Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fécondation (suite)

➙ Accouplement / Cellule / Chromosome / Conjugaison des Ciliés / Cycle de reproduction / Gamète / Génétique / Génital / Jumeaux / Mitose et méiose / Parthénogenèse / Sexe.

 L. Gallien, la Sexualité (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1941 ; 13e éd., 1972). / J. Carles, la Fécondation (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 6e éd., 1973). / P.-P. Grassé et coll., Précis de biologie générale (Masson, 1966). / F. Jacob, la Logique du vivant. Une histoire de l’hérédité (Gallimard, 1970).

Fedine (Konstantine Aleksandrovitch)

Romancier soviétique (Saratov 1892).


Konstantine Aleksandrovitch Fedine a souffert dans son enfance de l’atmosphère austère et confinée du milieu de petite bourgeoisie provinciale auquel appartenaient son père, un fils de serf devenu papetier, et sa mère, elle-même petite-fille d’un prêtre de village.

En 1911, il entre à l’École supérieure de commerce de Moscou et commence à écrire : ses premières œuvres — vers et courts récits — paraissent en 1913-14 dans la revue satirique Novy Satirikon (le Nouveau Satiricon). Surpris par la Première Guerre mondiale pendant un séjour de fin d’études en Allemagne, il y est interné jusqu’en 1918.

De retour en Russie, il travaille d’abord comme journaliste et rédacteur de revue à Syzran, sur la Volga ; en 1919, à Petrograd, il est mobilisé pour défendre la ville assiégée par les Blancs.

En 1920, Gorki, dont il soulignera plus tard le rôle dans la renaissance de la littérature russe et son ralliement à la révolution (Gorki sredi nas [Gorki parmi nous], 1941-1944), le met en contact avec les « frères Sérapion », jeunes prosateurs affichant l’apolitisme et le culte du métier littéraire, et soulignant l’importance du sujet comme facteur de construction romanesque.

Le premier livre important de Fedine, le recueil de nouvelles Poustyr (le Terrain vague, 1923), n’obéit à aucun souci d’actualité, sinon dans le style et la construction narrative, qui révèlent un talent un peu éclectique, fortement influencé par les tendances modernes de la prose ornementale ou expressive. L’influence d’Ievgueni Ivanovitch Zamiatine (1884-1937) est particulièrement sensible dans la plus significative de ces nouvelles, Anna Timofeievna, où la morne et pesante atmosphère d’une vie provinciale sans horizons, grossie par le réalisme expressionniste du style, suggère une vision du monde foncièrement pessimiste.

Dans Narovtchatskaïa Khronika (la Chronique de Narovtchat, 1926), l’utilisation du skaz, récit stylisé attribué à un narrateur naïf, permet cependant à Konstantine Fedine de prendre ses distances à l’égard de cet univers provincial, qu’il montre condamné par l’irruption de la révolution.

La recherche de nouvelles formes narratives se fait également sentir dans ses deux premiers romans, Goroda i gody (les Cités et les années, 1924) et Bratia (les Frères, 1928), dont la composition bouleverse l’ordre chronologique des événements. Mais, ici, les sujets sont pris dans l’actualité : la révolution, vue de Russie et d’Allemagne, constitue non seulement le fond historique du récit, mais aussi son thème principal, exprimé par le conflit qui oppose l’intellectuel non violent Andreï Startsov (les Cités et les années) ou le compositeur non engagé Nikita Karev (les Frères) au communiste fanatique Kurt Wahn ou au rude dirigeant révolutionnaire Tchobotov.

Entre ces deux attitudes, Fedine laisse le débat ouvert, de même que, dans le récit Transvaal (1926), inspiré par un long séjour à la campagne, il évite de condamner explicitement le « koulak » Svaaker, champion de l’esprit d’entreprise individualiste à l’occidentale. L’ambiguïté de ces positions fait de Fedine, aux yeux de la critique « prolétarienne », un « compagnon de route » suspect.

De longs séjours en Europe occidentale entre 1928 et 1934 lui imposent le thème des relations entre l’Europe capitaliste et la Russie socialiste. La confrontation économique de l’empire industriel des Van Rossum avec l’U. R. S. S. se double, dans Pokhichtchenïie Evropy (l’Enlèvement d’Europe, 1933-1935), d’une rivalité sentimentale et d’une confrontation morale entre le journaliste soviétique Andreï Rogov et les membres de la dynastie bourgeoise hollandaise des Van Rossum. Le thème est repris dans Sanatori Arktour (le Sanatorium Arcturus, 1940), roman inspiré par le séjour de Fedine à Davos, où il a été soigné de la tuberculose.

Le retour aux traditions du roman réaliste, déjà sensible dans ces œuvres, s’accentue au lendemain de la guerre, qui lui a inspiré le drame Ispytanïie tchouvstv (la Mise à l’épreuve des sentiments, 1942) : Fedine entreprend alors une vaste trilogie rétrospective, dont les étapes sont les années 1910 (Pervyïe radosti [Premières Joies], 1945), 1919 (Neobyknovennoïe leto [Un été extraordinaire], 1948) et 1941 (Koster [le Bûcher], 1961-1967). Le rythme de plus en plus lent de la narration, la place de plus en plus réduite de l’intrigue, l’expansion « en largeur » d’un récit qui fait intervenir de très nombreux personnages et offre ainsi un large panorama de la société russe dénotent l’influence du modèle tolstoïen. L’opposition de l’artiste et du révolutionnaire change de sens : incarné par Kirill Izvekov, homme de cœur et de réflexion, celui-ci devient un « héros positif », tandis que l’artiste « arrivé » Pastoukhov, malgré son talent et sa lucidité ironique, ne parvient pas à atténuer l’antipathie qu’inspirent son train de vie de grand seigneur et son égoïsme foncier.

Cette évolution des formes et des personnages rapproche l’œuvre de Fedine des canons du réalisme socialiste et assure à l’écrivain une consécration officielle, marquée en 1949 par l’attribution du prix Staline et en 1959 par son élection au poste de premier secrétaire de l’Union des écrivains, où il joue un rôle vivement critiqué dans l’exclusion de Soljenitsyne (1969).

M. A.

 B. Braïnina, Konstantine Fedine (en russe, Moscou, 1951). / L’Œuvre de Konstantine Fedine (en russe, Moscou, 1966). / J. M. Blum, Konstantin Fedin. A Descriptive and Analytic Study (La Haye, 1967).