Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

À l’ouest d’une ligne tirée de Sedan à Orléans et à La Rochelle, les densités moyennes régionales sont de 75 à 100 habitants au kilomètre carré et elles dépassent 300 dans le Nord, approchant 800 dans la Région parisienne. Exceptions faites des confins de l’Île-de-France et de la Picardie d’une part, du sud de la Normandie, du Maine et de l’Anjou d’autre part, les densités rurales sont supérieures à 60 (voire à 80 dans le Nord). Fortement ruraux, les pays de l’Ouest armoricain (régions de programme des Pays de la Loire, de Bretagne et de Basse-Normandie) comptent plus de 6 millions d’habitants. L’existence de nombreuses villes, de tailles fort diverses, au milieu de campagnes peu peuplées font que la Haute-Normandie et la Picardie rassemblent plus de 3 millions d’habitants ; on en compte 3,8 millions dans la Région du Nord, fortement urbanisée et aux campagnes encore très peuplées, et 9,25 millions dans la Région parisienne, essentiellement urbaine. Au total environ 22,5 millions de personnes (soit 45 p. 100 de la population) vivent sur 133 000 km2, à peine le quart du territoire national.

L’Est français, de la Lorraine à la Méditerranée, montre trois foyers de peuplement dense séparés par les régions peu peuplées de la Bourgogne et de la Franche-Comté d’une part, des Alpes du Sud d’autre part. Les densités régionales y sont partout supérieures à 100 habitants au kilomètre carré. Près de 3,7 millions de personnes résident dans le Nord-Est, en Lorraine, où les ruraux sont peu nombreux, et en Alsace, où, au contraire, la population rurale reste très forte. Sur les 4,4 millions d’habitants de la Région Rhône-Alpes, un quart se concentre dans l’agglomération de Lyon, mais le peuplement est aussi fort diffus dans l’est du Massif central, dans les vallées de la Saône, du Rhône et de l’Isère inférieure, ainsi que dans les grandes vallées et cluses des Alpes du Nord : aussi les densités rurales sont-elles de 40 à 50 dans ces régions. Plus de 5 millions de personnes sont recensées dans la France méditerranéenne. Dans les régions viticoles et maraîchères, les ruraux sont nombreux ; en Provence, le peuplement est essentiellement urbain et littoral ; on a recensé 270 000 habitants (chiffre d’ailleurs exagéré) seulement en Corse. Il y a, au total, plus de 13 millions de personnes dans cet ensemble, soit un peu plus du quart de la population totale sur une superficie proportionnellement à peu près équivalente du territoire.

Au total, 30 p. 100 des Français vivent dans des communes rurales (c’est-à-dire où il y a moins de 2 000 habitants groupés), et 70 p. 100 sont des citadins. Plus de 10 p. 100 résident dans des cités de moins de 10 000 habitants, et plus de 12 p. 100 dans des villes de 10 000 à 50 000 âmes. Les grandes villes sont peu nombreuses, et souvent de taille relativement modeste : les agglomérations de 100 000 à 200 000 habitants rassemblent un peu plus de 8 p. 100 de la population nationale, et les plus grandes (Paris excepté) 16,7 p. 100. Mais, au total, la vingtaine d’agglomérations de plus de 200 000 habitants n’est guère plus peuplée que la seule agglomération parisienne, qui rassemble le sixième des Français. L’influence de Paris n’est pas suffisamment contrebalancée par celle des villes de province. Aussi les responsables de la politique d’aménagement du territoire prônent-ils le développement de huit métropoles d’équilibre d’au moins un million d’habitants chacune : Lille, Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes.


Une population rajeunie

Il y a en moyenne un peu plus de 105 femmes pour 100 hommes, soit un excédent global de l’ordre de 1 300 000 en 1968. Parmi les personnes nées après 1923 (moins de 45 ans en 1968), les hommes sont plus nombreux que les femmes. C’est l’inverse pour les gens plus âgés. La durée de vie est en moyenne sensiblement plus faible pour les hommes (68 ans) que pour les femmes (75 ans), et les générations masculines les plus âgées (nées entre 1880 et 1900) ont été décimées par la Première Guerre mondiale : cela se traduit par une dissymétrie très nette sur la pyramide des âges.

En 1970, un tiers des Français ont moins de vingt ans (donc nés après la Seconde Guerre mondiale) ; près de 13 p. 100 ont 65 ans et plus, et environ 54 p. 100 sont des adultes de 20 à 64 ans. Parmi ceux-ci sont particulièrement peu nombreux ceux qui sont nés entre 1914 et 1918 et entre 1935 et 1945 ; ce sont les « classes creuses », dont l’existence se marque, sur la pyramide des âges, par des rentrants marqués. Pays à fort pourcentage de personnes âgées, la France a aussi une population sensiblement rajeunie, ce qui pose de délicats problèmes d’aide aux personnes âgées et de formation scolaire et universitaire, à une époque où est relativement faible le nombre de gens en âge de travailler, donc de produire la richesse nationale (parmi lesquels se situe la majeure partie des travailleurs étrangers, qui rapatrient une part importante de leurs gains).

Les régions du Sud et du Centre (y compris le sud-est du Bassin parisien et le Morvan, mais en excluant la région lyonnaise) comportent les plus forts pourcentages de personnes âgées. Les jeunes sont au contraire plus nombreux dans l’Ouest (Bretagne et Normandie), dans le Nord et les Ardennes, en Alsace et en Lorraine, ainsi que dans les Alpes du Nord. Les Charentes, les pays de la Loire moyenne, les régions du centre du pays, l’est du bassin de Paris et la Bourgogne ont des effectifs élevés de jeunes et de vieux.


Une forte minorité étrangère

Plus de 2 600 000 étrangers ont été recensés en France en 1968, soit un peu plus de 5 p. 100 de la population totale. Plus de deux millions d’entre eux sont originaires de la péninsule Ibérique et des pays riverains de la Méditerranée occidentale : on comptait, en effet, à cette date, plus de 700 000 Espagnols, plus de 570 000 Italiens et près de 300 000 Portugais. Sur les 580 000 immigrants originaires du Maghreb, près de 475 000 venaient d’Algérie, 65 000 du Maroc et 40 000 de Tunisie. Sur 2 600 000 étrangers, on recensait 1 600 000 hommes et 1 000 000 de femmes. Le sex ratio est cependant différent selon les nationalités. Il y a légèrement plus de Polonais que de Polonaises. Dans les colonies espagnoles et italiennes, les hommes sont légèrement plus nombreux que les femmes. Malgré la venue de nombreux couples et de jeunes filles, l’immigration portugaise est essentiellement masculine (pour les deux tiers). D’Afrique du Nord et de Yougoslavie viennent aussi une très large majorité de travailleurs.