Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

figuration (nouvelle) (suite)

Aucune classification ne rend compte, évidemment, de la richesse des potentialités de l’art, et des personnalités aussi diverses que celles de Gilles Aillaud (né en 1928), de Leonardo Cremonini (né en 1925), de Dado (Miograd Djuric [né en 1933]), de Pierre Bettencourt (né en 1917) n’entrent pas aisément dans des catégories somme toute artificielles. Il est cependant intéressant d’observer que le phénomène de la nouvelle figuration se développa, malgré les tendances unificatrices des courants internationaux, avec de fortes inflexions locales. Les réactions furent très caractéristiques du génie des différents pays européens concernés : les Allemands, avec Winfred Gaul, un moment, et surtout avec Gerno Bubenik et Konrad Klapheck, donnèrent un arrière-fond fantastique au réalisme de l’objet urbain ; les Italiens exécutèrent des exercices de style d’une grande virtuosité en utilisant des images d’une certaine préciosité (Emilio Tadini, Silvio Pazzotti, Schifano), le décor architectonique (Gianfranco Pardi), une iconographie spécifique (Giuseppe Guerreschi, Gianfranco Ferroni, Sergio Vacchi). Deux des réussites les plus éblouissantes furent celle de Valerio Adami (né en 1935), peintre au style acéré, et celle de Lucio Del Pezzo (né en 1933), qui constitue l’une des transcriptions les plus intéressantes d’une tendance internationale dans un état d’esprit national. On retrouve en effet chez Del Pezzo cette atmosphère « métaphysique », illustrée par De Chirico, mais transposée dans le domaine de l’objet et dans le relief. L’italianisme est ici si évident qu’il est impossible d’imaginer une œuvre semblable sortant de l’esprit et des mains d’un Anglais ou d’un Français. Ces derniers ont eu tendance, pour leur part, à rationaliser en donnant une analyse sèche de l’image (Rancillac. Gérard Titus-Carmel, Roland Michenet, Poli, etc.), en établissant des rapports explicites entre les séquences, même lorsque le climat restait onirique (Jacques Monory, Joël Kermarec, Cheval-Bertrand), mais il est facile de noter les influences du tempérament local chez l’Islandais Erró (Gudmundsson Ferró), le Suisse Samuel Buri, les Allemands Peter Klasen et Jan Voss, les Portugais Lourdes Castro et René Bertholo, l’Italien Gianni Bertini, tous considérés comme des peintres de Paris, mais profondément rattachés à leur pays d’origine.

Et pour appliquer cette grille nationale aux exemples de peinture politique vers quoi ont évolué, nous l’avons vu, certains courants de la nouvelle figuration — et qui presque tous ont pratiqué la figuration narrative, c’est-à-dire la réintroduction du temps dans limage —, nous citerons, par exemple, les angoissants mouvements de foules de l’Espagnol Juan Genovés (né en 1930), peintre hanté par la mort collective et par l’oppression, les trames déchirées des Italiens Spadari et De Filippi, qui donnent un accent épique au geste. L’autre courant, qui a évolué vers l’analyse froide des structures, a rejoint, au contraire, une sorte d’abstraction formelle : Peter Brüning, Gaul, Nicolas Krushenick en Allemagne, Pardi en Italie, Raysse en France vers 1970.

Ainsi, que l’on aborde la nouvelle figuration sous les catégories stylistiques ou qu’on la décrypte en fonction des courants qui ont traversé l’Europe et des attachements à certains réflexes nationaux (en raison, notamment, des thèmes iconographiques), on retrouve à la fois la relation avec un passé pictural récent et une volonté de le dépasser et de réagir contre le puissant impact du pop’art. Qu’elle soit structurelle ou temporelle, limitée à l’étude de la nature de l’image ou ouverte sur le monde et propice à l’intervention socio-politique du peintre, la nouvelle figuration ne se définit pas par des contours nets ni par un contenu précis, mais par une série d’oppositions, de comparaisons et de limitations. Elle englobe non seulement ce qu’un critique avait plus justement nommé la nouvelle imagerie, mais également le pop’art lui-même ainsi que ce mode de lecture et d’approche des œuvres qui placent le sujet dans le temps, la figuration narrative, dont l’évolution logique a été la peinture politique. On ne réintroduit pas en effet impunément le temps et l’histoire dans l’art, sans provoquer un phénomène critique et contestataire.

G. G.-T.

➙ Réalisme.

 Bande dessinée et figuration narrative (Weber, 1967). / Art et contestation (la Connaissance, Bruxelles, 1968). / Depuis 1945. L’art de notre temps (la Connaissance, Bruxelles, 1969-70 ; 2 vol. parus). / J.-L. Chalumeau, Introduction à l’art d’aujourd’hui (Nathan, 1971). / Figurations, 1960-1973 (U. G. E., 1973).
On consultera en outre les catalogues des expositions citées, et notamment celui de la Figuration narrative dans l’art contemporain, galerie Creuze, 1965, texte de G. Gassiot-Talabot, repris de la revue Quadrum (Bruxelles).

fil

Assemblage de grande longueur de filaments (fil continu) ou de fibres (filés) quelle qu’en soit la structure, simple ou complexe, et directement utilisable dans l’industrie textile.


Le fil est le matériau essentiel de nombreux produits d’habillement ou d’ameublement et aussi l’une des bases de nombreux matériaux composites à usage industriel. Cette extrême diversité d’utilisation du fil entraîne celle de ses composants et de ses structures. Le fil peut être composé de fibres, c’est-à-dire d’éléments unitaires de courte longueur ou d’un ou de plusieurs filaments de très grande longueur. Les fibres peuvent être d’origine naturelle, végétale comme le coton, animale comme la laine, minérale comme l’amiante, ou bien créées par l’homme. À part quelques exceptions, comme la soie, les filaments sont produits industriellement. On trouve de plus en plus de fils mélanges comportant plusieurs sortes de fibres naturelles et chimiques. Le fil peut être monofilament ou multifilament. Une nouvelle sorte de filés produits par les techniques dites à fibres libérées est apparue récemment. Il s’agit de produits spécifiques à structure particulière.