puis se détache et peut rester à jeun très longtemps.

Les nymphes de plusieurs espèces de Gamasidés se font transporter par des insectes, comme les Staphylins ; les larves et, parfois, les adultes de certains Hydracariens se fixent sur des insectes aquatiques. Acarapis woodi se développe dans les trachées de l’abeille domestique, dont il peut causer la mort (acariose).

Classification

Connu depuis le Dévonien par une forme déjà voisine d’espèces actuelles, l’ordre des Acariens comporte 15 000 espèces recensées, réparties en 7 sous-ordres et près de 200 familles.

Les Opilioacariens, primitifs, à abdomen segmenté et à huit stigmates, ont été trouvés en Afrique du Nord, en Asie, en Amérique du Sud.

Les Holothyroïdes, des îles du Pacifique, ont quatre stigmates et sont relativement grands.

Les Gamasiformes, à deux stigmates, comprennent les Gamases, les Ixodes (ou Tiques ou Ricins), les Argas.

Les Thrombidiiformes, à deux stigmates antérieurs, sont les plus nombreux : Tétranyques, Démodex, Thrombidions, Hydracariens, Halacariens.

Les Acarides (Sarcoptes, Tyroglyphes) n’ont pas de trachées.

Les Oribates sont tous libres et phytophages.

Les minuscules Tétrapodes, parasites de végétaux (Eryophyes), n’ont que deux paires de pattes.


Acariens inféodés aux plantes

Les Tétranyques, ou « araignées rouges », vivent en grand nombre sous les feuilles de certains arbres (tilleuls, pruniers, poiriers, orangers, théiers, vigne) ; leurs piqûres altèrent les tissus végétaux et causent des dégâts importants ; parfois il tissent un réseau de soie dans lequel se déroule le développement. Sous l’effet des piqûres de Eryophyes tiliœ, les feuilles de tilleul se couvrent de galles pointues (acarocécidies), tandis que Eryophyes vitis provoque l’érinose de la vigne.


Acariens libres

Si beaucoup d’Acariens se trouvent dans les feuilles mortes ou dans les mousses, comme les Oribates, qui jouent un rôle important dans l’évolution biologique des horizons superficiels des sols de culture, d’autres s’attaquent à diverses substances organiques. Ainsi, Tyroglyphus siro (ou ciron, ou mite du fromage) peut se rencontrer sur des denrées variées.

Le Cheylète vit dans les chiffons, les vieux papiers, les fourrures.

Les Hydrachnes, au corps d’un beau rouge, de 3 à 4 mm de long, fréquentent les eaux douces calmes, tandis que Halacarus, Rhombognathus vivent dans les algues du littoral maritime.

On connaît des Acariens cavernicoles, d’autres vivant dans les eaux thermales ou dans les régions désertiques.

En somme, il n’est presque aucun biotope qui n’héberge l’un ou l’autre de ces animaux, doués d’un pouvoir d’adaptation exceptionnellement élevé.


Morphologie et anatomie des Acariens

Dans leur aspect, les Acariens sont presque aussi variés que dans leur biologie.

La taille est toujours faible, et la longueur dépasse rarement 5 mm ; cependant, les Tiques, surtout quand elles sont gorgées de sang, ont plus de 1 cm. Habituellement, le corps est à peine plus long que large, sauf chez les Eryophyes et les Démodex, où il est vermiforme. Il apparaît souvent tout d’une pièce, mais il arrive que des sillons transversaux marquent la limite entre céphalothorax (ou prosoma) et abdomen (ou opisthosoma). Par sa forme et par la spécialisation des chélicères et des pédipalpes, la région antérieure du corps montre diverses adaptations au régime alimentaire : broyage (Oribates), succion (Tétranyques), piqûre (Tiques) ; les chélicères se terminent en pinces, en stylets ou en harpons.

Il y a, en général, quatre paires de pattes, parfois deux seulement ; les pattes postérieures jouent fréquemment un rôle dans l’accouplement.

Les soies qui recouvrent le corps ont un rôle tactile ; les trichobothries sont sensibles aux vibrations. Quand ils existent, les yeux sont simples et au nombre de deux à cinq. Chez les espèces qui produisent de la soie, comme les Tétranyques, les glandes séricigènes débouchent au niveau des pédipalpes.

Chez beaucoup de formes, la respiration est trachéenne, et le nombre de stigmates varie entre une et quatre paires selon les groupes ; chez les Acariens dépourvus de trachées, les échanges se font par la peau ou, peut-être, au niveau de l’intestin.

Les ganglions nerveux sont condensés dans le céphalothorax, ce qui masque la métamérisation primitive, que seule l’étude du développement pourrait reconstituer.

Signalons enfin l’absence d’intestin postérieur et d’anus chez des hématophages comme les Ixodes et les Thrombidions.