Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Politique extérieure
C’est le temps de la rupture de la solidarité des nations, l’abandon de la sécurité collective, conséquence de la crise de 1929.
Après l’avènement de Hitler* en Allemagne, la France recherche des alliances contre une éventuelle revanche allemande. Laval signe les accords de Rome avec Mussolini (1935), mais l’affaire d’Éthiopie et le ralliement de la France aux sanctions contre l’Italie préconisées par l’Angleterre et votées par la S. D. N. font perdre à la France l’alliance de Mussolini, qui s’accorde avec Hitler.
Le traité d’assistance mutuelle signé par Laval avec les Soviétiques en mai 1935 provoque la dénonciation des accords de Locarno par Hitler, qui, en mars 1936, réoccupe militairement la Rhénanie. La France, alors sans gouvernement, ne réagit pas.
L’Anschluss est effectué en mars 1938 et, en septembre, le gouvernement Daladier accepte la cession des Sudètes à l’Allemagne (accords de Munich). En mars 1939, Hitler annexe toute la Bohême-Moravie. Il envahit la Pologne le 1er septembre. Deux jours après, le 3 septembre, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.


La Seconde Guerre* mondiale (1939-1945)

• La France ne peut soutenir efficacement la Pologne envahie par les Allemands ; elle s’installe dans la « drôle de guerre » (sept. 1939 - mai 1940) tout en organisant une campagne en Norvège.

• Mal préparée à une guerre de mouvement, l’armée française, en mai 1940 — lors de l’offensive allemande en Hollande, en Belgique, puis sur la Meuse —, est vite débordée par une armée solidement appuyée par l’aviation et les divisions blindées mobiles. Le maréchal Pétain* demande l’armistice (juin 1940), tandis qu’à Londres le général Charles de Gaulle* appelle la nation à la résistance (appel du 18 juin).

• Les Allemands reprennent l’Alsace-Lorraine, occupent militairement les deux tiers du territoire et envoient en Allemagne 2 millions de prisonniers français. Seules la flotte et les colonies restent libres.

• Les Chambres, réunies à Vichy en Assemblée nationale, confient tous les pouvoirs (10 juill.) au maréchal Pétain, qui se proclame chef de l’État le 12 juillet.

• Le régime de Vichy* s’efforce d’instaurer une politique nationaliste, maurrassienne, fondée sur les principes traditionnels (« travail », « famille », « patrie ») et le ruralisme ; sur le plan social — et compte tenu de la faiblesse économique d’un pays en partie occupé —, il cautionne un retour au corporatisme d’État. Sous la pression de Pierre Laval* et surtout des extrémistes de droite, Pétain mène une politique de collaboration avec l’Allemagne, collaboration qui s’accélère à partir de 1942.

• Cette année-là, le débarquement allié en Afrique du Nord provoque l’occupation de toute la France par les troupes allemandes (nov. 1942). De plus en plus compromis par les excès de la collaboration, le régime de Vichy voit se détacher de lui de nombreux Français, encore que la majorité d’entre eux songent d’abord à « survivre ».

• Cependant, une Résistance* efficace s’organise qui comptera de nombreux martyrs ; peu à peu, le général de Gaulle en rassemble les forces éparses, tandis que les volontaires venus de France et les troupes des colonies (d’Afrique surtout) constituent une armée (les Forces françaises libres) qui, avec Leclerc*, Juin* et de Lattre* de Tassigny, joue un rôle capital dans les batailles de la Libération.

• Reconnu par les Alliés, le gouvernement du général de Gaulle s’installe à Alger, puis dans un Paris libéré le 25 août 1944.

• Les troupes françaises participent activement à l’offensive finale contre l’Allemagne. La France (absente des conférences de Yalta et de Potsdam) est présente lors de la reddition du Reich (8 mai 1945).

• La France déplore 535 000 victimes de la guerre (205 000 soldats, 330 000 civils) ; son outillage économique est terriblement touché, ce qui aggrave son retard technologique. Un redressement net de la natalité n’influencera que peu à peu une démographie affaiblie depuis longtemps. Dans l’empire colonial, la guerre a favorisé la montée des mouvements nationalistes.


La IVe République* (1945-1958)


La reconstruction du pays (1945-1952)

Une vie politique difficile
Octobre 1945 - mai 1946 : première Assemblée constituante (21 oct.) : le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire (13 nov. 1945), démissionne dès janvier 1946, en désaccord avec la majorité. Après son départ est inauguré un premier tripartisme (communistes, socialistes, M. R. P.).
5 mai 1946 : les électeurs rejettent un premier projet de Constitution (régime d’assemblée unique).
Juin - novembre 1946 : une nouvelle Assemblée constituante est élue, qui rédige un texte transactionnel, créant une seconde assemblée à pouvoirs limités, le Conseil de la République ; cette Constitution est adoptée par le pays à faible majorité (référendum du 13 oct. 1946). Élections pour la première Assemblée nationale (10 nov. 1946) et le Conseil de la République (8 déc.). Le socialiste Vincent Auriol est président de la République (janv. 1947).
1947-1952 : double opposition, celle du parti communiste, qui refuse d’approuver les crédits militaires pour l’Indochine et est exclu du gouvernement en mai 1947 ; celle du Rassemblement du peuple français (R. P. F.), mouvement gaulliste (avr. 1947). D’où un élargissement de la majorité parlementaire sur sa droite : la « troisième force » (socialistes, M. R. P., radicaux).
Période d’instabilité ministérielle. Les socialistes entrent dans l’opposition (févr. 1950).
De grandes grèves (juin 1947 - nov. 1948) aboutissent à la rupture de l’unité syndicale (création de F.O.).

Le contexte international
Exsangue, la France, de 1945 à 1951 — grâce au plan Marshall* —, vit « aux crochets » des États-Unis (20 p. 100 de l’aide américaine à l’Europe), ce qui lui permet de financer ses importations essentielles et de renforcer son premier plan d’aménagement et de modernisation.
Cet essor est limité par les difficultés liées au processus de décolonisation, en Indochine* notamment. Ces difficultés n’empêchent d’ailleurs pas la France de collaborer efficacement à la construction de l’Europe*.