Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

évêque (suite)

Celle-ci fut confiée désormais aux chapitres. Mais le Saint-Siège intervint de plus en plus fréquemment dans les nominations, soit pour défendre le droit, soit pour trancher une élection contestée. Il en résulta de fait une centralisation ecclésiastique qui aboutit peu à peu à fixer la règle de la confirmation des nominations par le pape, et enfin à la nomination directe. En France, Charles VII tenta bien, par la « pragmatique sanction » (1438), de rétablir les élections épiscopales, réclamées déjà par le concile de Bâle (1431-1449) ; l’application n’en fut jamais admise par le Saint-Siège, qui finit seulement par consentir à régler les contentieux locaux par la voie des concordats (concordat de François Ier, 1516).

La séparation de l’Église et de l’État, là où elle est intervenue sur le modèle français, a créé des situations nouvelles. Elle laisse les nominations épiscopales au Saint-Siège, tout en stipulant la consultation préalable des gouvernements. L’élection par le chapitre cathédral subsiste néanmoins en certains lieux (Autriche, Bavière). Il est possible que de nouvelles procédures d’élection soient mises en place à la suite du concile Vatican II par le biais d’organismes nouveaux de consultation (conseils presbytéraux, conseils pastoraux).


Organisation géographique

La communauté locale dont l’évêque a reçu la charge est normalement déterminée par un territoire. Il y eut cependant des évêques missionnaires itinérants en Irlande du vie au xiie s. Il y a aussi de nos jours des évêques détachés pour une catégorie particulière de fidèles (évêque des étrangers ; évêque aux armées ; évêques des Ukrainiens en territoire latin...). Il semble, en effet, que l’évêque soit l’évêque d’un « peuple » plutôt que d’un lieu.

C’est cependant sur la base territoriale que s’est fixée l’organisation de l’épiscopat en unités plus larges : province, région, patriarcat. La législation impériale, sanctionnant les décisions des conciles de Constantinople (381) et Chalcédoine (451), a reconnu l’existence dans l’Église des cinq patriarcats autonomes, tout en respectant la primauté de l’évêque de Rome. Aux trois sièges apostoliques primitifs : Rome, Alexandrie, Antioche, se sont ajoutés Constantinople (381) et Jérusalem (451).

On peut aussi considérer comme jouissant de l’autonomie des Églises qui se trouvaient alors en dehors de l’Empire romain et qui sont gouvernées par un « catholicos » : Éthiopie, Perse (appelée ensuite Église nestorienne), Arménie, Géorgie ainsi que d’autres patriarcats qui naquirent par la suite en Orient en relation avec Byzance : Bulgarie (927), Serbie (1346), Moscou (1589) ; des « autocéphalies » orthodoxes ont enfin été reconnues à l’époque moderne.

Dans l’Église catholique, les conférences épiscopales nationales ou régionales, relayant les anciennes provinces ecclésiastiques groupées autour d’un archevêque, ont vu le jour au cours du xixe s. ; elles tendent à se développer de nos jours, et elles ont un statut propre reconnu depuis le concile de Vatican II.

B.-D. D.

 G. Dix, The Ministry in the Early Church (Londres, 1946 ; trad. fr. le Ministère dans l’Église ancienne, Delachaux et Niestlé, 1955). / J. Colson, les Fonctions ecclésiales aux deux premiers siècles (Desclée De Brouwer, 1956). / Y. Congar et B.-D. Dupuy (sous la dir. de), l’Épiscopat et l’Église universelle (Éd. du Cerf, 1962). / Y. Congar, la Collégialité épiscopale, histoire et théologie (Éd. du Cerf, 1965). / La Charge pastorale des évêques (Éd. du Cerf, 1969). / J. L. Harouel, les Désignations épiscopales dans le droit contemporain (P. U. F., 1977).

évolution biologique

Histoire des changements qui ont affecté la matière vivante depuis son apparition sur la Terre, il y a un à deux milliards d’années.


Deux grandes théories ont tenté d’expliquer le monde vivant, le fixisme et l’évolutionnisme. Alors que le fixisme admet que les êtres vivants ont été créés séparément « chacun selon son espèce », la conception évolutionniste est totalement différente : les êtres vivants résulteraient d’une série de modifications progressives à partir d’éléments aussi simples que possible. Ce passage des êtres les plus rudimentaires aux êtres les plus complexes implique le changement, mais aussi la continuité du monde vivant et la dérivation des formes animales et végétales les unes des autres par filiation. Sous le nom de transformisme ou d’évolutionnisme, cette hypothèse est acceptée par la quasi-totalité des biologistes actuels.


Historique

L’idée d’évolution est fort ancienne ; elle date de l’Antiquité grecque, mais revêt alors une forme spéculative en raison de la carence des documents.

Parmi les précurseurs, Anaximandre de Milet (v. 610 av. J.-C. - v. 547) et Empédocle d’Agrigente (ve s. av. J.-C.) proposent des interprétations évolutionnistes du monde en mentionnant les adaptations aux conditions du milieu. Théophraste d’Eresos (v. 372 av. J.-C. - 287) note l’existence d’organes inutiles (mamelles des mâles) ou dangereux (ramures hypertéliques des Cerfs). Lucrèce* (v. 98 av. J.-C. - 55) remarque la lutte pour la vie. Les Pères de l’Église (saint Grégoire de Nysse, saint Augustin), jusqu’au viiie s., reconnaissent l’évolutionnisme ; le monde évolue selon les potentialités que Dieu lui a attribuées lors de sa création : dès cette dernière, tout a été créé en puissance. Pendant la Renaissance, l’un des adeptes les plus notables de l’évolutionnisme est G. C. Vanini*. Les modifications développées chez les plantes par la culture lui suggèrent le passage d’une espèce à une autre ; les diverses affinités entre l’Homme et le Singe lui semblent compatibles avec une dérivation directe ; il admet que l’Univers résulte d’une combinaison d’atomes et qu’il n’est pas produit par un esprit. Accusé d’athéisme par l’Inquisition, il fut brûlé vif à Toulouse.

Au xviie s., Jan Swammerdam (1672), en présence des ressemblances entre des animaux, pense que l’on pourrait « dans une certaine mesure affirmer que Dieu n’a créé qu’un seul animal, diversifié en un nombre infini de sortes ou d’espèces ».