Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Les Gallo-Romains

• Organisation politique. La Gaule est divisée en quatre provinces, dirigées par un légat romain (27 av. J.-C.) : Narbonnaise, Aquitaine, Celtique ou Lyonnaise, Belgique, elles-mêmes divisées en « cités » organisées sur le modèle romain.

Création de deux provinces frontières, Germanie supérieure, Germanie inférieure, en 16 apr. J.-C.

Les statuts politiques sont fort variés : peuples « fédérés », peuples libres, peuples « stipendiaires » (soumis à l’impôt). Création de colonies romaines (Narbonne, Arles, Béziers, Orange, Fréjus) et latines (Carcassonne, Nîmes, Avignon, Toulouse, Lyon), qui deviennent des centres d’active romanisation.

• Auguste fait de Lugdunum (Lyon) la capitale des Trois Gaules (les trois provinces de la Gaule chevelue : Aquitaine, Celtique et Belgique) et y réunit en 12 apr. J.-C. un « concile des Gaules », assemblée composée des 60 peuples gaulois. Multipliant les contacts personnels, l’empereur vient quatre fois en Gaule. Il y crée de nombreux centres urbains, foyers d’un art très développé et d’une expansion économique favorisée par la mise en ordre du recensement et de la cadastration, l’aménagement du réseau routier et la mise en place d’une législation favorable aux corporations.

• Claude*, né à Lyon (10 av. J.-C.), poursuit l’œuvre d’Auguste dans trois domaines : la protection des frontières, l’économie, le statut des habitants. À la romanisation des Gaules par les villes, les routes et l’armée, Claude ajoute la romanisation des esprits.

• Vespasien* et Domitien* mettent la Gaule pour deux siècles à l’abri des invasions par la création du puissant limes germano-rhétique.

• Dès lors, la résistance à Rome n’est plus qu’épisodique, et, sous les Antonins, la Gaule romaine connaît son apogée.

• Le christianisme, apparu en Narbonnaise et à Lyon au iie s., se répand lentement dans les villes ; les campagnes ne sont entamées que tardivement. C’est au ive s. (saint Hilaire, évêque de Poitiers, saint Martin*, évêque de Tours) que le christianisme fait des progrès décisifs : l’Église gallo-romaine compte alors 17 métropolitains coiffant 120 évêques (un par cité). Fondation des premiers monastères (Marmoutier [près de Tours], Saint-Honorat, Saint-Victor de Marseille, etc.).

• Au iiie s., la Gaule romaine subit les contrecoups de la crise de l’Empire et des premières invasions (Alamans, Francs).

• Par réaction d’autodéfense se constitue de 258 à 273 l’Empire gaulois de M. Cassianus Latinius Postumus, M. Piavonius Victorinus, M. Aurelius Marius et C. Pius Esuvius Tetricus. Le pays, ravagé, continue à s’affaiblir. Aurélien reconquiert la Gaule (273).

• La fin du iiie s. est marquée par de nouvelles invasions.

• Le relèvement s’opère au ive s. grâce à Dioclétien, qui, pour mieux assurer la défense de la Gaule, trace une nouvelle carte administrative. Le pays est divisé en deux diocèses : le diocèse des Gaules (au nord de la Loire) avec huit provinces ; le diocèse de Viennoise avec cinq provinces. Après Dioclétien, quatre autres provinces sont créées.

• L’insécurité amène les villes à se fortifier et, dans les campagnes, favorise l’extension de la grande propriété terrienne centrée sur une villa vivant en autarcie.


La pénétration germanique. Les francs*

• Au début du ve s., les Barbares pénètrent en force dans l’Empire romain. En 406, Vandales, Suèves, Alains traversent la Gaule pour aboutir en Espagne ; à leur suite, Francs et Burgondes passent le Rhin. En 411, les Wisigoths s’installent en Aquitaine, tandis que les Bretons de Grande-Bretagne (chassés par l’arrivée des Saxons) se réfugient dans l’ouest de la Gaule (440). En 451, un raid des Huns d’Attila* est arrêté par Aetius.

• 476 : fin de l’Empire romain d’Occident. En Gaule, le territoire où l’autorité de Rome subsiste en fait se réduit à peu près à l’Auvergne et à ses annexes et à la Provence.

• Roi d’un peuple dont le centre de gravité se situe entre Tournai et Cologne, Clovis* n’a probablement pas projeté de reconstituer au profit de son peuple l’unité de la Gaule. Il y est poussé peu à peu, et sa victoire sur les Wisigoths à Vouillé (507) fait de lui le maître des pays entre Loire et Pyrénées, sauf la côte méditerranéenne.

• Le baptême de Clovis (en 496 ?), et son ralliement au catholicisme, est un événement décisif : il évite à la Gaule la longue période de ségrégation religieuse et nationale que connaîtront les pays ariens (Italie, Espagne, Afrique du Nord). La Gaule, sans heurt, devient progressivement la France où domineront les éléments romans et où l’Église jouera un rôle majeur. En choisissant Paris pour sa principale résidence et sa sépulture (511), Clovis manifeste que sa dynastie se détache de son territoire d’origine.

• Si la Gaule a été arrachée à l’Empire méditerranéen de Rome pour tomber au pouvoir de tribus germaniques pour lesquelles elle représentait surtout une terre à exploiter, l’empreinte de Rome reste profonde. La France jouera ainsi un rôle médiateur entre l’héritage antique et le monde germanique.


Les Mérovingiens*


Fin du ve siècle - milieu du viie siècle. Période d’expansion

• Unification des tribus franques par Clovis, roi des Francs Saliens (481-511). Il conquiert la Gaule jusqu’aux Pyrénées.

• À sa mort, formation de trois royaumes qui se combattent : l’Austrasie, la Neustrie et la Bourgogne, et qui ne retrouvent un semblant d’unité que sous Clotaire Ier de 558 à 561, Clotaire II de 613 à 629 et Dagobert Ier de 629 à 639.


Milieu du viie siècle - milieu du viiie siècle. Décadence avec les « rois fainéants »

• Perte de l’Aquitaine et de l’Armorique. L’aristocratie (notamment les maires du palais) s’affermit aux dépens du pouvoir royal.

• 687 : Pépin de Herstal devient le chef réel des trois royaumes.

• 715-741 : son fils Charles Martel est maire du palais des trois royaumes ; il écrase les Sarrasins à Poitiers (732). Il est assez fort pour ne pas donner de successeur au roi Thierri IV († 737). Pépin le Bref se débarrassera en 751 du dernier Mérovingien, Childeric III.